How To Destroy Angels - Welcome oblivion Après un premier EP en tous points réussi et forcément prometteur pour la suite, How To Destroy Angels avait donc pris une petite respiration (le temps pour deux de ses membres phares de fonder une famille) avant de revenir sous les feux de la rampe, de signer un major (oui, l'info même digérée reste toujours aussi surprenante connaissant l'opinion de Trent "NIN" Reznor sur les poids lourds de l'industrie du disque) et de livrer un EP (An omen) dont on était ressorti moyennement convaincu. Pour bien des raisons. Un peu comme si à force de brouiller les pistes, le projet HTDA se cherchait encore à l'approche d'un premier album quand même attendu.

Lequel voit le jour, en major donc avec pour titre Welcome oblivion. Un nom que l'on peut interpréter de bien des manières et qui se révèle quoiqu'il en soit, chargé en signification pour une entité qui navigue encore dans l'ombre, omniprésente de l'iconique Nine Inch Nails, dont elle reste pour beaucoup un "simple" side-project. Alors, comme s'il s'était agi d'imprimer sa marque d'entrée de jeu, HTDA ouvre ce premier effort long-format avec un titre au groove électronique percutant, un feeling magnétique qui renvoie une minute quarante-deux secondes durant à un NIN post-moderne ("The wake-up"). Cette fois plus de doute, plutôt que de se chercher une identité bâtarde, le projet de Mr. & Mrs Reznor à la ville, assume désormais son héritage artistique. Et ce n'est pas plus mal.

Car après ce qui résonne comme un modèle d'introduction d'album, How To Destroy Angels poursuit avec le single "Keep it together", déjà entendu (comme du reste les morceaux "Ice age" et "On the wing") sur l'EP An omen et toujours aussi fascinant, puis un "And the sky began to scream" aux bricolages sonores savamment équilibrés, surtout pour un album de major rappelons-le. Les velléités expérimentales assumées, l'aspect rock industriel organique est de retour sur le morceau-titre "Welcome oblivion" : le groupe fait du Nine Inch Nails pur et dur avec "Too late, all gone" certes, mais l'excellence du rendu final tue la critique dans l'oeuf. Surtout qu'HTDA ne fait pas que cela, jouant la carte d'une électro-pop clinique aux beats clinquants (mais trop mainstream) ou d'une electronica synthétique et rétro-futuriste fracassante ("Strings and attractors"). Une manière de varier les plaisirs et désirs créatifs en ne faisant pas que du NIN-like, tout en assumant son background musical ("We fade away).

Quinze pistes de bonne voire très bonne facture parmi lesquelles on a cependant du mal à sortir un ou des hits incontournables (sans doute le point noir de l'album). Et même si le groupe ne déçoit jamais vraiment (quoique sur "Recursive self-improvement" peut-être un peu), qu'il livre une grosse cargaisons de titres efficaces aux constructions habiles ("The loop closes", "Hallowed ground"), force est de reconnaître que Trent Reznor et ses co-conspirateurs n'ont sans doute pas mis tout leur génie dans HTDA. Le réservant encore et toujours à Nine Inch Nails ? La question mérite d'être posée...