Sacré Marilyn Manson ! Alors que The pale emperor n'avait pas laissé un souvenir impérissable, le lascar revient sur le devant de la scène avec le single "We know where you fucking live", un titre plutôt accrocheur avec un refrain rageur, un son bien saturé et des éclairs qui perforent les tympans. Et si, pour une fois, les déclarations de Warner étaient vraies ? Et si ce nouvel album pouvait ressembler à un mix entre Antichrist Superstar et Mechanical animals ? Le deuxième titre qui arrive en éclaireur est "Say10" (à prononcer "Seilletène" comme "Satan" en anglais, ça devait être le titre de l'album histoire de marquer le coup du dixième opus), la rouille y est plus douce, la mélodie désenchantée, le tempo lourd et les effets accréditent la prédiction de Brian Warner.
On se prend alors à rêver d'un vrai retour à un indus métallique puisqu'en général, les "singles" balancés avant l'album sont plutôt des titres assez moyens et les plus radiophoniquement corrects... On y croit même à l'écoute du "Revelation #12", rapide et trituré, les frappes peuvent faire penser à Alec Empire et Atari Teenage Riot avec une mélodie déviante vraiment alléchante. "Tattooed in reverse" rappelle que le groupe est désormais un couple où Tyler Bates a une grande importance, notamment en terme de production, plus lent et arrangé, ça passe surtout que les deux singles précités remettent les pendules à l'heure. Cinquième piste, arrive "Kill4me". Et c'est le drame.
On peut se réveiller, le rêve est déjà terminé, je casse le suspens mais le reste de l'album n'est vraiment pas du même niveau et Marilyn Manson retombe dans certains travers... Celui qui doit remplir les salles et faire son show, doit paraître méchant en étant gentil, celui capable de balancer un titre pop ("Kill4me"), un titre vide ("Saturnalia") et de composer un morceau autour d'un jeu de mot et d'un refrain à faire scander dans les stades ("Je$u$ cri$i$"). Rien d'excitant, la tension retombe, les réminiscences d'un temps glorieux s'évanouissent. Le reste est lent, ennuyeux, surproduit et ressemble plus à une berceuse ("Blood honey") qu'à l'apocalypse (même si le final plus déstructuré et distordu de "Threats of romance" voudrait nous laisser cette impression). Pire, le titre éponyme, l'étendard "Heaven upside down" est clairement rock et pas du tout raccord avec le reste de l'album...
Sur Heaven upside down, Marilyn Manson n'a pas été capable de composer plusieurs titres qui forment un tout cohérent, ce qui était sa force par le passé (que l'on aime ou pas la direction prise). Le côté conceptuel de chaque aventure est ici abandonné, le tiraillement entre violence et production léchée fait éclater le disque en plusieurs parties trop distinctes. Dommage car si on avait eu un EP à chroniquer avec juste quelques pistes ("Revelation #12", "We know where you fucking live", "Say10" et à la limite "Je$u$ cri$i$" et "Threats of romance"), on aurait pu faire de cette sortie un petit événement.
Publié dans le Mag #30