les tetines noires : antho N'ayons pas peur de choquer l'inconscient collectif, peu importe le venin que l'on pourra cracher ici, les Tétines Noires n'ont jamais vraiment eu de fans. Du moins pas au sens propre du mot, plutôt des fascinated-people parmi lesquels ces journalistes aujourd'hui défunts, studieusement appliqué en leur temps à jouer les avocats de la défonce pour faux groupes aux frontières du réel. Et si l'on a fait (à raison) les Tétines grands tenanciers incontestés d'une bat-cave gothico-romantique totalement inédite dans nos contrées, nous ne blesserons personne en relevant que la majeure partie des trois disques réédités ici dans leur intégralité se trouve être totalement inécoutable (voir inaudible, c'est dire) par le pékin moyen. Ce qui était de loin un des plus beaux compliments que l'on puisse faire à la bande du Comte de l'Eldorado, tout entier absorbés à leur monde mystique où personne d'autre qu'eux n'avaient de place, où une certaine poésie lunaire croisait le fer avec de douteuses ambiances à chaque coin de piste, où François Villon errait doucement entre réminiscences new-vawe et sinistres pendus grattant mécaniquement la corde mal huilée de leur potence.
On a pu les détester cordialement. Pour ça, ou pour ce que tout le monde appellera de la morgue. Mais une chose restera, et le respect avec : c'est que les Tétines Noires l'étaient. Noires. Désespérément, jusque dans l'immortalité.