Ez3kiel - LUX Deux ans après que Matthieu (batteur) et Yann (bassiste) aient quitté la scène, EZ3kiel est repassé en studio après une série de productions "live" sous toutes leurs formes (du vinyle au DVD, avec ou sans Hint, avec ou sans les musiciens de la version "Extended") et de nombreux concerts qui ont permis aux nouveaux de s'intégrer. Pour autant, il n'y a pas de révolution chez les Tourangeaux puisque Yann est toujours à la manoeuvre pour les machines et les aspects visuels, c'est d'ailleurs lui qui signe l'artwork qui n'est pas sans rappeler celui de Versus tour et côté enregistrement, c'est encore avec Fred Norguet (Monsieur Z, Sleeppers, Dead Pop Club...) que le groupe a travaillé, comme il le fait depuis Equalize it.

Le paradis des guerriers nordiques, "Valhalla", est la colonne vertébrale de ce nouvel opus qui, et ça ne surprendra personne, est d'une qualité exceptionnelle. "Born in Valhalla" indique l'acte de naissance de Lux, la lumière est, et avec elle une douce mélodie qui nous berce et nous emmène nous reposer loin des champs de bataille viking. Les saturations ont beau nous titiller après quelques minutes, il est trop tard, on est captivé et captif, EZ3kiel peut disposer de nous comme il l'entend. Et le retour de cette mélopée enivrante quelques pistes plus tard ("Dead in Valhalla") donne l'impression qu'on l'a toujours connue, comme si l'hypnotiseur en remettait une couche, Valhalla est le coeur du réacteur, ce qui nous amène à la fusion avec l'univers du groupe. Et pourtant... Et pourtant, ce n'est pas cet ensemble qui a ma préférence sur Lux. Non, je trouve "Zero gravity" encore plus fort... Parce que pour réussir à allier légèreté aérienne et puissance astronomique dans le même titre, ce n'est pas simple, sauf à les écouter... Avec, là encore, des choix et une qualité de distorsion tout à fait remarquables. Et dans les sons les plus gras, comme ce sublime Lux riff granuleux et cette basse sourde de "Lux" qui déclenchent nos mouvements et un sourire de satisfaction absolu, comme dans les plus clairs (les gouttes musicales absolument pas "Dusty" ou la quiétude incarnée "Never over", là où tout n'est qu'ordre et beauté, calme et volupté), EZ3kiel ne se trompe jamais, le dosage est juste parfait à chaque fois. Et si tu penses que l'arrivée de deux trublions dans leur monde pourrait enrailler la machine, c'est raté... Que ce soient Pierre Mottron ou Laetitia Sheriff, les deux invités se fondent dans le décor avec une aisance déconcertante. Le premier apporte sa voix cristalline et accepte de se la faire triturer par des effets pour en quelque sorte déshumaniser "Anonymous" alors que la seconde abandonne son côté rock pour se transformer en enchanteuse trip hop sur un "Eclipse" qui a tout d'une Massive Attack qui vise le coeur.

EZ3kiel peut donc faire ce qu'il veut, évoluer sans fondamentalement changer, muter, se métamorphoser en conservant sa capacité à nous charmer, en gardant toutes les forces issues de son passé pour mieux nous faire voyager, danser, planer et nous toucher, nous émouvoir, nous bouleverser.