David Dando-Moore a.k.a Detritus est un artiste électronique gallois qui sévit depuis le début des années 2000. Il compte six albums à son actif ayant le point commun d'être à la croisée des genres, puisant lui-même ses sonorités dans l'IDM, l'industriel, le breakbeat, le downtempo, le dubstep, la D&B, le trip-hop et sûrement d'autres, si vos oreilles sont bien affûtées. The very idea, son dernier opus sorti en avril 2014 sur le très recommandable label berlinois Ad Noiseam (DJ Hidden, Ruby My Dear, Monolog) ne déroge pas à la règle.
Detritus
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Detritus / Chronique LP > The very idea
The very idea offre une collection de onze morceaux instrumentaux dont le dénominateur commun est une electronica plutôt down qu'uptempo, sombre et cinématique, qui s'efforce de jouer avec des humeurs frôlant la frontière entre tristesse mélancolique et dramatisme anxiogène. Passant d'une ombre à une autre en gardant une indiscutable cohérence, cet album se démarque par son envie irrépressible de forcer le trait par la répétition rythmique crue et par l'émotion profonde. En effet, c'est grâce à l'aide de détails plus ou moins prononcés comme ces notes de piano et nappes de claviers tortueuses parsemant l'œuvre que Detritus marque le propos. Des samples de voix en retrait s'invitent d'ailleurs régulièrement sur les plages pour contrecarrer la déshumanisation évidente de sa musique. Parfois apocalyptique, les ambiances de The very idea sont malmenées par des beats froids dont certaines frappes chirurgicales rappellent par moments celles de DJ Hidden ("Blind") ou nous mènent carrément aux confins du post-hardcore d'Amenra voire de Neurosis avec un "Radial" dont les riffs de guitares lourds et lents tiennent tête à un clavier qui, par ses sonorités et à sa façon, appelle au secours.
Cet album qui évolue dans un univers clairement hostile est assez monolithique dans son ensemble et il est plutôt difficile d'en définir son climax, d'y trouver LE morceau culminant et représentatif tant ses titres sont de mèche pour plonger l'auditeur dans un traumatisme auditif. La seule exception vient de la somptueuse et orchestrale "More than half" qui s'ouvre faussement à la quiétude et dont la jolie noirceur s'exprime via des notes de piano dérangeantes dans un brouillard sonore qui n'est pas là par hasard. Tout l'honneur revient donc à Detritus qui, hormis son "songwriting" raffiné et sa production aiguisée impeccable (on reste quand même dans le home studio recording), fait passer son message avec brio tout en se donnant la peine d'y laisser inconsciemment une petite trace dans les annales de la musique électronique crispante.