Mezzanine Artwork Troisième album de l'icône Massive Attack après les chocs Blue lines et Protection, Mezzanine s'annonçait un peu comme l'album de la maturité pour un groupe qui, en quelques années seulement, a su apporter un peu de sang frais dans le petit monde des musiques éléctroniques. Après la surprise (Blue lines donc), puis la confirmation (Protection), ce nouvel opus était alors pour le trio une manière de laisser une trace indélébile dans l'histoire de la musique non plus comme un groupe qui aura renouvelé le genre mais comme une formation fondatrice du genre et qui aura su durer dans le temps.
Sans doute plus froid que ses prédécesseurs, légèrement moins accessible, Mezzanine est celui de l'évolution pour Massive Attack, le trio semblant délaisser progressivement les influences hip-hop et soul pour un trip-hop plus sombre, torturé et au final presque plus rock qu'auparavant. A ce titre, l'entêtant "Angel" qui ouvre ce troisième opus en apporte la preuve indiscutable, on est loin des "Safe from harm" ou "Unfinished sympathy" deux des titres phares de Blue lines.
Les textures presque indus de "Inertia creeps" ou la froideur clinique de la première partie très éléctro-rock glacial de "Dissolved girl" en atteste, le trip-hop de Massive Attack version Mezzanine est plus brut de décoffrage et sans concession que les albums précédents du trio anglais. Encore quelques réminiscences hip-hop parsèment le titre "Rising soon" (Andrew Vowles, alias Mushroom ne quittera la formation qu'après la sortie de Mezzanine) mais comme dit plus haut, ce nouvel album est bien différent de ce qu'a pu proposer le groupe par le passé.
Au détour d'un "Exchange" aux influences bluesy cotonneuses et irréelles ou du sentiment d'inéluctabilité qui caractérise tant le sublime et touchant "Dissolved girl", on se rend compte que Massive Attack a su à faire évoluer sa musique tout en gardant ce son inimitable qui fait que l'on reconnaîtrait un arrangement signé des anglais entre mille...
Jouant avec les paradoxes et en oubliant le très décevant et marshmallowesque (sic) "Man next door", le trio nous offre ensuite un "Black milk" fouillé et à la chaleur humaine retrouvée ; avant de nous asséner le coup fatal avec un "Mezzanine" éponyme sombre et tortueux puis "Group four", un titre envoûtant à la précision milimétrée. Un peu plus de huit minutes de rock aérien à fleur de peau qui concluent l'album avec à l'esprit, l'idée que Massive Attack n'a pas fini de nous surprendre, ni de nous émerveiller, ce que le groupe, pourtant réduit à sa plus simple entité, ne manquera pas de faire cinq ans plus tard avec 100th window.