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Né sous l'impulsion du couple Trent Reznor (aka Mr.Nine Inch Nails) / Mariqueen Maandig (femme de Mr.NIN), How to Destroy Angels voit le jour fin 2009 alors même que Reznor décidé de mettre son projet de toujours en stand-by provisoire. Rejoint par Atticus Ross (12 Rouds, producteur de... NIN), le groupe dévoile un premier single au printemps 2010 ("A drowning") avant de publier un EP éponyme quelques semaines plus tard.

How to Destroy Angels / Chronique LP > Welcome oblivion

How To Destroy Angels - Welcome oblivion Après un premier EP en tous points réussi et forcément prometteur pour la suite, How to Destroy Angels avait donc pris une petite respiration (le temps pour deux de ses membres phares de fonder une famille) avant de revenir sous les feux de la rampe, de signer un major (oui, l'info même digérée reste toujours aussi surprenante connaissant l'opinion de Trent "NIN" Reznor sur les poids lourds de l'industrie du disque) et de livrer un EP (An omen) dont on était ressorti moyennement convaincu. Pour bien des raisons. Un peu comme si à force de brouiller les pistes, le projet HTDA se cherchait encore à l'approche d'un premier album quand même attendu.

Lequel voit le jour, en major donc avec pour titre Welcome oblivion. Un nom que l'on peut interpréter de bien des manières et qui se révèle quoiqu'il en soit, chargé en signification pour une entité qui navigue encore dans l'ombre, omniprésente de l'iconique Nine Inch Nails, dont elle reste pour beaucoup un "simple" side-project. Alors, comme s'il s'était agi d'imprimer sa marque d'entrée de jeu, HTDA ouvre ce premier effort long-format avec un titre au groove électronique percutant, un feeling magnétique qui renvoie une minute quarante-deux secondes durant à un NIN post-moderne ("The wake-up"). Cette fois plus de doute, plutôt que de se chercher une identité bâtarde, le projet de Mr. & Mrs Reznor à la ville, assume désormais son héritage artistique. Et ce n'est pas plus mal.

Car après ce qui résonne comme un modèle d'introduction d'album, How to Destroy Angels poursuit avec le single "Keep it together", déjà entendu (comme du reste les morceaux "Ice age" et "On the wing") sur l'EP An omen et toujours aussi fascinant, puis un "And the sky began to scream" aux bricolages sonores savamment équilibrés, surtout pour un album de major rappelons-le. Les velléités expérimentales assumées, l'aspect rock industriel organique est de retour sur le morceau-titre "Welcome oblivion" : le groupe fait du Nine Inch Nails pur et dur avec "Too late, all gone" certes, mais l'excellence du rendu final tue la critique dans l'oeuf. Surtout qu'HTDA ne fait pas que cela, jouant la carte d'une électro-pop clinique aux beats clinquants (mais trop mainstream) ou d'une electronica synthétique et rétro-futuriste fracassante ("Strings and attractors"). Une manière de varier les plaisirs et désirs créatifs en ne faisant pas que du NIN-like, tout en assumant son background musical ("We fade away).

Quinze pistes de bonne voire très bonne facture parmi lesquelles on a cependant du mal à sortir un ou des hits incontournables (sans doute le point noir de l'album). Et même si le groupe ne déçoit jamais vraiment (quoique sur "Recursive self-improvement" peut-être un peu), qu'il livre une grosse cargaisons de titres efficaces aux constructions habiles ("The loop closes", "Hallowed ground"), force est de reconnaître que Trent Reznor et ses co-conspirateurs n'ont sans doute pas mis tout leur génie dans HTDA. Le réservant encore et toujours à Nine Inch Nails ? La question mérite d'être posée...

How to Destroy Angels / Chronique EP > An omen

How to Destroy Angels - An omen Après avoir défilé les majors en sortant des albums de Nine Inch Nails sous licence creative-commons (on se souvient des épisodes Ghosts I-IV et The slip) via un label "fantôme" (The Null Corporation), s'être assagi en se débarrassant de ses excès passé, avoir mis NIN en sommeil, monté un nouveau projet avec sa femme Mariqueen Mandig Reznor (sous le patronyme d'How to Destroy Angels), fondé une famille (également avec sa femme...), composé des bande-originales pour le cinéma avec un succès certain - il a été multi-récompensé avec son acolyte Atticus Ross pour The social network puis The girl with the dragon tattoo - Trent Reznor a, un peu à la surprise générale, validé un deal en major (Columbia Records) pour assurer l'avenir d'HTDA.

La réalité est sans doute qu'après avoir signé des scores pour le cinéma... des films produit par Sony Pictures Entertainment, propriétaire de Columbia (logique), le golden-boy du rock industriel US s'est vu offrir un pont d'or pour poursuivre une triple carrière excitante de compositeur pour le 7ème art, musicien confortablement épanoui (il a récemment annoncé la réactivation de NIN) et de scénariste pour la télévision (il développe depuis plusieurs années un projet de série TV dérivée de l'album Year zero pour la chaîne câblée HBO et a récemment annoncé vouloir en devenir le co-scénariste officiel...), les deux premières étapes lui ouvrant d'innombrables portes en même temps qu'elles confortent sa crédibilité au sein du système hollywoodien. La série ayant beau être apparemment un peu bloqué dans le très classique stade du "development Hell", Trent Reznor se replonge dans ce qu'il sait sans doute faire de mieux : la musique.

Première réalisation issue du deal étendu (on parle de plusieurs albums) conclu avec la major américaine, An omen, le deuxième EP d'How to Destroy Angels sort deux ans et demi après le premier, éponyme, et préfigure un album attendu un peu plus tard, toujours chez la même crèmerie (évidemment). Un premier titre qui se plonge dans la nébuleuse NIN/HTDA pour une immersion dans un univers aux contours incertains mais aux effluves sonores reconnaissables entre mille. Ce n'est évidemment pas du Nine Inch Nails mais on ne s'en éloigne quand même pas trop. Visuellement, c'est la même chose et on n'est plus du tout étonné de découvrir que le projet s'est mué de trio à quartet avec l'intégration officiel de Rob Sheridan (collaborateur de très longue date de Reznor en tant que directeur artistique/designer graphique/vidéaste, il a notamment participé à la conception de With teeth, Year zero, Ghosts I-IV, The slip...). Line-up légèrement modifié certes, mais pour l'instant, cela ne change rien au contenu (ou si peu) et "Keep it together" dévoile ses charmes ténébreux le temps d'un single évident à l'harmonie vénéneuse que va rapidement rompre la suite. "Ice age" se pose comme une digression expérimentale au gimmick rythmique un peu perturbant et "The sleep of reason produces monsters" est derrière son titre percutant, assez soporifique.

On se demande où HTDA veut exactement en venir avec cet EP qui se pose comme un exercice de style, sorte de défi lancé à la major sur laquelle le projet est signé... et qui doit encore se demander ce qu'il lui est arrivé avec le percussif mais bizarroïde "The loop closes" avant de réellement être à deux doigts de revoir le contrat en découvrant "Speaking in tongues". Heureusement qu'entre-temps, il y a eu l'envoûtant "On the wing", soit l'autre bonne surprise de cet EP kaléïdoscopique et bancal.

How to Destroy Angels / Chronique EP > How to destroy angels

How to Destroy Angels - S/t Six titres diffusé sur supports digital et physique, un mode de commercialisation alternatif calqué sur celui des oeuvres de Nine Inch Nails, un patronyme directement inspiré d'un morceau de Coil et un marketing viral qui marche à fond : Mr.Reznor qui fusionne avec sa compagne et son collaborateur de toujours au sein d'un projet parallèle à NIN et voici qu'How to destroy angels s'annonce sous les meilleurs auspices. Forcément, une échappée parallèle au projet culte que l'on ne présente plus, avec une voix féminine et une envie apparente (et affirmée) de proposer quelque chose qui sorte de ordinaire artistique auquel on a été habitué, impossible de ne pas s'y attarder. Surtout après les tentatives avortées, mais pourtant prometteuses, avec Maynard James Keenan (Tapeworm) puis Zach de la Rocha...

"The space between us", titre inaugural du premier EP (éponyme) d'HTDA est d'entrée une petite merveille. Comme ça, le trio lâche une première pépite histoire de montrer que sans s'affranchir réellement du style NIN (presque une marque déposée soit dit en passant), ce nouveau projet a de vrais atouts à faire valoir (et pas que la plastique certes agréable de Mariqueen Maandig...). Basses industrielles, précision clinique, arrangements soignés et un ensemble mélodique porté par le joli filet de voix de Mariqueen, l'élégance épurée de ce premier morceau permet au projet de naviguer à vue entre trip-hop enfiévré et rock indus en mode "ouaté". La classe. Débarque alors "Parasite" et on retrouve la griffe artistique atypique de maître Trent. Un beat qui hypnotise l'assistance, un mantra, qui par sa répétitivité capte toute l'attention avant de laisser transpirer sa trame électrique, tout juste mise en relief avec un chant cette fois réduit à sa plus simple expression. Du pur NIN dans le texte en sommes... donc forcément du grand art (ou presque).

Quoiqu'à ne pas se dissocier de son projet principal, Trent Reznor ainsi que sa moitié et son compère de toujours ont tendance à céder à la facilité. Sur "Fur-lined" qui ressemble quand même furieusement à "Only", l'un des singles du pourtant With teeth de qui vous savez... par exemple, voire "The believers", qui bien que plus tortueux se rapproche de par les ambiances qu'il instaure de ce que l'on a déjà pu entendre sur l'un des 27 Halos jusqu'ici publiés. Il faut bien l'admettre, l'ombre de NIN fait plus que planer sur HTDA, il s'insinue largement en lui jusqu'à en prendre partiellement possession. Mais, si sur les cinq premiers titres de l'EP, on nage dans des courants voisins de ceux d'un The downward spiral ou The fragile (avec quand même une mention spéciale au très beau "The space between us"), "A drowning", ultime titre de cet effort ne dérogera pas à la règle... sauf qu'il magnifie le travail du trio pour l'emporter dans des sphères qui nous rappelle combien Reznor (omniprésent ici) est l'un des artistes rock majeurs des vingt-cinq dernières années. Deux pépites incomparables, une poignée de compositions de qualité variable mais un minimum syndical plus que respecté, la première plongée dans l'univers d'How to Destroy Angels, si elle n'a rien d'un chef-d'oeuvre (attendu ?), en appelle forcément d'autres et se révèle être un bien joli intermède pour Mr.Reznor.

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