Chevalien aime bien les anagrammes, les fusions de mots, des genres. Comme associer "cheval" et "alien" (cette chimère moderne étant d'ailleurs joliment représentée sur le CD). On peut aussi extrapoler vers "chevalier", "échevinal", "l'inachevé" pour former une entité singulière. Mais la recherche artistique ne s'arrête pas qu'à une combinaison de lettres, car musicalement et visuellement, Chevalien s'amuse aussi à mélanger les codes pour proposer sa propre vision de son quotidien. Artworks gothiques, styles hip-hop, ambiances dark wave. Cette empreinte graphique prend toute sa dimension dans des clips travaillés et scénarisés, à l'instar de "Bleu blanc blood" tourné en pleine journée de liesse populaire post victoire nationale footballistique, mélange de chaos et de liesse primaire (à voir ! ). Et la musique dans tout ça ? Car Chevalien ne fait pas que de l'image, mais surtout du son. Il empile les EPs depuis 2014 et pour le troisième du nom il pose ses Moonglasses. 5 titres pour ce trio tourangeau (qui avait notamment participé à l'album de remix (re)Lux d'Ez3kiel) qui balance un electro rap trap indus post metal. Avec autant de qualificatifs, on peut être un peu perdu. Disons que Chevalien intègre la grande famille des freaks déjantés de l'électro, ces groupes qui ne se cachent pas derrière leurs machines mais plutôt derrière des masques ou des peintures de guerre, comme Ho99o9, Death Grips, ou Prodigy. Et tout comme ces tribus d'illuminés mutants, hallucinés et hallucinants, c'est toujours un plaisir de se frotter à ces artistes qui osent éclater les codes et arrivent à proposer un univers aussi original qu'abouti.
Publié dans le Mag #40