Sorti uniquement en vinyle au cours de l'année 2006 (dans une édition aujourd'hui épuisée), The carnival of ourselves se voit réédité en ce premier trimestre 2009 par le biais d'une édition CD livrée dans un digisleeve classieux et élégant via Tone float Recordings, un label néerlandais connu des spécialistes pour abriter quelques uns des plus fascinants représentants des musiques drones/ambient/psyché expérimentales et underground (Anja Garbarek, Kingfisher Sky, Sand Snowman, les side-projects de Steven Wilson - Porcupine Tree...). Drone, le mot est lâché. S'il excite l'épiderme des uns, il intrigue et/ou rebute les autres qui voient là une musique narcoleptique, inutilement languissante, stérile et inspide, en clair : chiante à mourir. Ce qui n'est pas forcément faux... De nappes interminables en éloges bruitistes du néant absolu, de circonvolutions nombrilistes en simili crescendo noisy égocentriques, il est vrai que parfois, on peut se perdre en navigant à vue au coeur du mouvement drone. D'autant que l'une des caractéristiques particulières du genre et de livrer des albums composé de deux/trois plages maximum, pour une grosse heure de musique et ce, à raison de 5/6 sorties par an. Pour faire court, c'est rapidement roboratif et ce n'est pas forcément facile d'accès. Pas du tout même.
Mais pour qui exerce sa curiosité à affronter, on ne pourra que conseiller le projet Fear Falls Burning. Car s'il n'est pas du tout le plus accessible, il est assurément le plus riche, le plus soigné des projets drone, ne serait-ce parce qu'il ne se limite jamais à un quelconque genre précis et se laisse volontiers aller à expérimenter son art au sein des courants noise, ambient et indus, parfois même avec une petite touche doom. En témoigne notamment les collaborations avec Nadja ou des membres de Switchback et Cult of Luna (sur l'album Frenzy of the Absolute). Une richesse qui offre le luxe à Dirk Serries, architecte et maître d'oeuvre du projet, de pouvoir mettre sa très grande productivité au service d'un renouvellement artistique perpétuel. Ici, exit les nappes noise saturées, "The carnival of ourselves part I" est une première piste languissante et lumineuse, qui fait traverser à l'auditeur, un univers étrang et, diaphane aux progressions aussi énigmatiques qu'hypnotisantes. L'idée directrice est apparemment ici de nous enfermer dans une sorte de réalité parallèle, un univers fait d'ellipses musicales au caractère pourtant obsédant. Si l'on reste un peu sceptique, on ne peut s'empêcher d'en demander plus. La plage suivante a pour titre... "The carnival of ourselves part II" (c'est d'une logique implacable...). Et poursuit son cheminement "narratif" vers quelque chose de tout aussi indescriptible mais plus sûrement ambient. Expérimental, mais soigné, lunaire et cohérent, Fear Falls Burning brouille ici les genres, instille en nous un sentiment de trouble dont il est difficile de se départir. Si les deux premières pistes et donc quarante premières minutes de The carnival of ourselves ne forment qu'un tout extrêmement uni, la suite et fin laisse entrevoir quelque chose de différent. Plus noise, plus sombre et tortueux, "And the land torn down" se meut à travers les méandres d'une musique plus lunatique, semblant céder progressivement à ses penchants les plus noirs. Evidemment on est encore loin d'un drone doom dépressif, puisque l'on s'arrête avant d'attendre ce seuil mais déjà, Fear Falls Burning, en plus d'offrir un album soigné, laisse entrevoir de nouvelles pistes à explorer quant à l'évolution, ou plus les évolutions de sa musique. Classe.
Indus >
Fear Falls Burning : Chronique LP
The carnival of ourselves
Fear Falls Burning
LP : The carnival of ourselves
Label : Tonefloat Recordings
Date de sortie : 30/03/2009
LP : The carnival of ourselves
Label : Tonefloat Recordings
Tonefloat Recordings (380 hits)
Date de sortie : 30/03/2009
The carnival of ourselves I
The carnival of ourselves II
And the land torn down
The carnival of ourselves II
And the land torn down
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