godflesh_pure.jpg Pure... Etrange notion que celle de la pureté chez les anglais de Godflesh. Après le monstre Streetcleaner, la paire d'EP's Slateman/Slavestate et le maxi Cool world EP, voici que Justin K.Broadrick et ses camarades de jeu remettent le couvert avec un album à l'artwork parfaitement cohérent avec le contenu du disque : glacial, boueux, déviant et chaotique. Un peu de tendresse dans ce monde de brute ? Godflesh répond à la brutalité par la sauvagerie... Chacun sa méthode. Implacable et grandiloquent. "Spite" ouvre le feu et tout de suite, ça calme. Section rythmique ardente d'une précision métronomique, riffing diabolique, chant hargneux, le monolithe industriel se dresse devant nous, prêt à nous matraquer les neurones jusqu'à imposer définitivement sa loi. Niveau son, la prod est meilleure que Streetcleaner, mais le disque, jouant sur sa répétitivité, se révèle au moins aussi oppressant que son prédecesseur. Machine de guerre à la mécanique parfaitement huilée et aux lignes de guitares lancinantes à souhait Pure est de ces disques que l'on aime ou que l'on déteste. Il n'y a pas de compromis et c'est exactement ce que cherche le groupe ("Mothra"). Diviser pour mieux régner. Morceau d'anthologie, "Predominance" synthétise à lui seul l'essence de la musique de Godflesh.
Un son sursaturé qui va chercher l'émotion brute au plus profond de nos entrailles, une hydre industrielle aux riffs se régénérant d'eux-même à l'infini pour finir par prendre possession de notre être. Un monstre à la férocité sans nom (le vénéneux "Pure") bien décidé à en finir avec nous quoiqu'il en coûte. Le soleil disparaît, le ciel s'assombrit, s'ouvrant au-dessus de nos têtes, laissant apparaître l'imminence du chaos. Le sol se lézarde, l'enfer est à présent sous nos pieds, "Monotremata" nous entraîne dans des profondeurs abyssales, effluves mélodiques qui coulent le long des parois rocheuses comme de la lave en fusion annonciatrice d'une véritable éruption à venir. Le chaos est proche... Aux porte du royaume d'Hadès, au croisement du Styx et de l'Achéron, Godflesh déploie des instrumentations massives, insuffle une noirceur indicible à un ensemble d'une fascinante cohérence ("Love, Hate (Slugbaiting)"). Metal indus tellurique nappé de shoegaze rougeoyant, lourd, clinique, psychotique ("Baby blue eyes", "Don't bring me flowers"), le son "made in Godflesh" trouve ici son apogée. Jamais la science du rythme n'aura été aussi étudiée, rarement aura-t-on vu une telle machine de guerre aux rouages parfaitement huilés (à part Ministry et NIN sans doute...). Et pourtant l'évidence se pose là : Pure est une "master-piece" à la puissance émotionnelle rare ("Pure II"). Tympans sensibles et dépressifs chroniques s'abstenir.