LTNO live LTNO live Oli : Vous avez joué sur une scène gothique indus, ça vous rappelle de vieux souvenirs de Les Tétines Noires qui étaient plus électroniques, avec plus de bidouillages, plus dans l'esprit de cette scène ce soir où jouent Das Ich, Covenant...
EDH : Je ne sais pas trop, c'est à toi de mettre dans des endroits, de juger. En fait, moi la musique gothique c'est depuis tout petit, j'ai écouté cette musique et ça a été un passage du punk au gothique qui a été assez naturel. Ouais, je ne sais pas, c'est des étiquettes, aprés on peut être très précis et définir ce qu'on aime bien. Par exemple dans le mouvement gothique, y'a des choses que j'aime bien et d'autres pas du tout. Des choses dont je me sens très très loin et des choses beaucoup plus proches. C'était bien d'être sur cette scène.
Ces groupes qui jouent là sont underground pour la plupart des gens, comme Les Tétines Noires, alors que LTNO commence à se faire un nom en France en jouant dans les festivals, en ouvrant pour Muse, à chaque fois y'a plus de gens qui vous connaissent et qui retiennent LTNO car ils sont marqués par le show, ça vous sert ça ?
En fait, c'est vraiment deux projets différents, Les Tétines Noires effectivement avaient un côté plus fermé, plus claustrophobe...
Je ne sais pas si t'as vu Fantômas hier soir ?
Non, j'étais pas là hier soir, mais j'aurais bien aimé voir
Parce là on n'était pas trés loin des 12 Têtes Mortes et des Brouettes
J'aurais bien aimé voir justement parce que ça avait l'air très intéressant.

Le LTNO d'aujourd'hui, enfin Global Cut a plus d'un an quand même, est beaucoup plus architecturé, plus structuré, c'est pour vendre plus de disques ? (rires) Ou pour avoir une certaine reconnaissance que le milieu underground n'apporte pas ?
Non, c'est juste que y'a des moments où t'as envie de te renouveller. Pour moi la musique c'est des expériences donc t'as envie d'échanger à chaque fois. Avec Les Tétines Noires on avait expérimenté des choses dans certains domaines et à un moment donné t'as envie de changer et de partir ailleurs notamment au niveau de la structure des morceaux, au niveau des sons et tout ça, c'est pour ça qu'on a créé cet autre groupe qui s'appelle LTNO sans pour autant renier ce qu'on a fait avant puisque LTNO ce sont les initiales de Les Tétines Noires, y'a comme une sorte de logique. Comme si on était passé de quelquechose d'assez imagé, d'assez théâtral : Les Tétines Noires, à quelque chose beaucoup plus anonyme et froid, et en même temps paradoxalement plus entrainant...
Et les expérimentations de Les Tétines Noires peuvent être découvertes par des gens qui aiment LTNO et qui remontent plus avant vers Les Tétines Noires.
Peut-être, je ne sais pas. On fait les choses, naturellement, sans trop de calculs, on fait les choses au fur et à mesure si elles nous paraissent intéressante. On a cette chance qu'en même temps, c'est un combat, une sorte de liberté, à un moment donné tu choisis dans ta vie, tu payes par certain côté et tu gagnes de l'autre, c'est un choix de vie, il faut le décider. Il faut décider de faire ce que tu as envie et y aller jusq'au bout, c'est comme ça.

Y'a un truc qui me vient à l'esprit... Dans les festivals comme ça, on te confond pas des fois avec Brian Molko, le chanteur de Placebo ? (rires)
Oui...Non...Oui...Non...Ouais...Pourquoi pas...Ouais (rires) En fait, la musique en France a quand même, au niveau de la musique rock, on a un passif qui est pas très fort. La France, c'est vraiment une culture de la variété, etc. Y'avaient des choses vachement intéressantes là-dedans, des gens qui ont fait des choses hyper biens mais le rock, on l'a effleuré, la culture française n'a jamais été vraiment là-dedans. Or nous, on n'est pas du tout dans un rattachement à la variété française, donc effectivement, ça peut être difficile, on peut nous comparer à tel ou tel groupe, je pense à Marilyn Manson et à plein d'autres gens, à plein de gens très différents en fait donc a priori ça veut dire qu'on n'arrive pas à nous cerner, qu'on a notre propre identité.
Tu parles de Marilyn Manson, tu penses qu'un concept de show comme celui de LTNO peut être exporté aux Etats-Unis ou alors au bout de 30 secondes ils coupent tout et les flics descendent ? Marilyn Manson avec 3 fois rien, ils défraient les chroniques là-bas alors que LTNO vit tranquillement en France...
On a joué à New York y'a pas trés longtemps, on n'a pas eu de problèmes. Mais aprés tout dépend si tu restes dans un circuit assez underground ou effectivement tu peux faire ce que tu veux. Après quand ça devient un peu plus "grand public", ça peut poser des problèmes.
LTNO live LTNO live Justement, le grand public vous l'avez rencontré depuis plus d'un an avec la tournée et notamment la première partie de Muse qui est un groupe pop, assez select, avec un public assez...
Teenager (rires)
Teenager, fashion victim des radios, ils vous ont reçu comment ?
C'était intéressant de faire toute la tournée française de Muse. Y'avait des gens qui aimaient pas du tout logiquement mais en même temps, y'avaient les 2, les gens prennaient assez position. C'est un public qui est assez jeune et en même temps assez ouvert. C'est un public qui sur une partie peut aller de Marilyn Manson en passant par Placebo jusque Muse, une sorte de couverture comme ça, donc c'était bien.
Surtout que ce public n'a pas la facilité de connaître LTNO à part en concert, parce que parler du groupe c'est bien mais le voir, c'est autre chose. Ca vous a aidé ? Y'a eu des bons retours, des gens qui viennent vous voir en disant "j'ai découvert ça"...
Effectivement, on a eu pas mal de courrier aprés cette tournée, y'a pas mal de gens qui ont écrit à la maison de disques pour justement connaître plus de choses sur le groupe à la suite de cette tournée. Plein de gens qui sont un public un peu plus lambda, qui écoutent les radios plus commerciales et qui auraient sûrement pas découvert LTNO.
C'est la maison de disques qui a arrangé le coup avec Muse ? Ca s'est passé comment ?
C'est entre la maison de disques, le tourneur et le management de Muse, c'est entre les 3, on a la même maison de disques, on a le même tourneur et ...
Et Muse aime LTNO
Oui (rires)

Sinon, l'an dernier aux Eurocks 99, vous avez monté une tente comme vous le faites souvent en extrême showcase pour deux personnes, des concerts absolument prodigieux totalement électronique, c'est une aventure qui se poursuit ?
Ouais, ouais. Là, on l'a pas ce soir... C'est un concept qui est fait pour pouvoir s'installer n'importe où, dans des conditions très diverses parcequ'au niveau matériel, c'est très simple, on a juste besoin d'une prise électrique. C'est un peu l'idée d'être nomade, de ne pas avoir de contraites techniques. Récemment on a monté la tente dans une galerie à Paris, ce qui nous intéresse, c'est de le faire dans des endroits un petit peu inattendu par rapport à des concerts habituels.
C'est un lieu qui laisse place à l'improvisation...
Ca dépend ce que tu appelles improvisation, si c'est une improvisation musicale purement musicale : non, nos morceaux restent assez structurés, assez ressemblants. Par contre au niveau de l'interprétation ça change beaucoup
Y'a une liberté, y'a moins de pression...
L'intérêt de ce concept est à différents niveaux et notamment tu joues pour 2 personnes et c'est flagrant quand tu fais la tente comme ça, tu peux pas jouer le même morceau 10 fois de suite. En fait, tu le joues jamais pareil, même si la structure est la même. Ce qui est intéressant, c'est que c'est intime, et que tu touches quelque chose d'assez infime, la manière dont tu vas jouer un morceau va amener quelque chose de très fin mais qui change tout, y'a pas du tout les mêmes intentions selon les personnes qui défilent. Et ça c'est un truc super bien parce que tu l'effleures quand tu fais des concerts sur une scène normal mais y'a tellement d'autres paramètres qui changent entre chaque concert que tu peux pas le savourer, parce que tu changes généralement de scène, de public, etc... Le son est pas le même, y'a tellement de paramètres qui changent alors que là en quelques minutes tu es dans le même endroit avec le même son, etc. Y'a juste la personne en face de toi qui est pas la même et là tu savoures le fait de jouer ton morceau d'une certaine manière par rapport aux 4 yeux que tu as en face de toi.
LTNO live LTNO live Et ça ça va jouer sur l'enregistrement de l'album à venir si y'a un album à venir...
Ouais, on travaille dessus en ce moment, il sortira je pense en janvier et on sortira un extrait avant Noël. Y'a une cover dessus un peu surprenante, on aime bien toujours faire des choses auxquelles on s'attend pas trop (rires), c'est une cover d'un morceau des années 80, une sorte d'hymne kitch des années 80 qui est "Boys boys" de Sabrina.
Ouh la.. C'était pas Samantha ?
Non, Sabrina mais effectivement à cette période il y avait un peu de concurrence entre Samantha Fox et Sabrina, nous on a choisi Sabrina. (rires)
C'est super à la mode dans les groupes indus glam rock de faire des reprises, je pense à Orgy par exemple, ça va sortir en single pour vendre encore plus de LTNO ? Parce qu'à la base, c'est un morceau connu...
Ouais, ouais, c'est assez rigolo (rires). Ca sortira en single avant l'album mais ça sera sur l'album.
C'est un délire...
Oui, ça nous amuse de reprendre ce morceau, y'a un revival années 80 et nous ça nous amuse de reprendre un des pires morceaux des années 80...
Pour en faire un pur morceau des années 2000 !!!
Voilà (rires) et c'est rigolo parce qu'il y a toute l'ambigüité avec le "Boys boys" forcément comme c'est moi qui le chante et que je suis un garçon, d'un seul coup, le "boys boys" prend une toute autre connotation (rires)

Y'a Made In Marco qui a changé de "tenue" par rapport aux précédents concerts où il était plutôt en plastique d'emballage, là il a un truc plus futuriste...
Effectivement on a travaillé avec un designer qui a fait une nouvelle prothèse qui est plus futuriste et qui correspond aussi plus à l'univers de LTNO
Merci
De rien.