A troisième épisode de la lucrative franchise de série B Resident Evil, la désormais inévitable BO orientée "metal", ce fameux "soundtrack" (en réalité une compilation de titres orientés néo/metal/indus marketée pour amasser les dollar$) et le score, soit la "vraie" musique du film. Si la première se contente, pour cette troisième fournée, d'empiler de vagues morceaux de groupes de la trempe de Chimaira ou Poison the Well mais également une belle flopée d'erzatz pseudo-métalliques en manque de testostérone (en vrac Flyleaf, Shadows Fall, It dies today...), la seconde présente un réel intérêt en dévoilant quelques trente-quatre pistes sonores assurant l'atmosphère musicale du film. Et la raison tient en deux mots : Charlie Clouser.
Ex-comparse de Trent Reznor au sein de Nine Inch Nails, claviériste, batteur, arrangeur, remixeur de génie ou producteur avec, au compteur des collaborations, avec rien moins que A Perfect Circle, Helmet, Prong, Killing Joke, Puscifer, Black Light Burns ou Fear and the Nervous System, l'homme n'en est pas à ses premiers faits d'armes pour le cinéma. Si c'est via le pseudonyme de Renholder qu'il a déjà signé plusieurs titres sur les BO des deux volets d'Underworld, c'est sous sous son propre nom qu'il a participé et/ou intégralement composé les scores de Collateral, Saw I, II, III, IV et V, The Punisher : War Zone ou des séries TV Numb3rs et Las Vegas. Ici, à film réalisé comme un road-movie horrifique, l'homme signe une partition typiquement industrielle... (si si) sauf que Resident Evil : Extinction rompt largement avec les codes des deux opus précédents pour la jouer "Mad Max au féminin avec des zombies"... Et le résultat est à la hauteur du décalage... Détonnant.
"Clone awake", "The Ditch", "Alice ride", autant de titres courts, à la froideur industrielle clinique et textures digitales implacables. Avec "Dog attack", Clouser met le paquet, non pas pour glacer le sang de l'auditeur (ça reste du Resident Evil quand même...), mais pour mettre du rythme et (tenter de) servir ainsi les mouvements de caméras. Des nappes atmosphériques sur l'intimiste et feutré "Flysolated", ou des grosses basses appuyant des beats salvateurs ("Convoy", "Birds attack" sur LA scène Hichcockienne du film). Quelques moments d'apaisement qui dévient rapidement pour nous mettre sous tension ("Motel closet", "Telepathic sense", "Choose sides"), des arrangements finement distillés pour rester en retrait tout en se révélant indispensable ("Positive ID", "For Alaska", "Container"), Charlie Clouser n'en fait pas des tonnes, servant assurément le propos du film, par sa partition intelligemment orchestrée et parfaitement équilibrée pour servir d'écrin aux scènes de cet "actioner" pur et dur. D'"Open box" à "Tentacles", de "Tanker truck" à "Others gone" en passant par "Elevator" et "Your blodd", rien à redire, dévorer Resident Evil : Extinction revient à ranger ce qu'il nous reste de neurones dans une boîte et à mettre la clef sous son canapé durant 1h30 tout pile, mais si l'on ne doit retenir qu'une seule chose de cette série B de luxe, ce sera assurément son score... finalement assez prévisible mais terriblement bien troussé et donc plutôt efficace dans son genre.
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Compilations indus / Chronique B.O. > La Prophétie des ombres
En 2001 débarque assez discrètement sur les écrans de cinéma français un film intitulé La prophétie des ombres. Un thriller surnaturel dirigé par Mark Pellington (la série Cold Case notamment) avec dans les rôles principaux Richard Gere que l'on ne présente plus et Laura Linney (la femme de Jim Carrey dans The Truman show). Succès honorable au box-office US, le film passe complètement inaperçu en France et aurait sans doute mérité d'être un peu mieux distribué. Labellisé histoire vraie, La prophétie des ombres mélange deux genres cinématographiques très prisés de l'autre côté de l'Atlantique : le thriller surnaturel et le film catastrophe, en s'inspirant de l'histoire du journaliste John A. Keel (rebaptisé John Klein dans le film) qui vécu pendant un peu plus d'un an dans la petite ville de Point Pleasant (en Virginie) où il fut le témoin de phénomènes inexplicables.
Fruit de la collaboration entre deux groupes distincts : Tomandandy et King Black Acid, la bande-originale de La prophétie des ombres est un double album, à la richesse musicale étonnante et aux atmosphères fouillées, qui vaut largement que l'on y jette une oreille attentive. Deux entités musicales à la tête de cette B.O, mais deux groupes qui n'évoqueront pas nécessairement quelque chose à grand monde. Pour faire court, sous le pseudonyme de Tomandandy se cache un duo composé de Tom Hajdu et Andy Milburn, deux compositeurs évoluant au carrefour de l'éléctronica et du trip-hop, qui ont beaucoup travaillé pour le cinéma et la télévision US (Homicide, Les Lois de l'attraction, Cold Case.). Quant à King Black Acid, la musique du groupe est décrite comme de l'indie rock néo-psychédélique aux tendances éléctro et influences blues-rock. Pour faire simple, on dira que KBA peut par moments évoquer le travail d'un Mercury Rev ou de l'icône My Bloody Valentine, les sonorités éléctroniques en plus.
Mais limiter cette bande-originale à la fusion de ces deux groupes à l'occasion d'un projet de commande réalisé en commun serait réducteur. Si l'on a, comme on s'y attendait, droit pour le disque 1, à des titres hypnotiques, aériens et envoûtants, signés de l'un ou l'autre des deux groupes ("Wake up #37", "Great spaces" ou le minimaliste "Rolling under"), le must de l'album est sans doute le très pop et nébuleux "Half light", fruit de la collaboration entre Tomandandy et un invité de marque : Low. Une formation culte évoluant dans les sphères du slow core/ post-rock dont Slint est sans doute le représentant le plus connu. Pop, éléctronica discrète, textures indus, le premier disque de cette B.O séduira tous les amateurs de musique atmosphérique et délicate, mais en même temps riche et fouillée. Quant au second disque, qui est en fait le score du film, il est plus à réserver aux inconditionnels du genre. Composé de 8 plages sonores et découpé en mouvements, il plonge l'auditeur dans les méandres de l'univers troublant et mystérieux de La prophétie des ombres. Des sonorités éléctro froides et cliniques, jouant sur les distorsions sonores et servant d'écrin à l'atmosphère d'angoisse sourde et latente dans laquelle baigne le film de Mark Pellington. En clair, tout ce que l'on est en droit d'attendre d'une bande-originale digne de ce nom. Classe.
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