Garbage - Version 2.0 Le 11 mai 1998 sortait Version 2.0, deuxième opus de Garbage qui avait la très lourde tâche de prouver au monde que l'album éponyme sorti deux ans plus tôt n'était pas qu'un coup de chance. Parce que le monde du rock avait été sérieusement ébranlé par l'apparition de ce groupe, présenté comme celui de Butch Vig, jusque-là connu pour son travail extraordinaire de producteur (The Smashing Pumpkins, Sonic Youth ou Nirvana lui doivent énormément), le batteur est accompagné d'une frontwoman électrique à la voix ensorcelante, Shirley Manson, et de deux guitaristes Steve Marker et Duke Erikson (qui pour le coup, joue de la basse). Après le tremblement de terre provoqué par les nombreux tubes électro-rock ("Queer", "Only happy when it rains", "Stupid girl"...), il fallait confirmer. Rebelote 20 ans après parce que l'album éponyme a eu le droit à son édition anniversaire "Deluxe" et qu'il fallait être au niveau pour la suite.

Ça n'a pas dû être trop difficile pour le combo de bosser sur les bonus étant donné qu'à l'époque, alors que l'enregistrement s'était étalé sur presque une année, entre mars 97 et février 98, Butch Vig déclarait avoir de quoi sortir 5 albums ! Sur la centaine de morceaux disponibles, on a donc un deuxième album en plus du premier. L'original, tu le connais forcément, il est ici simplement remasterisé (oui, même le travail de Howie Weinberg peut être revu et actualisé) même si les hits qui le composent n'ont pas pris une ride, il est toujours aussi impossible de résister à "I think I'm paranoid", "Push it" ou "When I grow up". Pour l'album bonus, c'est une compilation de B-Sides et de raretés que les fans acharnés connaissent déjà mais qui ne manque pas d'intérêt si ce n'est le "Get busy with the fizzy" assez étrange et qui sort un peu du cadre, même pour une B-side ("You look so fine" était mieux épaulé par "Soldier through this"). Dans ce rayon-là, on met en avant les deux covers réalisées à l'époque, celle de The Seeds ("Can't seem to make you mine") qui partageait l'affiche avec l'excitante "Tornado" sur l'EP "When I grow up" et celle de Big Star ("Thirteen") déjà dispo sur l'édition japonaise et sur le single "Push it" tout comme "Lick the pavement", titre qui lui, aurait bien eu sa place au cœur de l'album. Il en va de même pour l'excellent "13 × forever" qui donne la pêche au sein duquel Shirley use de ses charmes sur une dynamique implacable. "Deadwood" et "Afterglow" (tous deux parus au dos de "I think I'm paranoid") sont bien plus cools, presque trip hop, on comprend le choix du combo de ne pas les avoir conservés sur Version 2.0 pour ne pas être accusé de trop s'endormir sur leurs lauriers. Enfin, la version acoustique de "Medication" reste un petit bonheur de délicatesse.

Si cette réédition est fort sympathique, les fans hardcore se plaindront (comme toujours) de n'avoir qu'une compilation de raretés aisément trouvables sur internet alors que Garbage et Butch Vig doivent avoir à leur disposition un stock considérable de bandes encore non travaillées qui pourraient devenir d'autres excellents morceaux inédits.