Jenx : Fuseless Avec Fuseless, Jenx a (un tantinet) ralenti la cadence par rapport à son maxi, ce, afin de dévoiler des compos plus travaillées en profondeur, et peut-être aussi, pour pouvoir tenir la longueur. Car cette fois-ci c'est bien un album que les Bordelais proposent de s'administrer. Et quel album !
D'un point de vue graphique, il y a une certaine continuité entre Unusual et Fuseless. On retrouve sensiblement le même assemblage de couleurs bien qu'une rotation de 90 degrés s'applique au sens de lecture des zébrures. Musicalement, il y a une légère inclinaison de quelques degrés mais, rassurez vous, les connaisseurs (et amateurs) du précédent maxi ne seront pas déboussolés pour autant. Par "inclinaison", j'entends que Jenx a orienté son album dans les traces de "Unusual" (figurant d'ailleurs à nouveau à la tracklist de ce Fuseless) et de "Compromises" au lieu des deux premiers titres du maxi ("Demonhead" et "Remember") qui (m')avaient fait plus sensation lors des écoutes initiales de la première galette du groupe.
Quoi qu'il en soit, Jenx continue de plaquer des accords qui tuent, de claquer de la batterie et de la boîte à rythmes comme il n'est pas permis, d'enfoncer des lignes de basse là où on ne pense pas qu'elles puissent passer et d'apposer de fabuleuses incrustations digitales ("Lastfuse"). Tout ceci auquel il faut ajouter le chant démoniaque (personnellement, j'adore) de Xav. Même si ce n'est pas une musique très malléable que Jenx envoie dans les tuyaux, on a pas pour autant l'impression de se prendre un cube en pleine face mais plutôt un dodécaèdre (polyèdre à 12 faces) révélant les différents aspects de sa musique écoute après écoute. En témoignent particulièrement les séquences saupoudrées tout le long de l'album qui sont par moments mises en retrait alors qu'à d'autres elles sont plus largement appuyées ("Acht", "Kira").
A mi-parcours, "Mute" délivre (comme son nom l'indique) une piste exempte de paroles, un début quasi-lancinant, qui progresse doucement avant que le groupe ne fasse réapparaître sa vision martiale de la musique. Dans sa quête de confrontations de sonorités organiques à des réalisations plus industrielles, on perçoit aussi des intrusions tribales ("Crawling again", intro de "Falter"). Justement, à la fin du dernier titre ("Falter"), se trouve en piste cachée "Houses of pain", un morceau qui voit l'apparition des Tambours Du Bronx aux cotés de Jenx ! Et comme prévu, ça castagne fort, très fort !
Franchement, je ne vois pas quel titre serait à écarter de l'album, pour quelque raison que ce soit, puisque les Bordelais ont peaufiné leur travail de composition à la perfection. Il en est (évidemment) de même pour le mixage et le mastering, qui offrent un son permettant à Jenx de faire armes égales avec les grands noms de la scène internationale.
Au risque de se répéter par rapport à l'article sur Unusual, Jenx démontre qu'il possède une résistance à la traction très élevée et est tout aussi attirant que les cadors que sont Ministry, Fear Factory, Static-X, Nine Inch Nails ou pourquoi pas Rammstein, Spineshank et Punish Yourself. C'est tout à fait avec ce genre de disque que l'on peut dire que 2007 commence très bien !