Indus Indus > Merzbow

Biographie > The experimental man

Merzbow Masami Akita aka Merzbow est un être à part. Non pas parce qu'il est végétalien, ardent défenseur de la cause animale mais parce qu'il redéfinit comme personne l'adjectif prolifique. On parle fréquemment (dans ces pages notamment) de personnages comme Mike Patton, Justin K.Broadrick ou John Zorn, mais Merzbow est à part. Définitivement. Il suffit de prendre les discographies respectives de ses trois musiciens, de les additionner, de les multiplier par 2 et là seulement, on aura une vague (très vague) idée de l'étendue de la production du japonais.
Depuis 1979, Akita aurait ainsi produit et compilés pas loin de 400 enregistrements sonores éparpillés un peu partout (dont on peu trouver une liste déjà bien complète en source de cette bio) et collaboré avec une liste invraisemblable de musiciens et groupes reconnus parmi lesquels on retrouve Mike Patton, Alec Empire, Boris, Yoshihide Ōtomo, Sunn O))), Shora, Pan Sonic ou the men of Porn. Electro, indus, harsh-noise, musique expérimental, prog, noise-rock, Merzbow est un touche à tout, capable aussi bien d'enregistrer des choses par dizaines que d'écrire des bouquins ou de réaliser des films bien barrés. [  [jm] Discographie non-exhaustive (308 hits)  External  ]

Merzbow / Chronique LP > ... And the devil makes three

Merzbow | the men of Porn Merzbow vs Porn, pas le groupe d'electro-indus-rock français mais les ex-the men of Porn renommés Porn. Un casting réunissant donc rien moins que Billy Anderson (Mr Bungle, Fantômas, EyeHateGod, Sleep et quelques autres...), Dale Crover (Melvins, Shrinebuilder) et Tim Moss aka Old man Moss (ouais quand même...), du moins sur cette collaboration [+] le japonais fou Masami Akita aka Merzbow donc et ses pas loin de 400 enregistrements au compteur en quelques deux décennies et demi de carrière. Forcément, l'affiche fait "peur". En tous cas sur le papier...

Parce que dans les faits, cette association expérimentale ô combien prestigieuse, fait du bruit (forcément) mais ne fait pour ainsi dire que cela. Un mélange de drone/noise/industriel vaguement posé sur des arrangements en formes de simples jams à orientation rock, le résultant aurait pu être foudroyant. Pas là. Les morceaux n'ont pas de titre (pas besoin...), en fait, ce ne sont que des vagues pistes bruitistes qui s'amoncèlent vulgairement pour former un tout prétentieusement vendu comme une création artistique. Problème, même avec toute la bonne volonté du monde, ce "truc" ne sera jamais mieux qu'un vague objet "musical" non identifiable. Une tentative complètement ratée d'aboutir à quelque chose qui sorte résolument de la norme.

Toute la problématique résidant dans le "pourquoi ?" de cette chose. Et se demander comment d'aussi éminents musiciens, aux backgrounds tout de même plus qu'imposant ont pu livrer quelque chose d'aussi atroce/stérile/vide de toute substance (ne pas rayer de mentions, elles sont toutes utiles). Pour la réponse, faudra directement demander aux personnes concernées, là dans le doute => poubelle.

Merzbow / Chronique LP > Merzbear

Merzbow - Merzbear OK Merzbow est un génie, autour duquel est né au fil des années un véritable culte de l'underground. Produire à la pelle autant de disques, ça relève d'une pathologie limite autistique ou d'un régime de forçat habitué des geôles sibériennes d'ex-URSS. Mais pas lui. OK Merzbow est un génie donc... sauf que sortir autant de trucs, enregistrer/composer/assembler/déconstruire autant que lui, si c'est pour donner naissance à Merzbear, désolé, mais moi aussi je peux le faire. Pousser le volume de mon magnétophone et capturer tout ce qu'il se passe dans une usine de découpage/assemblage de pièces métallique, c'est dans mes cordes. Le résultat, sorti chez le pourtant quasi irréprochable Important Records (Acid Mothers Temple, Aun, Master Musicians of Bukkake, Nadja), est hyper-saturé mais là pour l'instant, c'est un moindre mal. Une agression industrialo-dronisante absconse qui nous sert toutefois à vérifier que les rotatives de ladite usine fonctionnent à pleins tubes. Et ça c'est seulement la "Part 1" (le disque en compte quatre).
Huit minutes et des poussières de démembrement auditif plus tard, Merzbow joue avec une scie circulaire et la fait épouser un mur en béton armé histoire de faire des étincelles et de vriller les tympans de l'auditeur. Tout ça pour ? Peut-être enfoncer un peu plus les clous et le foret dans la matière cérébrale avec la diabolique "Part 3". Salement violente, toujours aussi déviante, outrageusement bruitiste mais vide de sens. Masami Akita semble en train de se perdre dans ses circonvolutions grinçantes et ce n'est certainement pas le quatrième et dernier chapitre de ce Merzbear, ouvragé sans se soucier du résultat, que le japonais nous nous faire mentir. Encore une fois, ce n'est plus que du bruit, strident, oppressif et dérangeant. Et si ce n'était là que l'unique démarche de cet artiste/musicien définitivement pas comme les autres, faudra aussi lui dire que même les génies peuvent se planter dans les grandes largeurs... Et sacraliser le processus de création et d'expérimentation ne veut pas dire laisser passer tout et n'importe quoi sous couvert de faire de l'Art, à bon entendeur.

Merzbow / Chronique LP > Animal magnetism

Merzbow - Animal magnetism Le problème avec ce genre de groupe et/ou artistes qui sortent quatre ou cinq disques par an, c'est que dans le flot de trucs qu'ils composent, il y en a forcément souvent à jeter et/ou qui ne devraient certainement pas voir le jour. Par voie de conséquence, lorsque l'on pique au hasard un chapitre de la discographie productiviste de Masami Akita aka Merzbow, on peut de temps en temps se payer quelques ratés. "Animal magnetism", piste inaugurale de l'album du même nom sorti en 2003 chez l'excellent Alien8 Recordings (Duchess Says, Aun, Nadja...) en est un. Et un bien beau. Ok pour l'expérimentation outrancière, l'avant-gardisme harsh noise industrielle et le jusque-boutisme sans-frontière, mais il y a des limites que le japonais fou franchit ici. Verdict ? C'est du bruit et rien d'autre. Le genre d'OVNI complètement abscons que l'on n'écoute que pour exacerber ses plaisirs masochistes ou faire parler un prisonnier incarcéré dans le sympathique hôtel 5 étoiles américano-irakien d'Abou Ghraib. Violent, stérile et difficilement supportable.
Parce qu'en plus, ça va durer (cinq plages pour quelques 75 minutes, c'est... très long), mais que ça va se reproduire. "Quiet men" porte bien mal son titre et si le début laisse entrevoir quelque chose d'à la fois intéressant et intriguant, le développement électro-bruitiste sur-saturé permanent va en laisser plus d'un sur le bord de la route. A se demander ce qu'il prend au petit dej' le garçon, parce que même sur "Super sheep", ça ré-sonne particulièrement underground, distordu et extrême. Mais ça là, passe encore (mollo sur la répétitivité aliénante quand même Masami stp...). En se mouvant au milieu des très basses fréquences, Merzbow fait imploser les enceintes et les neurones avec un "A ptarmigan" qui se densifie en même temps que ses boucles infernales n'en finissent plus de déchirer les membranes auditives. Finalement, c'était bucolique les séances d'interrogatoire à Guantanamo en comparaison, même si sur la cinquième et dernière track de l'album, après une grosse heure de tronçonnage, séquençage et autres trucs douloureux en "age" sensoriel, le nippon livre, enfin, une création digne de son effrayante capacité à tayloriser (et donc parfois aussi "terroriser") le processus d'expérimentation à l'infini. Finesses acoustiques au milieu de drones indus noise, un vrai travail d'écriture là où le reste voyait Masami Akita se laisser aller en roue libre, on valide donc une piste sur cinq de cet Animal magnetism qui n'a finalement que de magnétique que le nom (et un cinquième de virtuosité)... de quoi légèrement écorner le mythe, mais pas encore de nous empêcher d'y revenir.