Le groupe Dälek est composé de deux personnes : Dälek au micro et The Oktopus à la production. Déjà pour son premier album, Negro Necro Nekros sorti en 1998 chez Ipecac (comme toutes leurs productions d'ailleurs), Dälek connait un succès critique grâce à une mixture savamment orchestrée faite d'éléments musicaux venus d'horizons divers. Le groupe cite en effet autant Aphex twin, que Massive Attack, My Bloody Valentine, le Velvet Underground et le Wu Tang Clan, rendant la démarche et le résultat d'une singularité à toute épreuve des balles. Son second album nommé From Filthy Tongue Of Gods And Griots, qui voit le jour 4 ans plus tard, confirme ce statut d'outsider carnassier du hip-hop alternatif au coté des Clouddead et autres Antipop consortium. De plus, les Dälek vont accentuer leur statut de groupe à part de la scène hip-hop en s'acoquinant régulièrement avec des groupes de rock (au sens large du terme) soit sur des collaborations éphémères ou des premières parties tels que les Young Gods, Isis, Jesu, Dillinger Escape Plan et Zu. Les albums Absence (2004) et Abandoned Language (2007) ne font que confirmer l'impulsion de Dälek dans sa marche de progression qui atteint des sommets d'inspiration musicale avec ces albums. 2009 est de nouveau une année ou les Dälek seront omniprésents avec la sortie de Gutter Tactics, la possible confirmation d'un statut déjà culte de chez culte ?
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Et ça tu connais ?
Rubrique :
Oddateee
Hip-hop frais pas très loin de l'univers de Dälek...
Liens pour Dälek
- Dälek: MySpace (323 hits)
- Deadverse.com: Site du groupe (426 hits)
- Ipecac.com: Site de leur label (365 hits)
Dälek discographie sélective
lp :
Endangered philosophies
...
lp :
Asphalt for Eden
...
ep :
Roseland remixes
...
lp :
Gutter tactics
...
Dälek dans le magazine
Numéro :
Mag #28
Histoire d'avoir de la lecture cet été, on a concocté un gros gros mag avec une review toute fraîche du Download Festival, beaucoup d'interviews (Dälek, Pryapisme, Ropoporose, Lodz, Delacave, Apathia Records, Margaret Catcher et Bison Bisou), un joli paquet d'articles ...
Dälek sur les forums
Forum :
Dälek
- 14 commentaires
Ayé c'est aujourd'hui que sort le nouvel album de Dälek.....à l'écoute des 4 titres dispo sur myspace je peux vous dire que j'attends mon facteur ador...
Liens Internet
- Métalorgie : webzine punk-métal
- Sefronia : des tonnes de chroniques !
- Visual Music : le webzine rouge
Indus > Dälek
Biographie > (D)älek Empire
Interview : Dälek, Interview dalektueuse (mai 2017)
Dälek / Chronique LP > Endangered philosophies
Petit retour en arrière : en 2009, l'excellentissime Gutter Tactics sorti chez Ipecac, le label fondé par l'inénarrable Mike Patton, avait sonné comme le point culminant d'une trajectoire discographique jusque-là parfaitement imparable. Le climax d'une carrière irréprochable destinée à le rester et surtout la définitive confirmation que dans ce registre atypique qui est le sien, le groupe emmené par MC Dälek était le maître du jeu.
On se demandait alors ce que celui-ci avait dans les tripes pour de nouveau nous coller le visage sur le bitume froid et humide, décorum idéal des albums glaçant et sans concession du projet le plus métallique de la scène hip-hop/noise des 20 dernières années. En même temps : Dälek EST cette mouvance à lui seul. Et si la réponse aura mis du temps à venir, elle se sera révélée comme particulièrement cinglante. Une démonstration formelle et imparable que dans le monde qui est celui de Dälek : sa prose trempée dans l'acide sulfurique, ses basses lourdes et obsédantes comme son flow impitoyablement addictif ne pouvaient que faire des ravages. Asphalt for Eden, premier effort du groupe après sept longues années de silence, l'aura fortement suggéré : Dälek est de retour et n'est clairement pas sorti de sa torpeur - relative certes - pour rien.
Même pas dix-huit mois plus tard, de retour dans le giron d'Ipecac après une petite infidélité chez Profound Lore le temps d'Asphalt for Eden, Endangered philosophies vient mettre le monde à ses pieds. Et force est d'admettre qu'à une époque assez terrible dans laquelle un type comme Donald Trump peut devenir le big boss de la plus grande puissance économique planétaire, il fallait bien que le MC américain revienne remettre l'église au milieu du village. Même sans son co-conspirateur Oktopus (parti vers d'autres horizons...), Dälek prend les clichés de la mouvance hip-hop commerciale et les fracasse contre un bloc de béton, le tout à mains nues évidemment. On le savait : on allait voir ce qu'on allait voir sur ce nouveau méfait et dès ses premiers assauts (" Echoes of", "Weapons"), on a vu.
Atmosphères oppressives, rythmiques chaloupées et lyrics à la noirceur pour le moins palpable ("Few understand"), Dälek transpire la violence sourde, cette indignation si difficilement contenue qu'elle vient se mêler à un désespoir larvé, une colère froide qui flirte avec l'envie insidieuse, quasi irrépressible, de tout brûler pour en finir avec l'idiocratie ambiante et la déshumanisation galopante ("The son of immigrants"). Les inégalités croissantes, l'injustice qui enveloppe le monde, l'abandonnant à une violence qui s'insinue de tellement de manières différentes dans toutes les strates de nos sociétés post-modernes : Endangered philosphies dépeint un quotidien froid, glaçant même, qui n'a pas grand chose de lumineux et se révèle au final être un quasi traité de sociologie métaphorique à lui tout seul ("Beyond the madness").
Mais surtout, Endangered philosophies est une oeuvre cynique et violente dans l'esprit ("Sacrifice"), qui convoque des thématiques aussi contemporaines que saisissantes ("Straight razors") et nous les balance au visage avec une maîtrise effarante ("Nothing stays permanent", "Battlecries"), une maturité évidente qui est assurément la marque des grands disques. Pliage du "game".
Publié dans le Mag #31
Dälek / Chronique LP > Asphalt for Eden
Je suis membre d'une drôle de génération. La plupart des mes amis écoutent du rap, plus précisément de la trap. Beaucoup de rap, notamment des trucs vocoderisés/autotunisés à mort avec des instrus débiles qui n'ont d'égales que la vacuité de leurs textes. Ce sont quand même mes amis. J'essaye donc parfois d'échanger avec eux, régulièrement je leur demande, fier d'avoir trouvé une pépite qui leur a peut être échappé : "Tu connais pas Dalëk ?"
"Non, ça a l'air cool, j'irais écouter.", me répondent-ils à chaque fois. L'affaire reste toujours sans suite. Quand j'écoute le dernier album de ce groupe de hip-hop désormais signé sur un label de black métal, je commence à comprendre. Dans son esthétique et sa construction, Dalëk a bâti une musique qui ne pourra jamais atteindre les oreilles de jeunes blancs habitués à se prendre pour des petits blacks de Baltimore, parce qu'ils écoutent de la musique vide de sens qui véhiculerait des codes compréhensibles uniquement dans la street, dont ils font partie dans leur tête de jeunes blancs culpabilisés qui s'emmerdent. A tel point qu'on me le dit régulièrement : "Tu nous fais chier avec ton rap conscient !". Les camarades de ma génération préfèrent ne pas trop conscientiser, ils morflent déjà assez comme ça dans leur vie de tous les jours.
Or, écouter Dalëk relève quand même d'un certain investissement émotionnel. Écouter Dalëk, c'est dire oui pour un voyage pas forcément agréable, potentiellement toxique, voire déprimant. Dans ce registre, Absence était une réelle chape de plomb que l'on acceptait de se faire déverser sur la tronche jusqu'à l'étouffement complet et pendant un long moment. Écouter Dalëk, c'est plonger dans un brouillard urbain pollué, noir, dégoûtant, confortable et fascinant, revenir tout noir et ne pas être capable d'expliquer à ses potes où l'on a bien pu traîné pour être aussi cradingue.
On n'ira pas jusqu'à parler d'éclaircie avec Asphalt for Eden, mais clairement, le ciel y passe du noir au gris. Le groupe s'est longtemps évertué à nous dépeindre la dystopie d'aujourd'hui. Maintenant que nous y sommes réellement, il nous fournit quelques très bons réquiems aux instrus crépusculaires et liquides. Des sons qui filent entre les doigts, qui s'évaporent et s'inhalent. La bulle néanmoins éclate plus vite que prévu. Là où Dalëk nous laissait d'habitude exsangue à la fin de ces albums, il nous propose cette fois d'y revenir plus vite et plus facilement.
Possible que les fans soient un peu sur leur faim après 6 ans d'attente, sûr aussi que mes amis ne s'y mettront toujours pas. Chacun sa bulle.
Dälek / Chronique LP > Gutter Tactics
Un album de Dälek, c'est toujours un sacré morceau à avaler. Depuis Abandoned Language, on sait qu'il faut du temps, des écoutes répétées pour plonger dans ses sphères, en comprendre le sens et apprécier le disque. Ici avec Gutter Tactics c'est encore plus dur. Se forcer n'est pas le mot, mais il faut de la patience et du calme pour apprécier cet album qui est sans doute plus complexe, même si on tenait sans doute le même discours après les écoutes de son prédécesseur. A la lecture du tracklisting, on comprend que Gutter Tactics puise son inspiration dans ce qu'est devenue l'Amérique moderne de G.Bush père et fils, patrie d'Oktopus et MC Dälek (le disque a été écrit avant l'avènement de Barack Obama NDR), soit un pays extrêmement inégalitaire, à l'horizon plus qu'incertain et, à l'image d'une grande partie de sa population, dans le noir total, en proie à une crise sociale et économique sans précédent. Ambiance. Deux morceaux plus loin et Dälek trouve la faille en nous, les beats lourds et noisy d'Oktopus désagrègent nos pseudo certitudes sur ce qu'est le hip-hop, le flow âpre et rageur de Mc Dälek, véritable catalyseur sensoriel, se chargeant d'infliger la sentence ("No question"). Gutter Tactics exhale ce hip-hop expérimental, lourd, glacial et anxiogène aux tendances industrielle qui avait tout fait exploser sur Abandoned Language. Heavy psyché, revendiqué comme étant interprété avec la même attitude que les Black Sabbath ou les Melvins, sorte d'agrégat sonore à la fois lancinant, rythmé et d'une froide efficacité, Gutter Tactics ne peut laisser indifférent.
En prise direct avec son temps, Dälek a pris Abandoned Language et en a écrit une sorte de suite, tout en tenant compte d'un contexte bien plus pesant qu'auparavant. La gravité qui s'empare de ce nouvel opus et à l'aune de ces textes acerbes évoquant à demi-mot les idéaux révolutionnaires, le tout sur fond d'urbanité toujours plus déshumanisée. Etouffant. L'homme et sa condition d'être aliéné par le mercantilisme et le pouvoir politique sont au centre de Gutter Tactics et, à l'image des samples qui viennent s'assembler tout autours, se retrouve cerné par la machine, qu'elle soit réelle ou plus métaphorique ("Armed with Krylon", "Who Medgar Evers was..."). Disque presque visionnaire qui ne voit le futur qu'en noir ("2012 (The Pillage)"), cet album interpelle, insiste sur l'urgence d'une réaction afin d'endiguer notre chute, laquelle semble inéluctable pour le duo. Il y a donc un idéal d'insurrection dans le propos de Dälek, un sous-texte politique parfois oppressant, d'autre fois plus éthéré, mais toujours aussi implacable et d'une effrayante lucidité ("Atypical stereotype"). Larsens qui vrillent les tympans, groove faussement nonchalant, le duo ne se cache pas et envoie sur la platine un hip-hop savamment bricolé pour se révéler plus insidieux qu'il n'y paraît ("We lost sight"), car s'il est toujours engagé, le projet Dälek n'a sans doute jamais été aussi virulent qu'aujourd'hui ("Street diction", l'éponyme "Gutter tactics"), surtout lorsqu'il manie la saturation pour mieux brûler nos ornières et nous mettre face à la réalité. Comme éveil (forcé) des consciences...