C'est enfermé dans un studio du nord du Pays-de-Galles et en se laissant inspirer par le paysage urbain et désolé de Birmingham, sa contrée d'origine que Justin K.Broadrick s'est trouvé une nouvelle récréation entre la réactivation de Godflesh, ses travaux avec Jesu ou Final et ses dizaines de collaborations diverses et variées avec la moitié de la planète hard/indus/electro indé expérimentale (on pense notamment au discret Valley of Fear paru quasiment en même temps que le présent album ou ses projets ultra expérimentaux confidentiels (Council Estate Electronics, White Static Demon). Le résultat : du dub(step) industriel lapidaire et glaçant, porté par des textures sonores cliniques et une atmosphère d'ensemble résolument claustrophobe.
On s'en serait douté, on ne va pas faire que se marrer. Surtout quand l'écoute des premiers titres, "Kuckledragger" ou "Idle hands", semble faire le trait d'union entre ce que l'anglais a pu proposer par le passé au rayon dub indus avec Godflesh et plus récemment au travers de sa collaboration au sein de The Blood of Heroes, en passant par les pulsions les plus extrêmes entrevues chez Grey Machine. Derrière JK Flesh, on retrouve Broadrick tout seul, s'abandonnant à ses plus "bas" instincts émotionnels pour stimuler sa créativité toujours débordante et donc l'orienter vers ses penchants les plus "hard", ce sans pour autant verser dans l'hyper violence éruptive. Ici, le résultat revendique un certain hermétisme qui contribue à son atmosphère générale, viciée et oppressive ("Punchdrunk"), l'électronique se veut toujours empreinte d'une noirceur palpable ("Devoured"), flirtant parfois avec la mouvance technoïde sombre (l'éponyme "Posthuman") ou venant s'immerger dans un indus lourd, rampant, prégnant ("Earthmover").
Justin Broadrick, qui a pour l'occasion retrouvé le pseudo qu'il utilisait jadis à l'époque de Techno Animal, son projet hip-hop électronique déviant initié lors de sa fructueuse collaboration avec Kevin Martin (cf : Justin Broadrick, le stakhanoviste de Birmingham), délivre un véritable alliage sonore aussi polyvalent qu'abouti. Une sorte de cocktail hautement explosif et addictif entre rythmiques tantôt lancinantes, tantôt carnassières ("Dogmatic"), construction aliénante ("Underfoot") et immersion anxiogène en territoire sonore hostile ("Walk away"). Pour un résultat de très haute volée, sorte de monolithe dub/indus aux constructions labyrinthiques et à l'agressivité sous-durale démontrant qu'au-delà d'une surproductivité inhumaine JKB reste également créatif...