Retour avec du neuf pour Herrschaft qui était passée par la case remix (Time and dust) mais n'avait rien sorti de totalement nouveau depuis 2013. Ils ont emmagasiné un sacré parquet d'énergie parce que le moins que l'on puisse dire, c'est que ça pulse !
Gros blast d'électro, chant agressif, rythmique excitante, "Technosatan" mete la machine sur de bons rails et quelques soient les directions prises par le combo par la suite, ça reste sur la même voie. Pour cette première salve, un double chant féminin très éthérée vient donner beaucoup de hauteur au morceau construit sur des bases que ne renieraient ni Ministry ni Punish Yourself, un métal indus aussi percutant qu'enlevé, la grande classe pour commencer. Une des forces de ce nouvel album est de conserver sa ligne directrice tout en donnant à d'autres la possibilité de se fondre dans la masse Herrschaft, vient ainsi copuler François Duguest (Glaciation, Diapsiquir) qui place de délicates notes de synthé sur "How real men do" pour montrer que l'amour de l'EBM peut se marier à d'autres envies. Il faut donc attendre la troisième plage pour se retrouver seuls avec le groupe qui en profite pour explorer différents sons (plutôt assez froids), différents chants (des chœurs grégoriens face à un anglais vindicatif mais clair) et varier les rythmes. Bien plus rock dans son attaque, "But I know" met en avant les guitares, le nappage et l'inévitable sample de voix que tout bon groupe métal indus se doit de placer quelque part. Au cœur de la bête, on retrouve le titre qui donne son nom à l'album, "Le festin du lion" est en français et reçoit le flow d'El Worm (Wormfood) qui démontre que notre langue n'est pas forcément une mauvaise idée. "New world order" n'est pas une cover de Ministry (dont le Psalm 69 : the way to succeed and the way to suck eggs reste pour autant une solide référence), c'est un passage assez tranquille qui permet de souffler quelque peu et de reprendre des forces avant de se désarticuler à nouveau avec "Behind this smokescreen" et un des meilleurs morceaux de la galette à savoir "The great fire" qui voit la participation d'Etienne (de Shaârghot) et nous offre un refrain entraînant pour un ensemble assez jouissif. La fête continue avec "The white russians" (et la venue de Baptiste Bertrand échappé de Zus), ode aux soirées arrosées et aux bons vivants qui n'oublie pas ceux que la vie et un connard ont fauché. Si tu n'avais pas ta doses d'électro ambiance eighties, "Hate me" arrive à point pour te rassasier, l'ultime track laisse de la place à d'autres vieux amis comme Dany Boy (ex-Triste Sire avec qui ils partagent le projet Je T'Aime) et Jessy Christ (Dead End Candies, qui a déjà participé à d'autres titres au chant, réalisé quelques remixs et joue de la basse pour eux en studio) dont les voix apportent encore d'autres atmosphères mais ne dénaturent pas la globalité de ce festin où tu peux toi aussi te régaler.
Cette année 2019 est donc déjà un bon cru pour celui qui apprécie le métal indus (Oomph! en janvier, Shaârghot en février, Rammstein en mai, Combichrist et donc Herrschaft en juin...), un style qui sait toujours combiner lointaines racines (les années 80 !) et puissance moderne.
Publié dans le Mag #38