Marilyn Manson - Eat me, drink me Marilyn Manson a-t-il perdu les commandes ? Alors que Brian Warner est plus que jamais l'incarnation du "groupe", d'ailleurs dans les crédits de l'album, c'est "I" qui est employé quand le groupe/personnage remercie ses amis, quand il faut faire la promo de l'album, on ne voit que lui... Ses fidèles compagnons d'armes ont tous pris la porte et il est désormais entouré de petits soldats... Libre à lui de faire ce qu'il veut donc... De continuer d'explorer divers univers au travers d'albums quasi conceptuels (art et atmosphère sur The golden age of grotesque, religion et business sur Holy Wood (in the shadow of the valley of death)...). Avec Eat me, drink me, on est pris à contre-pied, Marilyn Manson est Brian Warner (qu'on voit partout dans le livret) et donne aux fans de base ce qu'ils veulent : un héros gothico-romanesque. Eat me, drink me porte bien son nom, c'est le premier vrai produit de consommation signé Marilyn Manson... La présence de Tim Skold à ses côtés n'est certainement pas étrangère au fait qu'il soit tombé dans une certaine facilité, le producteur des reprises de "Personal Jesus" ou "Tainted love" aimant l'argent facile... L'opus est extraordinairement abordable par le commun des mortels, des tonnes d'arrangements pour arrondir les angles, des sons travaillés et quelques titres vides de toute créativité (les solos ultra convenus de "Putting holes in happiness" ou "Evidence", la rythmique basique de "They said the hell's not hot", les mélodies classiques...).
Bref, alors que Marilyn Manson était capable de nous surprendre à chaque nouvel album, révélant toujours une nouvelle facette du personnage, faisant trembler les fans avec des annonces relatives à la fin du groupe ou nous ébourrifant avec des transformations de grande classe (Mechanical animals), là, on tient le premier album qui ressemble à la caricature attendue. Comme si faire des clips pour les BO de teenager movies avait fait plonger du côté obscur notre manipulateur de médias et de modes favori.
J'en suis d'autant plus circonspect que Eat me, drink me sonne bien, on est tout de suite accroché par son côté lisse et charmeur (seul le remix bonus est infâme ... vraiment inhumain, à peine bon pour tester les enceintes d'une caisse tunée, et dire que son auteur est gratteux chez AFI...). On sent que les titres sont calibrés mais on n'y résiste pas, et quand "If I was your vampire", "Red carpet grave", "Heart-shaped glasses (when the heart guides the hand)", "Mutilation is the most sincere form of flattery" ou "Eat me, drink me" touchent nos oreilles, on ne peut que constater la présence du talent chez ce Marilyn Manson...
Sentiments contrastés au final avec d'une part l'impression que Brian Warner cultive sa personnalité et abreuve les fans qui l'idolâtrent (ceux-là même qu'il rabrouait il y a peu...), de l'autre le côté hypnotique qu'exercent les bons morceaux de cette nouvelle galette...