J'ai été happé par le phénomène Carpenter Brut dès la sortie du premier EP en 2012. Ça changeait et tranchait avec ce que j'avais l'habitude d'écouter, ça remettait au goût du jour des ambiances des 80's mais avec une prod actuelle et non des moindres, c'était très bien fait ! Le problème c'est qu'après on en a bouffé à toutes les sauces de ces années, pour le meilleur et pour le pire. Et ça n'est pas fini quand on voit l'engouement par exemple pour la série Stranger Things, Kate Bush qui par effet collatéral explose à nouveau les charts... Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos vaches car il n'est pas question de laine, là mais de cuir.
L'entité qui se cache derrière Carpenter Brut aime les trilogies. Après celle des EPs se référant chacun à un type de cinéma de genre (films d'horreur, policiers, dystopiques), place à une nouvelle trilogie qui tourne autour d'un scénario de slasher movie. C'est ainsi qu'est apparu Leather teeth en 2018, racontant l'histoire banale d'un quaterback, d'une cheerleader et d'un étudiant en chimie déchu et défiguré, sous fond de glam rock (et de synthés bien sûr). Pas mal mais un peu trop polissé, convenu. peut mieux faire. C'est tout l'objet de Leather terror, le deuxième opus qui sonne le glas de la vengeance pour le héros Bret Halford.
Dès l'intro instru et les premières secondes, on sent qu'on n'est pas là pour rigoler. Ça va découper sévère et cela se confirme avec le sombre et puissant "Straight outta Hell". Jamais la synthwave n'a sonné aussi metal et vice versa. C'est le vice qui prédomine ici, d'ailleurs et il ne quittera jamais l'album, même sur des morceaux un peu plus formatés. Quand on écoute "The widow maker" on a irrémédiablement en tête des images aux couleurs flashy, fluos, des villes et balades en voitures futuristes... Même sentiment avec le tubesque "Imaginary fire" au son pachydermique et guest deluxe Greg Puciato de feu Dillinger Escape Plan. Pour diversifier, faire évoluer sa musique, Carpenter Brut s'est associé à différents chanteurs, alternant donc morceaux instrus et chansons, comme le très typé et planant Depeche Modesque "... good night, goodbye" ou encore l'ovni dancefloor pop "Lipstick masquerade" qui pourrait avoir été composé pour Madonna dans les années 80. Quand Carpenter Brut repart dans ses travers plus brutaux, pervers, dans cette quête de terreur, on sent également l'ombre de Nine Inch Nails ou même parfois de Andrew WK (sans le côté gueule de bois et vomi), comme sur "Leather terror", clôturant ce chapitre et n'augurant rien de bon pour celles et ceux qui croiseront la route de Bret Halford. Pas de quartier. Aventures sanglantes et affaire à suivre.
Infos sur Carpenter Brut
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Liens pour Carpenter Brut
- carpenterbrut: bandcamp (259 hits)
Carpenter Brut discographie sélective
lp :
Leather terror
...
Carpenter Brut dans le magazine
Numéro :
Mag #51
Après un énorme numéro 50, on a eu du mal à réduire la voilure et on atteint les 220 pages avec ce numéro 51... Si tu adores lire les tracts, passe ton chemin, ce mag est blindé de textes et de belles photos. Avec en interview "star" monsieur Frank Turner s'il vous plaît !
Liens Internet
- liabilitywebzine.com : webzine rock
- agenda-concert.com : L'agenda des concerts
- Noise Mag : site du mag'
Indus > Carpenter Brut
Carpenter Brut / Chronique LP > Leather terror
Carpenter Brut / Chronique LP > CarpenterBrutLive
Bien difficile d'appréhender un album live. Plusieurs cas de figure se présentent à nous : soit on est un fan hardcore de l'artiste et on pardonne totalement le manque d'intérêt des sillons (comme je le fais avec toute la subjectivité dont je peux faire preuve avec Rob Zombie), soit on a vu ledit artiste sur scène et le live fait écho à tous nos souvenirs de bonheur brut. Le live peut être aussi tout simplement mauvais... Mais il arrive parfois qu'il apporte tellement de changements aux morceaux originaux qu'il fait partie intégrante de la discographie avec ces nouvelles réappropriations. Ce qui est souvent le cas dans le monde de l'électro (Justice et son A cross the universe ou encore Daft Punk et ses Alive). Pour Carpenter Brut c'est un petit mélange de tout ça. Je ne l'ai jamais vu défendre son bout de gras sur scène donc on élimine direct le souvenir. Mais j'apprécie assez l'artiste pour lui pardonner deux-trois trucs. Malheureusement je ne cache pas qu'à la première écoute j'ai été déçu. Je m'attendais à des variations puissantes et des mixes venus tout droit des enfers. Mais je suis resté sur ma faim... à part deux pistes originales et inédites (« Chew bubble gum » et « 5118.574 ») il ne fait qu'à première vue reproduire ses morceaux de manière classique. Une chose que je ne comprends pas toujours venant de groupes à formation standard et encore moins dans l'électro. Mais je ne me suis pas avoué vaincu pour autant !
Parce que ce live vise réellement les fans du Charpentier Brut. Plus je l'écoute et plus je lui découvre des points positifs, des petits effets de surprises qui me sautent aux oreilles et de l'intérêt qui se creuse minute après minute ! Au début il me laissait indifférent, mais à chaque enfournage dans le lecteur, l'excitation se fait de plus en plus grande pour que je finisse totalement habité par sa musique. Déjà notons la présence d'un batteur donnant beaucoup plus de corps à sa musique qui envoyait déjà de base. Puis c'est avec la présence du guitariste et ses quelques subtilités funky ainsi que ses aigus bien perçants que le tout s'harmonise parfaitement. Mais ce n'est finalement qu'après plusieurs écoutes que je me rends compte du travail fait sur la performance. Une oreille peu attentive te dira qu'il n'y a aucun changement, mais ce n'est que se fourvoyer. Les morceaux sont au contraire plus poussés, plus purs et plus immersifs ! L'expérience des EPs est prolongée avec ce CarpenterBrutLive qui présente beaucoup plus d'intérêt qu'il n'y paraît. Plus travaillé, il donne une version finale de ses titres pour tous les auditeurs qui n'ont pu le voir de chair et d'os. Finalement, le côté bâtard de sa musique, une recette électro répondant aux codes de composition métal accompagné de sa violence, est totalement approprié pour la scène. Ce qui en fait un live loin d'être plan-plan et froid mais surtout jouissif ! Sorti et autoproduit via son propre label No Quarter Prod, il clôt sa Trilogy d'EPs de façon majestueuse et admirable.
Publié dans le Mag #29