jesu_conqueror2.jpg Enregistré entre le Royaume Uni et la Norvège, ce Conqueror si mal nommé n'a définitivement rien à voir (sinon peut-être son titre...) avec les monuments indus tectonique de Godflesh. Au contraire, avec ce nouvel album, Justin Broadrick, aka Jesu décide de conquérir les plaines arctiques d'une musique atmosphérique, contemplatives, quasiment aux confins du mouvement shoegaze. La transformation de la musique de Broadrick, déjà largement entrevue lors de l'EP Silver avait de quoi surprendre, voire laisser quelque peu circonspect. Pourtant, tout au long des quatre titres que comptait ce maxi, l'ex-membre de Napalm Death, était parvenu à creuser le sillon d'une musique cépusculaire, tantôt sombre, tantôt lumineuse, mais toujours nuancée et envoûtante. A l'heure de ce nouvel album, Broadrick se fend de hui nouvelles plages musicales s'inscrivant dans la droite lignée des quatres titres parus sur le Silver EP.
Aux confins des mouveaux post-metal, sludge, rock et shoegaze,des morceaux tels que "Old year" ou "Transfigure" parviennent encore une fois à transporter l'auditeur dans un univers musical onirique et étonnamment personnel. Des morceaux aux climats lourds, aux instrumentations massives, ou à l'inverse aux couleurs plus légères et aux mélodies évanescentes, Justin Broadrick garde le même cap que sur l'opus précédent et s'il le fait avec une classe et une maîtrise remarquable, c'est un peu là que le bât blesse. Car, si l'EP avait laissé augurer de formidables futures compositions, Conqueror ne concrétise pas complètement toutes les promesses suscités par son prédécesseur. Laissant par là-même un léger arrière-goût d'inachevé, cet album à l'architecture musicale particulièrement homogène résiste à la fascination par l'absence de prise de risque qui s'en dégage. Comme si pour une fois, son auteur avait décidé de composer un diptyque musical (Silver + Conqueror), où le premier effort serait supérieur au second. Paradoxal tout de même.
Car si les huits morceaux de cet album auxquels ont peut ajouter les deux titres de l'édition limitée (en import japonais uniquement) sont tousde très honnête facture (ne boudons pas notre plaisir tout de même...), ont boucle l'écoute de ce nouvel effort avec une impression d'inachevée assez dommageable. Alors certes, "Weightless & horizontal", ou "Brighteyes" délivrent des mélodies empreinte de sérénité et d'une douce mélancole, pour parvenir à un sentiment de plénitude absolu, il faut reconnaître que ce ce sentiment d'aboutissement ne parvient pas à occulter le début d'ennui qui nous assaille à la fin de certains morceaux. Tel est donc Conqueror, un album qui aurait pu (du ?) être une "masterpiece" absolue et qui "n'est" au final qu'un bon disque, comme si Justin K.Broadrick avait décidé de prendre une ultime inspiration avec d'accoucher de son oeuvre ultime. A suivre donc.