Kaly_Live_Dub_Allaxis Passé par la grande époque de la scène dub roots française à partir des années 2000 puis par les vibrations électro-indus capitonnées de basses foudroyantes présentes depuis 2008 avec Fragments, Kaly Live Dub atteignait deux ans plus tard l'apogée de son art avec le double CD Lightin' the shadows, une œuvre combinant les deux facettes de la formation, une sorte de rétrospective hommage à une carrière longue de presque 15 ans. Rentrée 2013, un sixième album dénommé Allaxis fait surface chez Jarring Effects, un titre qui laisse présager celui de la maturité (NDR : terme pour définir chez l'animal le passage de l'état larvaire à celui d'adulte), alors que le groupe est passé entre temps en quatuor après le départ du claviériste Auriculaire. Le moment propice pour voir où en est cette formation qui, dès les premières écoutes, parvient à nous rassurer même si la flagrante surprise n'est pas le sentiment qui déborde sur le moment, les Lyonnais restant sur leurs acquis sur une bonne partie du disque.

Allaxis est à l'image de ce que Kaly Live Dub véhicule comme ambiances sonores depuis quelques temps déjà : un condensé de reggae-dub chanté ("Run and go hide" et "No bother jump" avec l'anglais Learoy Green), de touches électro ("Find us", "No more dread"), de dubstep ("Allaxis", "Chord note"), de dub ambiant ("Enjoy"), le tout souvent agrémenté de sampling ténébreux, loin des racines "ethno" que le groupe avait l'habitude de nous faire partager à ses débuts. Un voyage sinueux voulu par une suite de neuf compositions (dix, si l'on compte le remix de "Run and go hide" en chanson cachée) jouant au yo-yo émotionnel, le tout dans une atmosphère souvent menaçante. Les Lyonnais poursuivent leur entreprise de démolition d'enceintes avec des basses toujours plus fulminantes et rondouillettes qui se marient avec classe à l'ensemble des titres, qu'ils soient très électro ou moins rentre-dedans et plus subtils. Tout à l'image de l'artwork représentant la tête d'une abeille d'une échelle la rendant monstre et intimidante.

Au final, et comme nous le soulignions un peu plus haut, Kaly Live Dub délivre un album qui, comme à l'accoutumé, est digne d'intérêt, très bien produit et façonné mais malheureusement peut-être trop prévisible, trop arrivé à maturité pour le coup. Sans grand étonnement, hormis la mise en avant d'une noirceur qui n'était pas aussi évidente auparavant, la formation lyonnaise devra surement provoquer une vraie rupture avec son prochain disque. Exactement comme il sait le faire, à la perfection, avec ses chansons où les styles se percutent et créer cette hétérogénéité qui marque une vraie différence. Ce qu'ont pu faire récemment leurs camarades de label High Tone avec Ekphrön.