Black Taboo - Restants de tab Depuis la sortie de Gold tits city en 2011, le gang d'Orsainville s'est fait silencieux. On les croyait séparés, jusqu'à l'apparition en 2021 d'une succession de sorties faisant notamment le lien avec son passé (Instru mental, qui comme son nom l'indique est une compilation de morceaux instrumentaux pour tester ton flow d'alcoolique), un disque live (Chaud en show), et un side project de Vice (l'un des rappeurs de Black Taboo) avec V.I.Street, le beatmaker du groupe. Le groupe avait même sorti une compilation de leurs hits en 2018 (Les glands succès, passée totalement sous nos radars. On avait toutefois un doute sur le fait que les Québécois reviennent avec du nouveau matériel, voire un nouvel album. Il ne fallait pas les enterrer trop vite, puisque ce fut chose faite, au début du mois de novembre 2022, avec Restants de tab.

Sauf qu'à y regarder de plus près, et le nom du disque aurait dû nous interpeler, il s'agit en réalité d'une compilation de titres inédits, de chutes de studio, de classiques remixés (dont l'inévitable "La rumba"), avec des invités plus ou moins connus de l'univers de Black Taboo (à commencer par Taktika sur "Cartel de Qc", un morceau dont l'esprit est proche de Cypress Hill, mais également Mononcle Rock et Louis The 3rd). Dépoussiérés puis retravaillés par V.I.Street, ces morceaux enregistrés entre 2002 et 2022 représentent bien l'ADN du gang. Limité à 420 copies, ce disque un peu spécial contient tout ce qu'on aime chez Black Taboo : des flows acérés portant des lyrics crus au ton souvent drolatique, des beats groovy et percutants, et des instrus toujours bien amenées, efficaces, mais surtout toujours très variées. En effet, les prods de V.I.Street - qui laisse un peu de place dans son terrain de jeu à Banksta, Al_Fayed, DJ Sifu, 2Faces et DJ Nerve - sont toujours aussi vivifiantes allant autant puiser dans des inspirations old school tout en cherchant des sons venus d'ailleurs (vagues orientales sur "Imposteurs", plutôt reggae/dub avec "Rocker une capote"). Autre surprise à noter : ces raps en langue anglaise sur "West side dawgz", un titre qui aurait pu sortir à la fin des années 1980 à l'époque des N.W.A et autres Public Enemy.

Vous l'aurez compris, Black Taboo n'a pas dit son dernier mot. Comme le démontre ces 18 pistes, ses réserves sont encore de qualités et le gang, qui en a encore sous le pied, devrait très logiquement proposer à sa fanbase de nouveaux morceaux tous aussi passionnants. Histoire de ne pas trop retomber avec facilité dans une certaine forme de nostalgie dans laquelle on se repasse des vieux tubes de l'époque, quand on était jeune, insouciant et vaillant. Et oui, Au nom du pad et du vice a fêté ses 20 ans cette année. Ça ne nous rajeunit pas tout ça.