Un artwork pour le moins nébuleux, voire inquiétant, dépouillé, presque minimaliste. A l'image des quatre titres qui le composent, ce Silver EP est un peu le prologue de l'album qui va le suivre un peu moins d'un an plus tard (Conqueror NDLR). Lentement mais sûrement, Justin Broadrick, assaini sa musique de ses éclairs de rage post-Godflesh, le temps a passé depuis la disparition du groupe, les ombres du passé se dissipent peu à peu, et l'anglais évolue en même temps que sa musique. Celle-ci progressivement transfigurée évolue désormais dans les eaux d'un ambient rock aux tendances industrielles et aux nuances magnifiquement subtiles. S'orientant de plus en plus vers le mouvement shoegaze, tout en se laissant aller à quelques accents cold-wave, Broadrick se fait plus imprévisible qu'auparavant, sans doute plus facile d'accès de part ses instrumentations presque pop... ou rock.
Au travers du titre éponyme qui est chargé d'ouvrir ce Silver, Justin Broadrick nous fait replonger dans son univers musical sans pareil. Magma sonore à la densité incomparable, nappes de guitares s'échevelant sur un tempo relativement lent et posé, mélodies célestes chargées en disto lointaine, la musique de Jesu s'est apaisée, nous laissant à arpenter avec son auteur un long chemin menant vers des cieux aux vélléités sonores inédites. Un mur de son quasiment infranchissable pense-t-on, puis une mélodie presque pop, des accents plutôt rock même si baignant dans une lumière encore tamisée, "Star" second morceau de cet opus, nous dévoile un Broadrick qui, au fil de ses nombreux projets ou collaborations post-Godflesh (Final, ses remixes pour Isis, Pelican ou Explosions in the Sky), a eu le temps de méditer sur ses aspirations artistiques et, désormais, complètement en phase avec son art, livre des compositions aux mille nuancesn désinhibées et à l'intensité émotionnelle fascinante.
Ambiances progressives, nappes synthétiques et instrumentations organiques, "Wolves" nous emmène lentement mais sûrement vers une contrée aux paysages désertiques et lunaires, quasi intemporels. L'ensemble, porté par un chant véritablement habité plonge alors l'auditeur dans une sorte de coma artificiel étonamment apaisé. Quatrième et dernier acte de cet EP, "Dead eyes" prolonge le voyage sensoriel vers la lumière. Exclusivement instrumental, ce dernier morceau mélange les deux facettes de la musique de Jesu : orchestrations planantes aux atmosphères feutrées et murs de son oppressant aux sonorités ambiant/ indus savamment maîtrisées; le tout pour un résultat tout en nuances, entre puissance post-métallique industrielle et légèreté rock atmosphérique. (Très) classe.
Silver
Silver
Star
Wolves
Dead eyes
Star
Wolves
Dead eyes
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Re: Jesu - Silver
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