Guns Of Brixton - Cap adare Guns of Brixton joue une musique non conventionnelle dans un pays où le rock et encore moins le dub n'émeuvent les foules, à la crise du disque, la crise des lieux culturels s'est ajoutée la crise tout court... Pour ne pas crouler sous les dettes, les Caennais ont cette fois-ci décidé de ne pas faire presser leurs compositions et de directement les livrer au format numérique... Après tout, puisque tout le monde consomme du MySpace et du Mp3, préfère télécharger et graver, autant jouer la carte du virtuel à fond. Et si ça revient moins cher à tout le monde, on a tous à y gagner... à condition de respecter les règles.
Pour ceux qui auraient raté les premiers épisodes, Guns of Brixton est un groupe d'aventuriers, partagé entre le rock, le punk et le dub et pour ce nouvel opus, ils ont mis de côté leur humour (en partie, hein) et leur science du jeu de mot mage (In. Dub. Out, Near dub experience) et oublié de placer le "dub" (on le trouve quand même en milieu de track list : "Dub's not dead"), il faut dire que ce Cap Adare est certainement leur album le moins marqué par ce style et un des plus aventureux... d'où ce nom qui appartient aussi à un petit coin de l'Antarctique qui a servi de base lors de nombreuses explorations. Qui dit "moins dub" (même si on retrouve évidemment pas mal des gimmicks qui font la force du genre), dit "plus rock" et en l'occurrence, plus "post-rock" voire "punk-rock", quand il est instrumental, l'album de Guns of Brixton nous emmène assez loin à la découverte de paysages méconnus et d'ambiances bien plus chaudes que celles du pôle sud. Mais entre les invités et leurs prises de micro, il arrive que le chant nous malmène et nous ramène à notre réalité, telle la fin de "Cannibale" qui vient nous arracher à nos rêves après deux plages somptueuses aux riffs enveloppés et aux vertus relaxantes. La guitare incisive de "The burden of betrayal" est de toute beauté, le renfort de Marc des SugarTown Cabaret et les breaks sans saturation font de ce morceau un des sommets de l'opus. L'inquiétude monte avec "A sound that never sets" et on vit ensuite "8 minutes au Cap Adare", une nouvelle escalade, en compagnie de Bruno et Sam des Rat'sveltes, et à l'arrivée, des écorchures chantées qui font hérisser nos poils. Quand Pierre et Thomas des Burning Heads déboulent ("Another strange day of life"), on retrouve l'essence du combo à savoir un mix entre le dub old school et un punk bastonnant la caisse claire, c'est un bon moment mais je préfère quand les Guns of Brixton la jouent moins collectif et se laissent dériver (parfois un peu trop loin, en témoigne la partie "chantée" de "20 000 lieues sous l'éther") et la compo n'a pas forcément besoin de faire plus de 5 minutes pour nous transporter ("Last coma after a slow dance"). "Ajoute l'enfer" nous fait quitter Cap Adare, dans le bateau sont montés quelques samples, Bruno de Ravi et des cloches qui sonnent le glas d'un album magnifique.