Indus Indus > Front Line Assembly

Biographie > F.L.A

FLA, trois lettres qui ont pesé sur la scène indus des vingt dernières années. Parce qu'il faut bien admettre une chose, quand on essaie de se la jouer érudit en parlant de références incontournables en matière de musique industrielle, citer Ministry ou Fear Factory dans la catégorie métal/indus qui tabasse, Nine Inch Nails pour le rock dopé aux machines et les Young Gods pour tout le reste, c'est bien..., oublier au passage Front Line Assembly (ou Frontline Assembly, on peut écrire les deux...), torpillera sans aucun doute la conversation. Car s'il est une chose communément admise, c'est bien que la formation canadienne est depuis 1986, date de sa création, à l''éléctro-indus ce que la crème anglaise est à l'île flottante, son essence. Initié voilà quasiment vingt ans (au moment où sont écrites ces quelques lignes...) par Bill Leeb (ex- Skinny Puppy, une autre référence au rayon indus), Front Line Assembly n'est au départ que le projet solo d'un musicien désireux de s'affranchir du poids que suppose la vie de groupe.
S'ensuivent deux démos plutôt prometteuses Nerve war et Total terror) puis Leeb est rejoint par Michael Balch avec lequel il va sortir le premier album de FLA : The initial command. Un demi-succès qui 'entament pas un instant la détermination du duo, lequel devient trio avec l'incorporation de Rhys Fulber au sein du groupe. State of mind, le deuxième album de l'entité Front Line Assembly sort en 1988. Déjà le groupe parvient à éviter l'écueil de l'EBM branchouille et mélange subtilement rythmiques éléctro dance-floor et textures indus plus expérimentales... Un grand groupe est en train de naître mais Michael Balch le quitte pour rejoindre Ministry et Al Jourgensen. Le groupe est définitivement sur de bons rails, le groupe aligne les disques (Convergence, Gashed senses and crossfire) et multiplie les side-projets et autres collaborations les plus variées (Delerium, Intermix notamment). Entre 1990 et 1992, Front Line Assembly est à son apogée et livre deux efforts de référence de la scène éléctro-indus : Caustif grip. puis Tactical neuronal implant. Le premier est une pépite éléctro-gotho dansante, le second un brûlot cyberpunk technoïde. Deux véritables coups de maîtres. Le problème avec ce type de disque de référence, c'est qu'il est difficile de réitérer pareille performance à chaque album et peu à peu, FLA va s'enliser dans les perpétuelles réorientations de sa musique. Les albums se suivent, trouvent leur public, sans pour autant arriver à la hauteur de leurs prédécesseurs, le projet Delerium prend de plus en plus d'ampleur et finalement, en 1997, Rhys Fulber quitte Leeb pour se consacrer à son nouveau bébé : Conjure One. Il est alors remplacé par Chris Peterson. FLAvour of the week, Re-wind ou Implode sortent successivement, le groupe se maintient grâce à ses acquis et à explorant souvent de nouvelles voies au sein de la musique éléctronique.
2001, Delerium, le projet de Bill Leeb est en passe de supplanter définitivement FLA et les albums du groupe n'ont définitivement plus la même saveur qu'autrefois Epitaph. Qu'est ce qui peut encore sauver Front Line Assembly ? La question se pose, la réponse est tout trouvée mais personne n'ose encore l'imaginer, jusqu'à ce que la rumeur commence à se propager fin 2003 aux quatre coins de la toile internet : Rhys Fulber is back. On se prend alors à rêver d'un retour aux grandes heures du groupe mais là ou l'on attendait une montagne, c'est une petite souris qui vient faire redescendre les die-hard fans sur Terre lors de la sortie de Civilization, un disque qui n'enthousiasmera finalement pas grand monde. 2006 pourtant, alors qu'on ne l'attendait plus, le groupe canadien sort un énième album avec Artificial solider et remet les choses au clair, il n'est pas encore mort, loin s'en faut.

Front Line Assembly / Chronique LP > Artificial soldier

fla_artificial_soldier.jpg Après un come-back, disons le honnêtement, raté, Front Line Assembly revient encore une fois sur le devant de la scène avec un énième opus baptisé Artificial soldier. Et les plus blasés et déçus de rechigner à glisser la galette dans le lecteur. Erreur. Là où l'on craignait légitimement le pire, on n'aura droit qu'au meilleur de la formation canadienne. Parce qu'il faut savoir une chose, c'est que la machine FLA, grippée sur le précédent effort studio, est de nouveau formidablement huilée. Et les rouages de son éléctro-indus synthétique et cybernétique sont parfaitment dérouillés. On s'enfile en quelques minutes "Unleashed" ou "Beneath the rubble", en passant par le très bon "Low life" et déjà le rythme implaccable des canadiens en laisse plus d'un sur les rotules. Le souffle court, le rythme cardiaque au taquet, on attend la suite avec impatience. On aura droit à une véritable déflagration... chirurgicale, celle-ci nous transportant du même coup par ses beats éléctro groovy, dans une transe sensorielle et hypnotique, complètement hallucinée. Encore une fois, ça ne va pas durer. D'une froideur quasi clinique, l'implacable "Descention" nous ramène violemment à la réalité. L'imposante architecture musicale de FLA en impose et ses mélodies viennent se visser dans nos esprits jusqu'à ne plus pouvoir s'en extirper. Bande-son cinématographique rêvée pour un thriller cyber-metaphysique façon Matrix ("Buried alive", "Dopamine"), Artificial soldier est à l'image de son artwork : la fusion transversale de l'homme et de la machine. Une alliance contre-nature et pourtant fructueuse tant cet opus regorge de véritable bombes éléctro-indus. La technique est rôdée, on prend son temps pour livrer une intro toute en ambiances et atmosphères synthétiques, puis on lâche la bête pour l'assaut fatal ("Social enemy" et sa rythmique effrenée). Et à ce petit jeu, rares sont ceux qui en sortent indemnes. D'autant que les miraculés (ceux-là même qui se seront donnés la peine de laisser une chance à cet album de les convaincre malgré leurs réticences), prendront en pleine face un "Futur fail" rampant, insidieux, tectonique et définitivement entêtant. Par carboniser les dance-floors éléctro-goth indus, les canadiens font bien les choses et posent avec "The storm", une vraie mine dans le genre : "on envoie la sauce pour faire se tremousser les foules". Un titre purement commercial, facile et d'une rare efficacité, comme l'est le titre final de cet Artificial soldier : "Humanity (World war 3)", une piste longue de près d'un quart d'heure, entre ambiances troubles, beats glaçants et arrangements oppressants (on pense au travail de Danny Lohner sur la bande-son de Saw) . La quintessence de ce qu'est le son FLA, au travers d'un album à la fois riche et simple, d'une maîtrise formelle effarante et où l'efficacité prime sur toutes les autres considérations expérimentales.
Et finalement, qui aurait cru que l'un des tous meilleurs albums de musique industrielle de 2006 serait l'oeuvre d'un groupe dont plus personne n'attendait grand chose... ? Front Line Assembly l'a fait, il s'est remit en selle après un échec artistique total. C'est aussi à ça que l'on distingue les grands groupes des éphémères.

Front Line Assembly / Chronique LP > Civilization

fla_civilization.jpg Dix huit ans après la naissance du projet, Front Line Assembly est à un nouveau tournant de son histoire, celui jalonnée comme pour la très grandes majorité des groupes de changement de line-up. Cette fois, celui-ci est d'importance, puisque ce n'est rien moins que Rhys Fullber, l'autre tête pensante du groupe (avec Bill Leeb), qui revient tâter de la machine du côté de FLA. Come-back attendu, espéré et donc qui a ravivé autant d'espoirs qu'il a fait naître d'exigences nouvelles chez les amateurs, ce retour vient sensiblement modifier la donne au sein du groupe. Avec tout ce que cela suppose d'aspects positifs comme négatifs. D'entrée, ça commence plutôt fort, la puissance technoïde du groupe est de retour sur "Psychosomatic", Fullber n'est aucunement rouillé et il impose ses rythmiques éléctro implacables sans sourciller (l'imposant "Maniacal"). FLA est-il redevenu ce qu'il était il y a quelques années auparavant ? Oui, mais pas complètement. Loin s'en faut, se laissant aller à des velleités plus mainstream, tendant par moments, le groupe se fait par la suite moins incisif moins percutant et cède dangeureusement à la facilité. En explorant des voies electro-world marshmallow, Front Line Assembly s'éloigne de son terrain de jeu de prédilection et perd lentement mais sûrement pied. Pourquoi les canadiens ont-ils entamé cet album de la meilleure des manières pour bifurquer dans le plantage total ? La question mérite d'être posée. Sans doute que pour son retour, le père Fullber a voulu la jouer original et suprenant. Il aurait peut-être (sans doute) dû s'abstenir tant la deuxième partie de ce Civilization ressemble à s'y méprendre à un long chemin de croix musical. Après avoir mis en route avec deux titres hargneux et rentre-dedans, inspirés et efficaces, FLA a donc fait le choix de changer son fusil d'épaule et de livrer des compositions (très) légères, faciles à digérer mais qui restent pourtant sur l'estomac (le très bien nommé "Parasite"). Et finalement pour un come-back, Fullber aurait pu (presque) rester à la maison ou alors, se contenter d'un single double face avec les deux premiers titres de cet album au goût finalement amer. Un retour raté mais qui curieusement sera suivi d'un étonnant rétablissement (Artificial soldier) de la part d'un groupe qui a décidé de faire de la résistance...