TKDE - From the Stairwell Au départ, le concept de The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble était de composer des bandes-originales pour faire l'habillage sonore des classiques du cinéma muet. Puis, de fil en aiguille, le projet à évolué pour écrire des morceaux s'émancipant de cette idée de départ sans pour autant s'affranchir réellement de l'influence que pouvait avoir le cinéma sur sa musique. Quelques semaines après la réédition de son tout premier album, éponyme, TKDE présente son troisième album long-format et semble revenir à ses premiers amours, tout du moins d'une certaine manière. Car si From the stairwell n'est pas réellement une bande-son de film, il semble être le score d'un long-métrage qui resterait à être filmé. Pour la mise en images, on devra pour le moment se contenter de l'imagination, de quelques panoramas générés par notre esprit à l'écoute de l'album.
D'ordinaire on écrit le film, le tourne et enregistre la musique devant l'accompagner, ici le collectif néerlandais d'origine (des intervenants étrangers s'étant depuis greffés au line-up du groupe) a fait l'inverse, sauf qu'il ne compte pas tourner le film. Et c'est peut-être tant mieux. Parce que de part le mystère que les huit pistes ici composées instillent en nous, il n'y aura aucune frustration, le son se substituant à l'image et se suffisant à lui-même. Cela dit, si elle est ouvertement cinégénique, la musique de TKDE n'est pas que ça, elle est surtout jazzy, feutrée et ténébreuse, d'une beauté troublante. De "All is one" à "Past midnight" en passant par "Giallo" (dont les ambiances font directement référence à ce sous-genre de série B originaire d'Italie), "White eyes" ou "Cocaine", le collectif livre une partition tantôt accessible, tantôt bien plus tortueuse, abstraite, voire ouvertement expérimentale. Une suite de compositions se mouvant à travers des atmosphères tantôt sombres et labyrinthiques ("Cotard delusion"), tantôt plus éclairées (le très joli "Celladoor"). Etrange et fascinant...