Au départ il y avait Frenzy of the absolute, supposé dernier chapitre de la trajectoire musicale atypique de Fear Falls Burning, ce projet très personnel et très expérimental du prolifique Dirk Serries. Ça, c'était en 2008 et cette entité semblait être, selon les voeux de son créateur, parvenu à son "terme", après tout de même une petite vingtaine de productions... en trois ans seulement. Puis, le très pointu Tonefloat Recordings (Bass Communion, Final, Vidna Obmana...) se mit en tête de rééditer plusieurs des oeuvres de FFB, jusqu'à susciter un intérêt grandissant (c'est quand même le genre de trucs que l'on ne découvre pas sans s'y être au préalable un peu préparé) et donner envie à Dirk Serries de lui donner une conclusion digne de ce nom.
Exigence et profondeur de champ dans l'écriture de ses compositions : Fear Falls Burning manie l'ambient comme un horloger règle ces montres. Millimitré, chirurgical même s'il n'en donne pas toujours l'impression, l'air de pas vraiment y toucher. Sur le premier quart d'heure de l'album, qui tient sur une seule et même piste, "The roots of rebellion", il développe une musique portant la marque d'un esprit autrefois torturé mais désormais plus apaisé. Plus conscient sans pour autant être résigné. Et si le titre du morceau évoque quelque chose d'assez punk dans l'âme, rien ne transparaît à l'écoute de ces quinze minutes et quatorze secondes d'une symphonie ambient parsemée de quelques mouvements de cymbales, manifestations percussives d'une première piste sonore voulant maintenir son auditeur dans un état d'éveil semi-conscient, une torpeur narcoleptique que vient prolonger la suite immédiate de cette pièce inaugurale : "Virtue of the vicious".
Disorder of roots est ainsi une oeuvre qui prend peu à peu, volontairement ou pas, l'apparence d'un bande-son de film, celle d'un long-métrage en forme de road-trip erratique dont on imagine la bobine se dérouler sous nos yeux. En témoigne le très beau et languissant "Chorus of dissolution" qui parvient à rendre la musique de FFB plus "accessible" qu'à l'accoutumée. On nage presque dans des eaux post-rock et ces volutes ambient évanescents qui enveloppent alors l'auditeur "ne font" qu'accroître inexorablement ce sentiment d'abandon qui s'immisce peu à peu en lui. On se dirige alors vers une longue mais envoûtante sortie de scène en forme d'apothéose cotonneuse et c'est là que l'on se souvient qu'au casting du "backing band" entourant Dirk Serries sur ce Disorder of roots, on trouve Frank Kimenai (Anaphylactic Shock), Phil Petrocelli (Jesu, Jarboe), Tim Bertilsson (Switchblade), Magnus Lindberg (Cult Of Luna) et Michiel Eikenaar (Nihill), soit quelques éminents spécialistes ès musique(s) d'écorchés vif. Mais pas que évidemment... même si du coup, il n'est plus si surprenant d'être complètement retourné par l'effrayant final de l'album. Cet "I provoke disorder" vénéneux et lardé de fulgurances black metal assez insoutenables pour le non-initié. Effet garanti et rupture radicale avec les atmosphères des épisodes précédents, un petit twist final osé certes mais à l'image du maître d'oeuvre de Fear Falls Burning : insaisissable.
Indus >
Fear Falls Burning : Chronique LP
Disorder of roots
Fear Falls Burning
LP : Disorder of roots
Label : Tonefloat Recordings
Date de sortie : 06/04/2012
LP : Disorder of roots
Label : Tonefloat Recordings
Tonefloat Recordings (380 hits)
Date de sortie : 06/04/2012
The roots rebellion
Virtue of the vicious
Chorus of dissolution
I provoke disorder
Virtue of the vicious
Chorus of dissolution
I provoke disorder
Note : les commentaires appartiennent à ceux qui les ont postés. Nous n'en sommes pas responsables.
Pas encore de commentaires