Busdriver - Perfect hair Comme Jhelli beam, le dernier album de Busdriver que j'avais eu l'honneur de chroniquer dans ces pages (ndr : il en a publié deux autres entre-temps), Perfect hair est un disque qui se fait mériter et il faut multiplier les écoutes pour se rendre à l'évidence qu'il s'agit d'un très bon cru. Bien heureusement pour l'auditeur qui n'est pas doté de la patience de votre serviteur, notre conducteur de bus favori (avec Otto des Simpsons et Gérard, le moustachu de la RATP) parsème son album de titres évidents, histoire de ne pas totalement désarçonner et encourager le quidam à poursuivre l'itinéraire. La troisième piste, "Ego death", en compagnie d'Aesop Rock et Danny Brown, est d'ailleurs un des sommets de l'album et le meilleur ambassadeur pour représenter Perfect hair : 6 minutes de flows entrelacés percutants sur un instrumental évolutif. Un titre qui, à l'instar d'"Imaginary places" ou "Me-time", devrait rapidement devenir un classique dans la discographie du rappeur hyperactif.

Perfect hair commence sur les chapeaux de roues, même si "Retirement ode" ne charme pas immédiatement. Le phrasé inimitable est toujours présent mais le titre désoriente de par ses atmosphères chiadées lorgnant vers un hip-pop progressif (le néologisme est volontaire hein...). "Bliss point" est aussi une réussite long-termiste, le refrain est scotchant mais là aussi le titre peine à convaincre dès les premiers contacts. "Ego death", on t'en a déjà parlé, c'est la fête du slip. La piste suivante, "Upsweep" est aussi un des moments forts de l'album : un titre dream-pop salopé par un beat efficace et ce chant toujours aussi particulier. Très classe. Parmi les autres pistes incontournables de cet album, il est difficile de ne pas mentionner "Eat the rich" et son tic vocal irrésistible ou "Can't you tell me I'm a sociopath" et son beat qui s'empare de l'attention pour ne plus la lâcher. Perfect hair se termine sur quelques pistes foisonnantes assez représentatives de l'album : Busdriver nous perd pour mieux nous retrouver, puis nous perdre et reprendre l'auditeur par la peau du dos. Un cache-cache sonore où le rappeur prend un plaisir évident alors qu'il est (pour le moment...) plus sinusoïdale-positif de notre coté.

Perfect hair n'est pas forcément l'album le plus efficace de Busdriver et encore moins celui par lequel commencer si tu es afficionados de hip-hop racé. Néanmoins, Busdriver a encore une tripotée d'arguments massues à mettre en avant. Et, turpitude de chroniqueur, à l'instar de Jhelli beam, Perfect hair devrait encore révéler beaucoup de sa magie jusqu'à la prochaine livraison de Regan Farquhar. A la lecture de cet humble article, tu peux donc déjà considérer cet avis comme caduc et rajouter une bonne dizaine de points de séduction.