Difficile de parler de hip-hop à Besançon sans évoquer La Cédille (également connu sous le pseudonyme "Ça"), un peu comme si l'on omettait Second Rate en parlant de rock dans la capitale franc-comtoise. Depuis 1997, ce collectif de sept personnes redore le blason du hip-hop en l'instrumentalisant de manière assez intelligente. Sa particularité est sa pluriculturalité, en témoigne l'origine de ses membres (France, Afrique Noire, Maghreb, Amérique du Sud) et de leur influences (jazz, salsa, soul, funk, hip-hop). Leurs créations auto-définies "hip hop instantané" font, dans un premier temps, l'objet de deux démos : L'abus c'est nécessaire en 1998 et Rien à dire, mais faut qu'tu saches en 2000. Ces deux premières auto-productions leur permettent de tourner en France et en dehors de nos frontières. C'est justement à l'étranger, au festival de Montreux en Suisse (certes, pas très loin pour des franc-comtois) que le groupe se fait remarquer par sa prestance scénique et son style unique. En effet, Pat Fulgoni, chanteur anglais du groupe Kava Kava mais également fondateur et gérant du label anglais indépendant Chocolate Fireguard Music leur propose de venir jouer une dizaine de dates dans des clubs au Royaume-Uni. Après avoir réalisé, entre autres, des shows au Moles Club à Bath, au Toucan Club à Cardiff, au Ponana's à Oxford ou au Hifi Club à Leeds, Chocolate Fireguard Music signe La Cédille. Le 3 titres Banane, tabac ? sorti en 2001 marque le début de l'aventure discographique chez les anglais et le collectif confirme son succès en étant invité sur de prestigieux festivals tels que le Printemps de Bourges ("Découverte Franche-Comté") ou Glastonbury. Nourris de leur expérience scénique, les membres de La Cédille entrent au Beaumont Street Studio d'Huddersfield pour livrer leur premier album Vu du large fin mars 2005. S'en suit un nombre important de concerts en compagnie de grands noms du hip-hop et de ses courants (The Herbaliser à l'Elysée Montmartre, tournée avec DJ Vadim, De La Soul à Prague). En 2006, les bisontins sont lauréats au FAIR et présents aux Francofolies de Montréal pour présenter leur album qui reçoit à cette occasion les louanges de la presse.
Formation et projets parallèles (non exhaustif) :
MC : José Shungu a.k.a. "Smoov" - Président de l'association Attila pour le développement des cultures urbaines, L'Index
MC : Abderrahmane Nimgharn a.k.a. "Starf" - Shakerman
Saxophone Alto + MC : Jean-Marc Blanc a.k.a. "JM" - Odja X, 70 Show, Marc Jean, Jazzparaf (avec entre autres le batteur de Monsieur Z), La Kuenta, participation à la bande son des "Shadoks et le Big Blank" avec Robert Cohen-Solal
Trombone + MC : Boris Pauthier a.k.a. "BSF" - La Kuenta, Association Attila
Basse : Claudio Ibarra a.k.a. "Pisco" - La Kuenta, KoNtRaTaK JazZ remix, Caroline Beley, le trio jazz Aurélius
Guitare : Aurélien Dudon a.k.a. "Aurélius" - JHAMP Quintet, le trio jazz Aurélius, participation à la bande son des "Shadoks et le Big Blank" avec Robert Cohen-Solal, participation à la bande original du film "La Maison Jaune" de Amor Hakkar, invitation scénique avec divers artistes (Magic Malik Orchestra, NoJazz, Guy Pothier ou avec le trio de Peter Perfido)
Batterie : Maurice Poyard "Rismo" - Caroline Beley et le trio jazz Aurélius
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Liens pour La Cédille
lacedille: Myspace (267 hits)
La Cédille discographie sélective
lp :
Vu du large
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Liens Internet
- Music Productive : Association pour la promotion des artistes belges.
- Keritsu : webzine rock indépendant de Lyon
- Les acteurs de l'ombre : webzine éclectique sur le métal
Indus > La Cédille
Biographie > ...sinon ca fait BesanKon !
La Cédille / Chronique LP > Vu du large
"Dans mes jeunes années, y'avait des gens qui achetaient des synthés [...] et tout le temps qu'ils avaient perdu dans leur vies à ne pas jouer d'un instrument n'était plus rien, ils allaient pouvoir le faire désormais. [...] Rares étaient ceux qui pouvaient enregistrer leurs "crimes numériques". Une fois passé en revue les 90 paramètres, même l'utilisateur commençait à souffrir. Alors, le "DxMerdizer" retournait gentiment dans sa boîte et c'était ça le progrès. [...] Et voilà qu'aujourd'hui le phénomène se répète avec la musique informatique. Des chefs d'orchestre naissent partout autour de nous. Sauf que maintenant, ils enregistrent ça (ça ne coûte plus rien), et pire encore, il y en a qui aiment. [...] Après, il y a eu les années 90. C'était l'ère du sampling, là c'était bon parce qu'il s'agissait d'une vraie source et la fabrique de ces morceaux n'était pas à la portée de tout le monde. [...] Enfin, nous avons changé de siècle. Les "producteurs" US en ont eu marre de reverser une partie des recettes aux ayants droit et ont donc décidé de fabriquer l'intégralité de leurs "beats". [...] Le MIDI (pâle imitation synthétique de véritable instrument de musique) est un truc qui a fait tant de mal à la musique dans ma chère enfance et qui aurait dû être définitivement piétiné. [...] Le vrai problème du rap, ce n'est pas le pedigree criminel, les "biatches" ou le "bling bling". C'est la beaufitude des intrus qui fait passer le hip-hop pour de la musique de "tuning". Comme toujours, ce sont de très bons musiciens qui ont démarré la tendance. Puis le tout-venant a commencé à faire de même. Et c'est là que ça a sérieusement merdé."
Ces mots de BSF, tromboniste et MC de La Cédille, extraits de sa page myspace représentent l'une des preuves de l'existence même de son groupe. Proposer un substitut à la musique de "tuning", quelque chose de vivant et sans artifice créé par des personnes qui respectent l'instrument et qui le pratiquent. N'oublie t-on jamais d'où vient la musique, qu'il n'y a rien de plus pur que le son d'un cuivre, d'une corde (même vocale) ou d'une peau ? A leur manière, les Bisontins ont su aller vers le chemin de l'alternative et jouer leur vision du hip-hop. Et si en France, le hip-hop et les MCs sont dessinés à la craie blanche (pour faire un mauvais parallèle avec un certain rappeur du nom d'un petit ourson), c'est bien outre-Manche que La Cédille a été lancé par le truchement de Chocolate Fireguard Music. Sur diverses compilations comme sur différentes scènes (des clubs aux festivals), La Cédille a imposé petit à petit et en toute modestie un style qui ne figure pas aux premiers rangs des plus écoutés. Vu du large, sorti il y a cinq ans de cela maintenant, est un album antinomique à la fois agreste et urbain, simple et complexe, froid et chaud, spontané et préparé, joyeux et triste. Une basse ronde, une batterie sans tom, une guitare cristalline, des cuivres et une poésie urbaine constituent le soubassement de cette formation dont l'empreinte du jazz et de la soul est fortement ancrée. Par dessus cela, deux rappeurs (quatre si l'on compte les deux cuivres) aux flows et à la dynamique variés viennent faire preuve de leur amour de la langue française en maniant les mots avec dextérité à travers rimes, contrepèteries, allitérations, assonances et jeu de mots divers. La Cédille expose son art avec classe et humilité en se servant du background de chacun de ses membres (la fin d'"Harmonie" en est un exemple) sans négliger leurs origines (Starf nous délivre un excellent rap en arabe sur "Dissident d'ici"). Si les anglo-saxons avaient The Roots ou Opus Akoben en matière de hip-hop instrumental, les français pourront désormais compter sur La Cédille, au même titre que Nixon ou Hocus Pocus avec qui les bisontins ont partagé la scène.