Lambwool

Biographie > Le silence de l'agneau

One-man band né en 2000 à l'initiative de Cyril Laurent, musicien ayant notamment participé à Moon Revolution (un groupe de metal basé à Marseille) dans les années 90 puis sorti un EP intitulé French Kissin pour un projet industriel baptisé The Soul Lives in Berlin, Lambwool est une entité ambient industriel/électronique orchestral et cinématique à ranger quelque part entre Dead Can Dance, Eluvium, Klaus Schulze, Tangerine Dream et les Young Gods.
Sous ce pseudonyme, Cyril Laurent sort deux démos en 2001 et 2002 (Half alive puis UnBorn) avant de s'atteler à la composition et l'enregistrement d'un premier album intitulé Fading landscapes qui paraît courant 2005 par le biais de Divine Comedy Records (Sigma Octantis). Ce premier opus long-format s'attire les faveurs de la presse spécialisée et de la communauté "ambient" si bien que lorsque sort ...and the angel is gone trois ans plus tard, Lambwool est déjà attendu par les spécialistes du genre. Une nouvelle fois, l'album est bien accueilli par les inconditionnels de ce mouvement musical et le projet de Cyril Laurent acquiert alors une jolie notoriété dans ce milieu alors-même que celui-ci accélère le mouvement. En 2009, il sort ainsi un 3-Way Split album avec Babylon Chaos et Le Diktat chez OPN Records avant d'enchaîner quelques mois plus tard avec un LP conceptuel limité composé d'un seul et unique morceau : Mono.
En 2012, c'est toujours via OPN Records, qui a entre-temps sorti des disques de Fragment. et Sigma Octantis que Lambwool sort un double album baptisé : As sky through the wall.

Lambwool / Chronique LP > Post

Lambwool | Nicolas Dick - Post En marge de son EP Vanish confectionné comme son double-album précédent en solo, le one-man-band Lambwool (soit toujours Cyril Laurent et personne d'autre) s'est un tant acoquiné avec Nicolas Dick, connu pour ses activités avec Kill the Thrill ou String of Consciousness, afin de composer un album commun à quatre mains. Un disque expérimental sobrement baptisé Post (sans doute en clin d'oeil à toutes les tentatives d'étiquetage musicales dont les sphères que ces deux hommes visitent de temps à autre subissent régulièrement) et surtout une oeuvre habitée par les obsessions créatives de ses narrateurs muets. Car à l'image de "Sea of wheels" ou "The end of light", tous les titres ici présents sont exclusivement instrumentaux, mais jamais dénués de ce qui fait l'âme d'une oeuvre résolument captivante ("Buildings", "The wind machine"). Sans se départir de cette maîtrise de l'intensité émotionnelle qui fait tout l'intérêt de Post. Une oeuvre bicéphale composée et exécutée avec un sens aigu de l'harmonie artistique absolue (le puissant "Factories", le magnétique "Only fields") et une ambition affirmée qui ne se dément jamais ("Air"). Bluffant et surtout très beau... vraiment.

Lambwool / Chronique EP > Vanish

Lambwool - Vanish Un peu moins de deux années après l'imposant double album qu'était A sky through the wall, Lambwool revient aux affaires, toujours par le biais du confidentiel OPN Productions (Fragment.), avec un nouvel EP, intitulé Vanish, composé de quatre nouvelles pièces évoluant entre (dark) ambient séraphique et bande-son de film invisible aussi onirique que fascinante. Un mini-album traversé par une lumière que ne laisse pas facilement deviner son artwork, anthracite et désolé, qui pourtant lors de sa première piste, emmène l'auditeur vers des cieux contemplatifs et apaisés, loin de la noirceur supposée pour se lover dans une atmosphère cotonneuse et feutrée, quasiment ataraxique (l'éponyme "Vanish"). Minimaliste également, en témoigne un "Twisted" légèrement plus ombrageux, tourmenté, mais toujours parsemé par cette élégance harmonique rare que fait sienne un Lambwool toujours au sommet de son art depuis le divin A sky through the wall. Quelques arrangements confinant au sublime ("Closed door" véritablement obsédant) et Lambwool referme avec l'élégant "Farewell", un opus court mais toujours aussi raffiné que lors de notre première rencontre avec lui. Classe (encore).

Lambwool / Chronique LP > A sky through the wall

Lambwool - A sky through the wall Quasi inconnu hors des sphères pour le moins intimistes de la communauté (dark) ambient/industrielle, le label OPN Records n'en est pas moins une entité s'affirmant depuis quelques années comme l'une des structures dont la ligne éditoriale et le catalogue sont parmi les plus finement aiguisés du genre. Au nombre de ses références, Babylon Chaos, Fragment., Sigma Octantis et donc Lambwool dont le dernier-né, A sky through the wall, s'offre une apparition sur le mag' aux longues oreilles par l'intermédiaire d'un 2xCD aussi riche que complet, qui plus est livré dans un très beau digipak, particulièrement soigné (comme toujours avec OPN Records) et témoignant de l'intérêt pour ces quelques irréductibles envers l'objet physique (de collection).

Deux disques donc, un album véritable complété par une deuxième fournée compilant raretés et inédits histoire de dresser un panorama bien complet de l'oeuvre de Lambwool, lequel n'est désormais plus un jeune premier sur cette scène musicale et laisse ici lisse libre court à ses inspirations que l'on qualifiera de cinégéniques. Une longue plage de quelques neuf minutes (ou à peine moins) traversant les atmosphères ténébreuses d'un univers en constante révolution, "Somewhere" joue à perdre l'auditeur dans son espace d'expression, tout en le maintenant sous pression au gré de quelques volutes drone/industrielles conférant à cette introduction au long-cours, un aspect à la fois menaçant et prophétique. Une mise en scène et abyme musicale à la dramaturgie parfaitement maîtrisée, des progressions narratives idéalement amenées ("No man"), la trame cinématographique invisible du one-man band se déroule sous les yeux de l'auditeur et celui-ci se laisse doucement happer par cette histoire dont il ne connaît ni les tenants ni les aboutissants ("Underground"). Pas encore...

Parce qu'au gré de ses compositions, organiques, flottant dans l'atmosphère comme autant de monolithes ambient/indus en lévitation inexpliquée (fabuleux "Floating"), Lambwool écrit la partition rêvée d'un long-métrage inexistant, enveloppant peu à peu l'auditeur d'un manteau de mystères, énigmes et autres chausses-trappes scénaristiques dont son auteur maîtrises les twists avec plusieurs coups d'avance sur son assistance ("Agora"). Et pourtant ou peut-être parce que l'album est conçu ainsi, A sky through the wall est une oeuvre fascinante, captivante et ne demande (et ce n'est pas donné à tout le monde) absolument aucun effort d'immersion, peut-être parce qu'elle éclaircit peu à peu son horizon panoramique. Surtout lorsqu'il s'agit de livrer la pépite qu'est le sublime "Don't fall asleep". Impossible alors de ne pas se laisser enivrer par ce dont est capable Cyril Laurent sur ce morceau qui restera définitivement comme LE sommet de cet album aux mille nuances et dégradés de couleurs malgré une tonalité résolument sombre... mais également parfois, paradoxe ultime, lumineuse. Une dernière scène en forme d'épilogue à tiroirs et voici que le rideau se ferme sur l'album que vient conclure avec classe son morceau-titre, une énième offrande extatique venant boucler la boucle de cette oeuvre magistrale et d'une classe... incomparable.

En guise de bonus grandeur nature à ce quasi chef-d'oeuvre ambient qu'est A sky through the wall, Lambwool et le label OPN Records ajoutent comme évoqué plus haut un deuxième disque réunissant une petite douzaine de raretés et inédits à considérer comme autant de chutes de studio et/ou ébauches de travaux plus ou moins affinés par un one-man-band qui n'atteint sur ces pistes-là que très rarement le niveau de l'album chroniqué précédemment. Mais en même temps, il faut bien reconnaître que l'approche des premiers titres de ce second volume sobrement intitulé Dust est clairement plus expérimentale, rythmique, bruitiste également ("Aftershow", "Insects", "Time (it doesn't exist)"), avec au milieu un morceau-fleuve de quelques treize minutes d'une odyssée aux confins d'un ambient dronisant qui s'éternise un peu en longueur ("Echine"). On est moins convaincu par ce qui ressemble à des pièces mineures et ou vagues expérimentations (toutes proportions gardées) du sculpteur de sons français jusqu'au moment où celui-ci sort justement de sa manche le très beau "Her ghost (still in the room)" qui lui, justement, n'aurait certainement pas dépareillé sur A sky through the wall de part la mélancolie doucereuse et la tristesse fragile qui le parcourt de parts en parts.

On se laisse alors porter par les travaux de Cyril qui pièce après pièce démontre qu'il a construit au fil des années une création à la cohérence irréprochable ("Gone"), fait d'inventions sonores et expérimentations dark-ambient/drone/industrielles multiples ("Daedalus", "This location"), l'ensemble étant régulièrement parsemé de petits bijoux du genre ("Infero") sur lesquels Lambwool nous offre quelques magnifiques plongées dans un univers aussi personnel qu'envoûtant. (Très) classe.