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Ho99o9 / Chronique LP > United states of horror

Ho99o9 - United States Of Ho99o9 Pas déçus (mais presque) par le seul disque que nous avons eu à chroniquer, soit le EP Horrors of 1999 sorti en 2015, il aura fallu quelques épreuves en concert (dont une prestation remarquée à Dour 2016) puis l'apparition de ce premier album (si l'on considère que Dead bodies in the lake n'en est pas un) pour prendre le pouls sur le message et les intentions d'Ho99o9, pour enfin finir par reconnaître que ce duo américain mérite vraiment le détour.

Détenteur d'une formule comprenant majoritairement du hip-hop dit expérimental ouvrant une petite place à quelques plages brûlantes de punk hardcore et à des tentatives électroniques, TheOGM et Yeti Bones renouvellent les ambitions du Deathkult. Si l'on ignore réellement si ce dernier est une secte, un monde parallèle, un style ou je ne sais quoi (OSEF), on sait que le duo continue de propager une terreur sonore malsaine à base de 999, d'une bonne dose de délires musicaux, mais pas que (à l'image de cette phrase prononcée par une gamine au début :"I pledge allegeance to the burning flag of the united states of horror and to the deathkult for which it stands"), et de messages pour le coup plus sérieux livrés à travers des textes en capitale et en gras sur le livret du CD ("You're not born racist, you are taught to be one" / "Your child will die because you let it happen").

Plus audible en général et bien mieux réalisé que son prédécesseur - on peut remercier au passage Francis Caste et Clovis XIV qui ont mixé et masterisé le disque au studio Saint-Marthe à Paris - United states of horror est une machine de guerre qui s'amuse à jouer sur différents terrains sonores, un salmigondis monté sur pièce par une multitude de producteurs aux manettes (notons David Andrew Sitek de TV On The Radio et Ian Longwell (Santigold) pour les plus connus) pour un résultat qui est paradoxalement franchement homogène et cohérent dans l'esprit. Les flows acerbes de deux acolytes habillent très bien chacun de ces 17 morceaux qui, un par un, incendient la platine. On se surprend même à agiter notre tête sur la trap de "Splash", qui pourrait être "easy" un morceau de Kaaris s'il était chanté en français. C'est pour vous dire comment les gars réussissent leur tour de force.

Assurément, United states of horror n'est pas un album qui fera l'unanimité de par sa nature, mais pour ceux dont l'oreille frétille lorsqu'on leur évoque à la fois Death Grips, Prodigy, Atari Teenage Riot, Bad Brains, Death (le groupe proto-punk) et... Kaaris, foncez les gars, et vite ! Sensations assurées.

Publié dans le Mag #30

Ho99o9 / Chronique EP > Horrors of 1999

Ho99o9 - Horror of 1999 Trois ans après sa fondation en 2012, le duo originaire du New-Jersey Ho99o9 (se prononce "Horror") peut se targuer d'avoir fait parler la poudre avec une musique, une attitude, et une image bien rodée (regardez donc leurs clips). En l'espace de deux ans, theOGM et Eaddy ont sorti 4 disques dont cet EP de 11 minutes qui nous est tombé dessus cet été : Horrors of 1999. Ca débute avec une torpille punk sonique et crado ("No regrets"), sorte de crossover punk-hip-hop doté d'une puissance de feu qui laisse présager du lourd pour la suite. "Day of vengeance" capte l'attention par son atmosphère neurasthénique et intrigante, comme un délire à la Stupeflip où les effets de voix graves et le beat lent hantent les sillons, un morceau qui malheureusement peine à convaincre.

Les "horreurs de 1999" prennent alors une petite pause avec un dialogue entre un homme et une femme en guise de "skit" puis enchaînent sur "P.O.W. (Prisoners of war)" qui relève légèrement le niveau. Ces fans de Rob Zombie nous plongent alors dans le dédale de leur '"horror hip-hop" avec un rythme bien gras, des sons indus-noise et des flows rageurs qui bouleversent un peu les âmes sensibles. Ho99o9 continue la démarche jusqu'au-boutiste de dévoiler une ambiance malsaine avec une interlude ("Gates of torment") puis termine déjà le disque comme il l'avait commencé, soit par un titre punk brut de décoffrage, aux antipodes du hip-hop. La boucle est bouclée...

Annoncé par le magazine Rolling Stones comme l'un des 10 nouveaux groupes à connaître en 2014, Ho99o9 brouille pas mal les étiquettes. Sa musique qu'on pourrait tenter de définir comme un mélange de celle des Bad Brains, de Death (le groupe de proto-punk), et de Death Grips, est polluée par l'indicible envie de ses géniteurs de jouer la carte du tout anti-conformiste et du j'm'en foutisme, quitte à brouiller la lecture du disque. Résultat des courses : on a l'impression d'avoir à faire à un EP pas tout à fait (voire pas du tout) terminé au sein duquel les idées bien présentes manquent de mises en valeur et de cohésion. Quelques chansons de plus ou des titres plus longs auraient sans doute été une partie de la solution pour le rendre moins plat et renforcer le propos dans son ensemble.