Carcan rock-métallo-indus, Lagony est un formidable chaudron où s'exprime une grande partie des tendances actuelles. Samples éclectiques, rock énervé, et chant aux pointes hardcore par moment, l'expression de Lagony est une recherche perpétuelle du meilleur vecteur des émotions. Déluges sonores, et pointes technoïdes légères, c'est une base rock qui déboule ici. Entre un Orange Blossom dopé aux épices, un Noxious Enjoyment noyauté au rock, et un Lunatic Age qui aurait rencontré Youngs Gods. Finalement le style sonore de Lagony est fort bien mal définissable, et surtout propre à chacun et à chacune, donc forcément une bonne occasion de découvrir un groupe fusionnant plusieures influences sur une base rock solide, comme Munshy, qui a tout à vous apprendre sur vous, et ses sonorités.
Lagony
Biographie > bio Lagony
Lagony / Chronique LP > 1936
Après plusieurs mois de travail acharné dans leur local, les Lagony reviennent avec leur nouvel opus 1936, creuset rock comme à leur habitude, avec des textes en anglais, arabe, espagnol et français... Possédant un goût prononcer pour aller de l'avant, Lagony n'en reste pas moins fidèle à son style et sa touche toute particulière, les ambiances lagoniennes emplissant cet opus à merveille.
Ambiances colorées, l'alchimie Lagony prend forme sur des titres comme "Mexico", "El akbar", "Le quai" ou "Rien". Non content d'additionner à sa musique des samples qui trouvent naturellement leur place au sein de l'espace sonore, Lagony profites de "Down" pour y insérer des cuivres qui apportent leur touche d'originalité.
Riffs punk, accents ska, guitares au son dépouillé, 1936 se démarque d'Absomatique par son côté rock plus prononcé et ses incursions cosmopolites au niveau du son, "Its' on", "Burning Water", "Down" en sont des exemples parfait. "It's on" coule doucement, un riff entrainant, qui commence en son clair, basse saturée, étincelles sonores, bends de guitares, cris sauvages, un refrain facile, des gargouillis électroniques, le titre se laisse écouter doucement.
"Des fois" ouvre cet album de manière magistrale, contraste entre guitare saturée et un chant salvateur, break indéniable, refrain aérien, qui s'échoue sur une ritournelle qui se visse dans les tympans avant de s'essouffler sur un solo. Lagony continue les hostilités avec un "El akbar" sauvage et puissant à la fois, avalanche de samples, mélodies efficaces, les breaks relancent la machinerie avec une énergie redoutable, la basse arrondit les angles, ce titre devrait abattre les dernières réticences face à ce 1936 forgé dans la sueur. Ambiance électro, textes mélancoliques, puis une mélodie basique qui fonctionne à merveille, "Lucifer" donne également le ton et l'orientation de Lagony, le fil d'ariane de ce 1936 qui ne se livre pas complètement dès la premère écoute.
Lagony / Chronique LP > Absomatique
Départ rock blindé, une tonitruante rythmique, surtout faite pour se mettre une tête, chant violemment hardcore, à la limite du monocorde, très incisif, un peu répétitif, un peu lancinant, bizarre pour un premier titre, pointes industrielles à travers quelques boucles électroniques, puis on passe à un registre plus lagonien, ambiance toujours soutenu, mais une touche indus bienvenue, et un chant qui soulève des interrogations, 2 têtes reste étrange, presque inaccessible, entre délectation et linéarité intérogatrice. Passons la frontière d'incompréhension, pour passer à amel/la frontière et son intro très métal, rideau de guitares et petite interventions de samples organique, à la Viridiana, le chant en arabe s'allie à merveille avec cette basse qui ondule, et l'on entre à pleine vitesse dans l'univers Lagony, le pont avant le refrain est transcendant, mélodique et langoureux, avec toujours cette puissance inhérente au style du groupe, refrain mené d'une poigne de fer par un chant engagé, crié, un peu sombre, facette d'un Lagony multiculturel. Intro avec une guitare super cradingue, cordes distendues, disto granuleuse, la suite s'annonce puissante, le grain est prononcé, l'ambiance se tasse un peu, Lagony fait du rock, pas du gros métal à la Soulfly, le chant est doux et s'accorde avec contraste avec les grosses guitares des ponts, la basse ne se risque pas trop, finalement Lagony se lâche sur un refrain enlevé des plus denses, magma métalique, chant poussé, cris monocordes, les guitares se baladent avec allégresse sur un jeu de densité, en corps est accrocheur, fusion profonde de rock et de métal. Lagony montre sur de nombreux titres ses nombreuses origines rock, dans le choix des mélodies, le groove, certaine sauces pop qui se trament dans les structures, comme la solution, son chant, et pourtant Lagony c'est ça et autre chose à la fois, certaines parties alliant la puissance et la densité du métal, la violence du hardcore, tout en incorporant de manière naturelle des samples par petites touches colorés, simples apports musicaux plus que substance indispensable à l'équilibre, et pourtant... si imbriqués dans l'ambiance, et la chaleur du son Lagony.
La perle de Absomatique est là. Monument musical, titre phare, indescriptible, obélisque d'espoir dans un monde en perdition, entre violence émotionelle et pincement textuel, "Isma" est presque trop belle pour en parler, et pourtant, sous son avalanche de sentiments, d'émotions, de larmes, la taire serait l'étouffée. -N'ai pas peur maman, un jour viendra ou il y aura une revanche, dans la tombe, ils me suivront de près et dieu fera les comptes-. Guitare langoureuse, basse syncopée, l'ambiance devient lancinante, le chant en arabe attire l'oreille, pour s'envoler, s'éveiller, nous éveiller, sur un refrain poignant, simple et percutant, les guitares s'entremêlent, mêlent leur sang, leur violence, leur tristesse, sample de luth, la ritournelle recommence, encore plus pénétrante, toujours plus vibrante, -Notre pays va mourir, levez vous l'Algérie se meurt...-, déluge impliqué, rien ne laisse insensible dans isma...
Difficile de se remettre après ce chamboulement émotionnel, bipèdes allège l'atmosphère doucement, sample industriel qui monte lentement, très électro, un peu Sin, chants calmes et samples mélancoliques, violents coups de semonce, la basse devient point d'équilibre central, barycentre sonore, assise qui vole en éclat sur un refrain violent, imbriquements sismiques. Coups de vents électriques, riff en silence, assez new-school, fervents catholiques, est de bonne facture, trouve des variations dans les riffs de manière croustillante, allie samples et guitares de manière synthétique, passage silencieux, juste une atmosphère éthérée électronique, très douce, qui entretient la flamme. Lagony réussi le tour de force d'assembler des riffs justeélectronique, voir new-wave comme dans "Pregnant woman", avec des avalanches métal sur en corps. Singleton post-industriel, ou pré new-wave, "Pregnant woman" est une sucrerie électronique qui cache bien des subtilités, et met à profit l'adage qui met en garde du calme avant la tempête. Riffs de tueur, guitares qui s'embrument, non entre néo et power-pop, l'univers est immense, et pourtant Lagony y trouve sa place, assez singulier, et le chant pose encore des doutes, les guitares aussi finalement, la cohérence de l'ensemble est indéniable, presque miraculeuse, mais très stable, une raison de plus pour monter le son et prêter attention aux mixtures de Lagony, qui sont toutes prêtes à exploser, que ce soit sur un riff de basse, un power chord saturé, un cri, ou dans votre coeur.