Indus Indus > Crossbreed

Biographie > Industrial crossover

La vague néo-metal nord-américaine n'a pas fait qu'enfanter d'innombrables groupes clones de KoRn, Incubus et autres Deftones. Parmi les sympathiques Crossfade, Disturbed et autres Sevendust, certains ont le choix d'insuffler une bonne dose de textures industrielles et de beats techno à leur son nu-metal... Spineshank et Crossbreed en sont les exemples les plus pertinents. Alliant avec un sens du hit qui fait "mâle" évident, Crossbreed croise (évidemment...) les genres et distille un son lourd et ravageur que le groupe éprouve dès 1997 avec .01, un premier album sorti confidentiellement mais qui n'empêchera pas le groupe de remettre ça quatre ans plus tard et avec plus de succès sur Synthetic division. Puis silence radio ou presque pendant plusieurs années, avant que le groupe annonce son retour à l'automne 2007/hiver2008.

Crossbreed / Chronique LP > Synthetic division

crossbreed_synthetic_division.jpg Quatre ans après un .01 fait main, parfois inspiré, parfois un peu moins, mais déjà annonciateur d'une suite forcément intéressante à découvrir, Crossbreed sort Synthetic division. Ayant passé le cap de la grosse démo parfois mal dégrossie, le groupe bénéficie maintenant d'une production qui fracasse et nous a concocté pour l'occasion un véritable brûlot indus-(nu) metal qui déboise sévèrement les collines. On saute l'apéro (sacrilège...) et on débute directement le plat principal avec "Severed". Gros son, très gros son... des riffs qui arrachent les tympans, des beats techno-indus qui appuie là où ça fait mal, des samples de voix enfantines qui contrastent parfaitement avec les vocaux hurlés et la rage brute qui transpire de ce premier titre, Crossbreed envoie une bonne grosse bassine de barbaque dans les tympans. Pas mécontent de ce premier round, le groupe enchaîne avec le sulfureux "Seasons" (rien à voir ou si peu avec le titre figurant sur .01), la prod est en béton armé, électro, indus et metal forment un alliage qui démontent tout et le groupe se vident littéralement les trippes dans morceaux qui font du dégât. Un véritable traitement de choc délivré par un combo qui s'amuse à nous brutaliser les tympans en nous donnant une furieuse envie d'headbanguer comme des malades au son de son cocktail détonnant aussi chirurgical qu'addictif. "Underlined" et "Breathe", Crossbreed poursuit son entreprise de démolition auditive en pratiquant un techno-metal indus qui n'est pas sans rappeler le son de Celldweller la rage brute en moins. Confrontant techno et metal les américains assènent leurs compos comme d'autres alignent les gros blasts, "Pure energy" (tout est dans le titre), "Release me" continuent dans la même voix et le groupe ne semble pas baisser le pied. Metal hybride, Crossbreed emprunte autant à The Prodigy qu'à Ministry, le résultat est un savant mélange explosif et corrosif où les guitares entrent en collision avec les machines, où entre mélodies rugueuses et riffing massif, le groupe parvient à trouver le point de convergence idéal des genres (l'énorme "Machines", l'énergétique "Painted red"). Avec son intro à la Chemical Brothers et son concentré d'effets sonores, "Concentrate" pulvérise les derniers concurrents et conclue l'affaire avec "Regretful times" et "Lost souls" deux titres déjà présents sur .01 mais réenregistrés pour l'occasion avec un son absolument monstrueux. 12 titres, 12 tueries métalliques et industrielles qui tranchent dans le lard et marquent durablement les esprits, Crossbreed croise les genres, jouent aux alchimistes musicaux et produisent un crossover musical qui cartonne les enceintes.

Crossbreed / Chronique LP > .01

crossbreed.jpg En démarrant les hostilités avec "Push", Crossbreed tend à prouver qu'il va jouer sur les plate-bandes d'un KoRn, le talent pour produire des riffs qui démontent en moins. Pourtant assez rapidement, les textures électroniques font leur apparition, la voix trafiquée distille son venin, mais le groupe, manquant encore de personnalité, peine à convaincre. Encore du néo, juste un peu gonflé par des sons électroniques... pas de quoi casser trois pattes à un canard, se dit-on. "Regretful times" vient brutalement mettre les choses au clair : "Push" était un galop d'essai, histoire de débrider la machine. Crossbreed lâche maintenant les chevaux et fait parler la poudre. Guitares bien lourdes, beats industriels qui castagnent, vociférations métalliques, le groupe déverse sa rage tout en maîtrisant son sujet, pour éviter de partir inutilement dans tous les sens. Résultat, ça cogne sec dans les enceintes et lorsque "Strap down" fait son apparition sur la platine, on comprend que le groupe s'appuie sur les machines pour dynamiser son groove nu-metal et dynamiter le tout à coup de compos sulfuriques et acérées comme des lames de rasoir. Avec son feeling à la The Prodigy mais en mode "gros métal qui défouraille", Crossbreed se décide à rentrer sévèrement dans le lard sur un "Unleash me" furieux et destructeur, avant de calmer un peu le jeu sur "Wicked game". Le groupe s'en sort avec les honneurs, mais la prod est parfois trop "cheap" pour vraiment s'imposer. D'autant que s'il met ses trippes sur la table avec des titres comme "Magical", vu le style pratiqué, la faiblesse relative de la production ne pardonne pas toujours. Crossbreed se cherche encore, .01 étant clairement plus une démo long-format qu'un véritable album, cet effort inaugural lui permet d'affiner son style et de compiler ses premières compos avant d'enchaîner sur un enregistrement un peu plus professionnel. Il n'en reste pas moins, que le groupe sait déjà balancer quelques bombes électriques télécommandées à distance avec le puissant "Seasons" ou le viril et gueulard "Lost soul". Dans le genre c'est déjà largement mieux que la moyenne et même si c'est perfectible, ça fait déjà du bien par où ça passe...