final_one.jpg Retour en arrière : nous sommes en 1993, après trois albums, un éponyme, Streetcleaner, puis Pure, Godflesh a balayé la scène metal industriel d'un revers de main et s'est imposé comme le nouveau fer de lance du genre. Justin Broadrick est devenu l'un des pionniers du petit monde des musiques expérimentales et après avoir initié ou participé aux projets God, Ice et Techno Animal, peut enfin sortir le premier album de son projet de jeunesse : Final. Un Fall of Because 2 ? Un ersatz de Godflesh ? Absolument pas. Rien à voir, ou si peu.
Si Broadrick mène son projet et cet album avec le souci permanent de développer des ambiances minimalistes et intrigantes assez éloignées des sphères musicales de son projet principal, ce n'est pas pour rien. L'anglais ne veut pas refaire ce qu'il a déjà fait par ailleurs. Une intro jouant avec les silences ("Fall"), des cloisons sonores qu'il se plaît à abattre pour construire patiemment une architecture musicale abstraite aux effluves cosmiques ("Light underground, dark overground" et ses quelques vingt-trois minutes d'expérience sensorielle hypnotique). Un ambient rituel et spatial, aux collages sonores imprévisibles, dont on ne sait jamais trop où il va bien pouvoir nous emmener, Final est un projet musical aux infinies possibilités qui sied donc parfaitement à la boulimie créatrice de son géniteur.
Des ambiances qui semblent sortir du temps, nous transportant dans une dimension parallèle aux motifs inconnus et à la géométrie musicale variable. De longues voire interminables plages sonores qui parfois peuvent laisser de marbre (l'infâme "Despotic") et d'autres fois nous plonger dans une torpeur envoûtante, un coma artificiel ("Awake but numb") nous offrant une pleine conscience de ce qui nous entoure. Final est un projet au magnétisme énigmatique ("Hold me") qui parfois rebute, d'autre fois fascine. Unique, personnel et sans concession. L'intransigeance artistique est à ce prix.