Fever Ray - Radical Romantics On ne va pas passer par quatre chemins, la suédoise Karin Dreijer est l'une des chanteuses que j'affectionne le plus dans la sphère "musique actuelle". Et ce, dès la découverte de Deep cuts de The Knife, le projet qu'elle tient depuis 1999 avec son frère Olof et qui l'a révélé au monde entier (avant ça, elle était une chanteuse inconnue dans un groupe nommé Honey Is Cool qui comptait quelques figures de la musique rock-pop indé suédoise). À partir de cette année 2003, et de manière totalement inattendue, je l'ai retrouvée sur des albums d'artistes jouissant de la faveur de votre serviteur comme The understanding et Junior des Norvégiens Röyksopp, mais également sur Vantage point de dEUS. J'ai même découvert qu'elle avait collaboré avec The Bear Quartet, une autre formation scandinave présente dans ma discothèque grâce à l'excellent Angry brigade, un petit bijou power-pop sorti en... 2003 ! Et puis, au milieu de tout ça, j'avais loupé un truc, un gros truc même : qu'elle avait un projet solo nommé Fever Ray depuis 2009 et que Radical romantics, sorti cette année, est son troisième album. Toute ma reconnaissance va donc au label PIAS, chargé de la mise en lumière de cette sortie en France.

La première conclusion que m'inspire ce Radical romantics, c'est que Karin Dreijer est comparable à bien des égards à Björk. Son timbre de voix parfois modulable et sa manière de chanter et de clamer les mots sont uniques. Inimitable, j'ai presque envie de dire. On reconnait tout de suite cette grâce et cette émotion vocale à la fois curieuse et irrésistible, qu'elle pourrait sans problème nous faire changer d'avis sur des instrumentations qu'on estime peut-être moins à la hauteur que d'autres. Ensuite, il y a cette envie de jouer des personnages mystérieux. Sur ce troisième album, la Suédoise est travestie en homme et nous parle de désir et d'amour, parfois avec une voix elle-même travestie par des effets qu'elle subit, comme sur l'inaugurale et inquiétante "What they call us". Tout ça entoure et nourrit la thématique d'un disque hétéroclite qui a bénéficié d'invités prestigieux tels que son frère Olof The Knife, Trent Reznor et Atticus Ross de Nine Inch Nails, Nidia, Aasthma, Vessel et l'artiste visuel Martin Falck. Enfin, le goût du risque est présent chez la Suédoise, cette envie d'exploration musicale continue démontrée ici par une musique raffinée et singulière qui râtelle un peu tout ce que la pop électronique nous a offert de mieux ces quarante dernières années, que ça soit de la synth pop, de la coldwave/indus-pop, de l'electronica ou même de la techno-pop. Un bouillon qui régale !