Après un très décevant deuxième album, Justin Broadrick enchaîne avec un EP composé de quatre titres, ou plutôt quatre plages sonores, ambient, bruitistes et absolument minimalistes. De longs (interminables ?) tunnels musicaux aux entrelacs elliptiques dans lesquels l'anglais tente en vain de nous guider. Rien n'y fait, même avec toute la bonne volonté du monde, on se perd dans des dédales sonores aux issues bien incertaines. D'"Arise" au très court titre éponyme de cet EP (1 minute et 23 secondes seulement), on cherche la lumière, on explore les moindres recoins de cet univers étrange se nourrissant d'abstractions. Sans grand succès. Que cherche à faire Broadrick ? Sans doute est-il le seul à avoir la réponse. Peut-être a-t-il voulu écrire sa propre bande-son du film Solaris du cinéaste russe Andrei Tarkovski, une ode métaphysique de science-fiction adaptée du roman Stanislav Lem. Un film qui pose les bases d'une profonde réflexion sur la dualité science/conscience et qui développe une question : l'homme a-t-il réellement la capacité de comprendre les enjeux de l'univers ? A défaut d'univers, même en réduisant la voilure à cet EP, le constat est sensiblement le même : sans doute que non, ou tout du moins, pas toujours. Et si "Light" nous plonge dans la perplexité, seul "Dying star" parvient à nous sortir de notre léthargie. Boucle hallucinée, abstract électro tortueux se muant lentement en un ambient stratosphérique avant de mettre un terme à cette expérience sonique dans un final drone noise aux larsens fulgurants. Vingt huit minutes et des poussières de bizarrerie sonique échevelée. Une réussite, la seule de ce Solaris dont on ressort avec l'impression d'avoir assisté aux expériences les plus bruitistes d'un compositeur hors pair, mais enfermé dans un laboratoire de recherches musicales sans fenêtre et qui finit par perdre un peu le fil de son cheminement artistique. Ascétique, exigeant (chiant diront-certains et ils n'auront pas toujours tort), après deux albums et un EP, force est de constater que Final commence à tourner sérieusement en rond.
Chronique EP / Solaris
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