Marilyn Manson - The pale emperor The God of Fuck, Antichrist superstar, Omega, Révérend, Villain et maintenant Empereur ! La galerie de personnages liée à Charles Monroe ou plutôt à Marilyn Manson s'étoffe toujours un peu plus quand un nouvel album paraît et qu'il faut faire un peu de buzz autour de Brian Warner. En 2012, on ne savait pas trop s'il fallait l'enterrer ou espérer un vrai renouveau, en 2015, on a certainement une réponse... Et tant pis si elle est "mauvaise".

Comme Marilyn Manson s'est acoquiné avec pas mal de monde et s'est intéressé aux séries TV, il a fait quelques brillantes apparitions dans Californication (puis encore plus brillantes dans Sons of Anarchy), c'est lors du tournage de ladite série qu'il croise Tyler Bates, le responsable de la musique du show est aussi guitariste, producteur et enchaîne les musiques de jeux ou de films (ils sont plusieurs à lui faire une confiance totale et notamment Zack Snyder qui l'a embauché pour habiller musicalement 300, Watchmen, Sucker Punch...). Les deux compères vont bosser ensemble sur les titres de ce The pale emperor, un nom qui là encore mérite une digression... C'est le surnom que les anglophones donnent à Constance Ier, empereur romain durant à peine plus d'un an qui est connu pour ses velléités contre les Pictes (les Ecossais donc) et pour avoir eu un teint assez blafard, d'où son surnom de "Constance Chlore" ou "Constance le Pâle" si on cherche à traduire l'expression. Pas spécialement adepte du maquillage goth, ledit empereur a déclaré que "Dieu n'existe pas", ce qui lui vaut cette mise en lumière aujourd'hui... A noter encore qu'il est le père de Constantin qui deviendra lui empereur après sa victoire du Pont Milvius acquise "grâce à Dieu" et récompensera les Chrétiens avec l'édit de Milan en 313, édit qui laisse la liberté de culte et va permettre au christianisme de se développer rapidement dans tout l'Empire. Une histoire un peu faiblarde, d'autant plus que l'artwork ne suit pas, pour le coup, j'aurais apprécié un total look à la Ghost plutôt qu'une image à moitié flou et un livret si peu inspiré. Ou alors que Marilyn Manson joue à fond la carte "Faust" et son pacte avec le Diable puisque c'est encore un des thèmes que Brian Warner amène sur la table...

Et la réponse alors ? Renouveau plutôt qu'enterrement puisqu'un nouveau visage de Marilyn Manson fait surface, un visage bien pâle à côté de ses prédécesseurs étant donné qu'il faut oublier tout ce qui est riffs saignants, rythmiques indus destructrices et hargne métal, bienvenue au Manson posé qui célèbre le blues, cherche à bosser les petites ambiances sonores (Tyler Bates se serait-il cru dans un film ?), dépouille ses mélodies pour plaire à ta mamie. Certes, le mercantilisme de Eat me, drink me a disparu et on ne peut lui reprocher d'avoir calmé le jeu pour toucher encore plus de monde car artistiquement, on n'est pas dans la mièvrerie non plus (The high end of low) mais je dois être trop jeune pour entrer dans ce nouvel opus qui semble surtout être ennuyeux. Peut-être que les dingues de son et de traficotage y entendront de bonnes trouvailles mais la tonalité d'ensemble ne colle pas avec le Marilyn Manson que j'aime quand il est brut(e) (Portrait of an american family, Antichrist superstar) ou quand il est classe (Mechanical animals), mais pas cette fois-là où ses rares attaques ("Deep six") ne sont pas assez convaincantes pour contrebalancer les promenades bucoliques en mode ego-trip ("Killing Strangers", "Third day of a seven day binge", "The Mephistopheles of Los Angeles", "Warship my wreck", "Birds of Hell awaiting"...).