Black Light Burns - Lotus island S'il avait mis six années pour donner naissance à un deuxième "vrai" album avec The moment you realize you're going to fall, Cover your heart and the anvil pants odyssey étant un disque de reprises et chutes de studios, Wes Borland, grand ordonnateur du projet Black Light Burns semblait avoir été pris d'un accès de boulimie créative puisque moins de six mois après le deuxième album du projet... il enquille ce Lotus island assez mystérieux, sorti sans quasiment de promo et a priori à réserver pour les inconditionnels du projet. Sauf qu'en fait il y a une vraie raison à cela. Parce que ce quatrième opus du projet est une bande-originale conceptuelle. Enfin presque, on explique.

Lotus island est en effet la "fausse" BO du film américano-mexicain The holy mountain du réalisateur franco-chilien Alejandro Jodorowsky, un metteur en scène réputé pour son cinéma ésotérique et assez surréaliste qui, en 1973, adaptait le roman inachevé d'un auteur et poète français, René Daumal, intitulé Le Mont Analogue. L'histoire est celle d'un voleur ressemblant au Christ qui s'introduit dans une tour et y affronte un maître alchimiste. Après l'avoir vaincu, ce dernier lui présente sept personnes qui font partie des puissants de ce monde, chacun d'entre eux étant (au sens astrologique) associé à une planète et destinés à obtenir coûte que coûte le secret de l'immortalité. Lequel est gardé par neuf sages le préservant au secret depuis le sommet d'une montagne sacrée...

Musicalement, Wes Borland, qui est aux commandes du disque pour ainsi dire tout seul, navigue à vue dans des courants ambient rituel baignant dans un indus électronique et expérimental ("The alchemist", "The thief"). Le résultat se love dans des atmosphères inhospitalière, régulièrement aussi glauques qu'oppressives ("The city", "The dancers") avant de laisser la part à un chant, habité, qui emporte avec lui des instrumentations et arrangements évoquant un Nine Inch Nails synthétique sous psychotropes. Pour un résultat de haute volée, qui à l'instar de la suite, installe Black Light Burns dans des sphères peu commerciales ("The hate of my life"), très indépendantes mêmes ("The opportunists"), mais ô combien fascinantes. Sept pièces qui forment un tout particulièrement homogène et inspiré, auxquelles Borland a encore joint quelques remixes très dispensables (comme à son habitude), histoire de parfaire le remplissage d'un objet qui n'en avait de toutes les façons pas besoin.