Meï Teï Shô - Take a ride 2005 fût une année charnière pour Meï Teï Shô qui perdit plus de la moitié de ses membres dont une des pièces centrales, leur brillant chanteur, j'ai nommé Sir Jean. Reste la base du groupe, à savoir les principaux compositeurs que sont la paire Boris Kulenovic (basse) et Germain Samba (batterie). C'est déjà ça, me direz-vous, lorsque l'on connaît le potentiel de ces garçons. En guise d'adieu, Dance & reflexion, un CD/DVD du live au Transbordeur puis plus rien jusqu'à ce que la troupe renaisse de ses cendres avec Take a ride. L'album débute avec un harmonieux Take a ride with me now, telle une invitation au voyage sonore. Une manière de dire que Meï Teï Shô n'a pas changé son dessein en cuisinant les genres et n'a pas oublié son public. Sauf que ce dernier va devoir se réhabituer aux divers changements effectués depuis la première ère du groupe, à commencer par les voix. Bruce Sherfield a.k.a MC Jester, rappeur de son état, ayant notamment exercé son phrasé avec Spontane, Birdy Nam Nam, Puppetmastaz, Saul Williams ou DJ Vadim (rien que ça et la liste n'est pas finie), est un globe-trotter au flow ravageur et au talent vocal certain mais dont le timbre est toutefois un peu plus familier que Sir Jean. Meï Teï Shô ne change pas les règles concernant le partage et la nuance des voix. C'est ainsi que l'on retrouve Jessica Martin Maresco (ICSIS, Super Swing...), dont la spécialité est le jazz, Sandra N'Kaké avec sa vocalise à tendance soul et Rn'B et puis la ravissante Amel Mathlouthi, aux accents arabisants (from Tunisia) qui nous délivre tout son talent notamment sur "Omri (ma nensa)". En résumé, un cocktail organique qui fait son effet pour ce renouveau. Côté instrument, la patte rythmique instituée auparavant est indéniablement présente et les compositions partent vers une évolution probablement plus en adéquation avec les nouveaux membres. Les structures à thèmes progressifs connus chez les lyonnais s'estompent pour donner des morceaux plus directs mais laissant toutefois encore libre court à l'instrument. Nous avons autant droit à des titres assez groovy avec "Take a ride", "House of sunshine" ou "Hurry Kane" (avec la participation aux scratchs de Charly Amadou Sy de Sayag Jazz Machine) qu'à des séquences plus calmes comme "Omri (Ma Nensa)", "Other spheres" ou "Paler than grass". Finalement, ce sont les deux parties de "Earth, wind, amplifier" qui sont les moins éloignées de ce que faisaient Meï Teï Shô avant cette renaissance. Les éléments électroniques de Jean-Philippe Chalte et la chaleur du Fender Rhodes d'Eric Teruel font partie également de l'évolution de la palette sonore du collectif. Avec Take a ride, Meï Teï Shô continue de forte belle manière son exploration des genres et délaisse un peu plus son côté africain et tribal qui en faisait sa "touche". Ready to ride ?