Ensemble Economique - Light that comes, light that goes Projet solo ambient/drone/shoegaze/coldwave de l'américain Brian Pyle (connu pour ses activités au sein de Starving Weirdos et RV Paintings pour ceux et celles à qui cela évoque quelque chose), Ensemble Economique - pseudonyme plutôt étrange on vous l'accorde - est une entité à tendance largement expérimentale qui a derrière elle une flopée de sorties, toutes plus confidentielles les unes que les autres et dont les premiers balbutiements sonores remontent à 2008. Quelques albums plus ou moins officiels, une poignée d'enregistrements live qui ne le sont pas plus et autres collaborations diverses et variées plus tard, voici une énième curiosité débarquant dans nos pages par les bonnes grâces de la toujours iconoclaste et prolifique écurie Denovali Records que l'on ne présente plus en ces pages.

Rayon influences musicales, on pourra évoquer les travaux de Tim Hecker mais également l'ombre discrètement omniprésente de My Bloody Valentine. Du point sur le papier. Parce que dans les faits, Ensemble Economique se présente à nous en inaugurant son Light that comes, light that goes par quelques douze minutes et quarante et une secondes d'un road-trip ambient/drone presque doom aux textures shoegaze dont les articulations sonores s'étirent à l'infini. Le résultat est particulièrement exigeant, pas du tout à mettre entre n'importe quels tympans et de fait renvoie régulièrement aux travaux les plus hermétiques du Dale Cooper Quartet & The Dictaphones ou de The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble (et accessoirement son émanation The Mount Fuji Doomjazz Corporation. On comprend dès lors mieux la présence du projet de Brian Pyle sur le label Denovali Records, véritable spécialiste européen, sinon planétaire, de la cause expérimentale en termes de musiques que l'on qualifiera de hors-cadre.

Une première piste fleuve et difficilement accessible, Ensemble Economique a tout du projet un peu casse-gueule et son architecte semble en prendre conscience (ou presque). Alors sans pour autant rendre son travail plus simple à appréhender, il raccourci singulièrement le format des morceaux suivants pour les passer autour des cinq minutes (à une exception près avec l'électronique et azimuté "Ksenia"). On pense se rassurer en se disant que l'effort d'immersion sera donc moindre et on n'a pas tort. Mais pas complètement raison non plus, parce que M. Pyle n'a pas pour autant envie de nous faciliter la tâche. Extrêmement minimaliste sur l'éponyme "Light that comes, light that goes", parfaitement absconse sur "Glass on the horizon" et "As the train leaves tonight", sinon à l'épreuve du non-sens artistique absolu, l'œuvre de l'américain oscille entre complexité et stérilité expérimentale jusque-boutiste. Et là devient absolument impossible à suivre. Jusqu'à la piste finale ("Radiate through me"), qui assez curieusement ressemble à quelque chose d'à la fois descriptible et cohérent. Comme un ultime pied de nez aux conventions de la musique abstraite et à la critique, l'album redevient alors intelligible voire même intrigant et fascinant là où il s'était borné à égarer l'auditeur au travers de ses innombrables turpitudes bruitistes vaguement égocentriques.

Etrange et insaisissable.