Black Heaven - L'autre monde Au delà de la pochette (également l'affiche du film soit dit en passant), qui met plus qu'agréablement en valeur les formes d'une Louise Bourgoin vue de "dos", la bande-originale de Black Heaven / L'autre monde se distingue surtout par la large participation de M83 (du duo John & Jen aussi sur un titre) à un score par ailleurs composé par Emmanuel d'Orlando, également auteur de la musique du film "Non ma fille, tu n'iras pas danser". Une bande-son aux atmosphères troubles pour ce film réalisé par Gilles Marchand ("Qui a tué Bambi ?"), thriller sur fond de jeu vidéo en réseaux jonglant entre virtuel et monde réel (du moins c'est ce que dit le synopsis), que certains n'ont pas hésité à comparer à un "Blue Velvet" à Marseille (il fallait oser). Des plages musicales de durées variables, illustrant avec un goût certain pour la mélodie éthérée, des séquences cinématographiques que l'on devine nageant en eaux troubles... et au milieu, une huitaine de titres signés M83, la vraie valeur ajoutée de cette BO (le duo John & Jen ne laissant par vraiment un souvenir impérissable malgré son "Oh my love" tout en sensualité assumée).
Car si les compositions signées Emmanuel D'Orlando forment le carcan musical dans lequel vient se lover la pellicule cinéma, "Black hole" ou "In the cold I'm standing" par M83 sont de vraies pépites ambient electro shoegaze, nappées de mélodies dont les réminiscences trainent dans notre esprit longtemps après leur écoute. Hypnotiques et évocatrices, à l'image de "Violet tree" (au total, le "groupe" signe 8 des 17 pistes que comptent le score), embrumant l'esprit de l'auditeur de ses vapeurs narcoleptiques, elles laissent écouler en nous cette pop rêveuse dont Anthony Gonzalez (seul aux commandes du projet antibois depuis quelques années maintenant) maîtrise ici à la perfection le moindre des artifices ("Marion's theme"). Des harmonies idylliques ("Farewell / Goodbye") quoiqu'un peu poussives par instants, des sonorités qui renvoient à un songe éveillé, de ces rêves semi-conscient où l'on peine à distinguer le fantasme de la réalité, le mirage du concret ("Audrey's theme"), en cela, on peut d'ores et déjà dire que ce score rempli allègrement son cahier des charges, à savoir être un élégant écrin sonore pour un film que l'on espère donc à la hauteur de sa musique malgré un pitch pas franchement transcendant.