How to Destroy Angels - An omen Après avoir défilé les majors en sortant des albums de Nine Inch Nails sous licence creative-commons (on se souvient des épisodes Ghosts I-IV et The slip) via un label "fantôme" (The Null Corporation), s'être assagi en se débarrassant de ses excès passé, avoir mis NIN en sommeil, monté un nouveau projet avec sa femme Mariqueen Mandig Reznor (sous le patronyme d'How to Destroy Angels), fondé une famille (également avec sa femme...), composé des bande-originales pour le cinéma avec un succès certain - il a été multi-récompensé avec son acolyte Atticus Ross pour The social network puis The girl with the dragon tattoo - Trent Reznor a, un peu à la surprise générale, validé un deal en major (Columbia Records) pour assurer l'avenir d'HTDA.

La réalité est sans doute qu'après avoir signé des scores pour le cinéma... des films produit par Sony Pictures Entertainment, propriétaire de Columbia (logique), le golden-boy du rock industriel US s'est vu offrir un pont d'or pour poursuivre une triple carrière excitante de compositeur pour le 7ème art, musicien confortablement épanoui (il a récemment annoncé la réactivation de NIN) et de scénariste pour la télévision (il développe depuis plusieurs années un projet de série TV dérivée de l'album Year zero pour la chaîne câblée HBO et a récemment annoncé vouloir en devenir le co-scénariste officiel...), les deux premières étapes lui ouvrant d'innombrables portes en même temps qu'elles confortent sa crédibilité au sein du système hollywoodien. La série ayant beau être apparemment un peu bloqué dans le très classique stade du "development Hell", Trent Reznor se replonge dans ce qu'il sait sans doute faire de mieux : la musique.

Première réalisation issue du deal étendu (on parle de plusieurs albums) conclu avec la major américaine, An omen, le deuxième EP d'How to Destroy Angels sort deux ans et demi après le premier, éponyme, et préfigure un album attendu un peu plus tard, toujours chez la même crèmerie (évidemment). Un premier titre qui se plonge dans la nébuleuse NIN/HTDA pour une immersion dans un univers aux contours incertains mais aux effluves sonores reconnaissables entre mille. Ce n'est évidemment pas du Nine Inch Nails mais on ne s'en éloigne quand même pas trop. Visuellement, c'est la même chose et on n'est plus du tout étonné de découvrir que le projet s'est mué de trio à quartet avec l'intégration officiel de Rob Sheridan (collaborateur de très longue date de Reznor en tant que directeur artistique/designer graphique/vidéaste, il a notamment participé à la conception de With teeth, Year zero, Ghosts I-IV, The slip...). Line-up légèrement modifié certes, mais pour l'instant, cela ne change rien au contenu (ou si peu) et "Keep it together" dévoile ses charmes ténébreux le temps d'un single évident à l'harmonie vénéneuse que va rapidement rompre la suite. "Ice age" se pose comme une digression expérimentale au gimmick rythmique un peu perturbant et "The sleep of reason produces monsters" est derrière son titre percutant, assez soporifique.

On se demande où HTDA veut exactement en venir avec cet EP qui se pose comme un exercice de style, sorte de défi lancé à la major sur laquelle le projet est signé... et qui doit encore se demander ce qu'il lui est arrivé avec le percussif mais bizarroïde "The loop closes" avant de réellement être à deux doigts de revoir le contrat en découvrant "Speaking in tongues". Heureusement qu'entre-temps, il y a eu l'envoûtant "On the wing", soit l'autre bonne surprise de cet EP kaléïdoscopique et bancal.