Indus Indus > Binaire

Biographie > Deux éléments pour une déflagration indus punk

A l'heure où il est de plus en plus difficile de trouver un groupe se démarquant d'un autre, Binaire est une exception. Que ce soit dans le rock ou dans le metal, ainsi que dans tous leurs courants musicaux afférents, on ne compte plus les groupes qui réactualisent ce qui a été déjà fait et refait. C'est ainsi que fleurissent chaque année nombre de clones de formations phares, de copies sans âmes ni talent que l'on imaginerait volontiers élevés en batterie. Alors, lorsque les marseillais de Binaire débarquent en assurant des premières parties pour Overmars ou Kill the thrill, avec la ferme intention de proposer de l'inédit, on prend ça en pleine face. Deux hommes, deux machines "enchevêtrés jusqu'à la moelle", une fusion contre nature, celle de la rencontre entre l'homme et la machine, un peu à la manière d'un Fear Factory mais en moins métallique.
Un alliage expérimental entre punk hardcore et éléctro-indus clinique. Un choc sans concession, un exutoire de la part d'un groupe hardboiled qui ne fait pas dans la demi-mesure et qui en laissera nécessairement plus d'un sur le carreau. Binaire déstabilise, Binaire veut choquer et imposer son style sauvage, hardcore et unique. Certains apprécieront, d'autres détesteront, c'est une nécessité Binaire est là pour ça, pour repousser les limites et faire parler la poudre en 2005 avec son premier essai : Punk vs Machine.

Review Concert : Binaire, 25 ans de Bastion au Cylindre (mai 2009)

Binaire / Chronique LP > Idole

Binaire - Idole Attention les yeux ça va piquer (littéralement ?), les furieux et tonitruants Binaire sont de retour avec un nouvel album, assez savoureusement intitulé Idole (quand on connaît le goût prononcé du groupe pour le dynamitage en règle des conventions, des modes et autres superficialités modernes, c'est encore plus drôle), disponible auprès de toute une flopée de labels aux patronymes tous aussi amusants (Les Disques de plomb, Rock&roll masturbation... et mention spéciale pour Et mon cul c'est du tofu ?...) en LP 12''+CD au visuel pour le moins... on va dire "coloré". Faut aussi dire qu'avec ce nouvel effort, les marseillais ont décidé de la jouer plus cool que d'ordinaire et envoient d'entrée un "Ketamine bonne mine" rock punky aux tentations électro assumées et au chant monocorde des plus cinglants.

Mais quoiqu'il en soit, ce groupe-là n'est toujours pas à mettre entre n'importe quels tympans. (Tonnerre ?) Binaire est en mode "light" pour l'instant et ne bétonne pas autant qu'on aurait pu l'imaginer avec son "BTP", où il semble offrir sa vision, iconoclaste certes et très personnelle, de la musique pop avant de s'en aller visiter des contrées noise-rock robotique sous acide avec "Ca fait plus de 20 ans que je suis dans le business". Lucide. Le duo, devenu parfois trio avec derrière les fûts (et pour trois titres), le cogneur/frappeur d'Overmars, se refuse à faire ce qu'il a déjà fait par le passé et, s'il ne change pas du tout au tout, propose donc avec Idole un disque (d)étonnant mixant toujours boîte à rythmes et machines, guitares et textes travaillés, scandés avec une énergie fleurant bon le hooliganisme punk-wave dans sa forme la plus réfléchie, vindicative mais jamais gratuite dans ses prises de position. Provocateur, le groupe se lâche sur un morceau qui va faire grincer des dentiers dans les chaumières de la vieille France : "J'ai des maghrebins parmi mes meilleurs amis" et des textes balancés à l'arrache dans un anglais assez approximatif en même temps que le fond sonore gagne en densité et en finesse (si si).

Ultime en son genre... comme la suite (ou presque), qui voit les Binaire jouer avec les décibels ("Oreillete blue tooth, part 1", "Marche !") avant de revenir dans les fondements d'un punk(hard-core) sur le très énervé "Oreillete blue tooth, part 2". Toujours sur la corde raide, bien aidé par la production de Nicolas Dick (Kill the thrill), les furieux attendent les deux derniers titres pour balancer les, sans aucun doute, meilleurs titres de leur Idole : "Men in the middle attack" et "Palpitation de tendons", tout virulence exacerbée et arrangement plus affinés que par le passé. Une crise de maturité ? Plus sérieusement l'envie de varier les plaisir tout en maintenant la pression (syndicale) et toujours cette même envie DIY d'en découdre. Punk... as fuck.

PS : l'album est également en téléchargement libre au format .wav uniquement parce que pour les Binaire : "mp3 sounds like shit".

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Binaire / Chronique LP > Bête noire


binaire_bete_noire.jpg Binaire aime jouer avec les codes, les genres et les sensations... Une fois passé l'effet de surprise du sample made in windows qui ouvre Bête noire, le deuxième effort discographique des marseillais rentre directement dans le gras avec un premier titre aussi court qu'abrupte, furieusement punk, et possédant quelques accents new-wave qui font qu'on ne peut ranger le groupe dans une quelconque case musicale. Forcément, Binaire est inclassable et si tentative il y avait de catégoriser sa musique, ce serait une démarche injustement réductrice. Car après Filth abhors filth, le groupe lâche sa bête industrielle punk new-wave et se révolte en bombant le torse. Contre qui, contre quoi ? La réponse se trouve dans les titres des morceaux de l'album : du savoureux "Kasque à pointe" au plus subtil "Vote for me" en passant par le frontal "t'as qu'à bosser" et le plus révolutionnaire "Barricade". Rien à redire, Binaire a la rage au ventre mais contrairement à son effort inaugural, a réussi à la canaliser afin de lui donner plus de consistance et d'énergie destructrice à l'ensemble. Frapper toujours plus fort là où ça fait mal, tel semble être le leitmotiv du groupe. On croit des choses, on pense savoir des tas de trucs que l'on ignore en réalité et Binaire aime tout simplement nous ouvrir les yeux en dynamitant nos convictions.
Vénéneuse ("30 ans et Devo", "Avale !"), le groupe fonce droit dans le tas et ne se soucie pas des dommages collateraux, il ose, envoie la sulfateuse et kärcherise encore et encore jusqu'à anésthésier les cortex cérébraux histoire de provoquer un petit lavage de cerveau forcé et de remettre le peuple dans le droit chemin ("Fashion"). La démarche de Binaire est artistiquement politique, le monde vit dans son éphémère et apparente tranquilité, les marseillais sont dans l'urgence et ne cherche qu'à bousculer les certitudes de l'auditeur confortablement installé dans son fauteuil ("Express"). Animale, la musique du combo phocéen semble s'être un peu assagie dans la méthode, mais aucunement dans l'esprit. Et si elle sait se faire plus structurée, moins bordélique qu'auparavant, c'est uniquement afin de gagner en efficacité ce qu'elle perd en spontanéité. Dévoilant des arrangements instrumentaux plus soignés, elle montre un visage un peu plus matûre qu'à ses débuts, même si l'on sent bien que l'apparente architecture méthodique de l'oeuvre peut voler en éclat à tout instant. C'est également ce qui fait la force de Binaire, bousculer les convictions, placer l'auditeur dans une atmosphère de chaos sonore permanent afin de le maintenir sous pression constante. Résultat des courses : ça gueule, ça envoie des décibels dans tous les sens et on en prend plein la tronche. Mais on en redemande... La démarche est subversive, osé et franchement casse-gueule, mais, en restant farouchement indépendant, en ne se laissant jamais aller à la facilité, le concept "Punk vs machine" ou "Binaire vs le reste du monde" fonctionne à plein tube.

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Binaire / Chronique EP > Filth abhors filth


binaire_punk_vs_machine_artwork.jpg 5 titres pour un peu moins de 25 minutes de musique, jusque là rien d'extraordinaire, mais ça sera bien la seule chose qui ne surprendra pas à l'écoute de cet EP. Deux titres fleuves : "Poutre" et "Sybian", 6'49 pour le premier, près de 11 pour le dernier, trois autres qui à l'inverse se caractérise par leur brièveté et ne dépassant pas 2'30 chacun. Voilà pour les chiffres. En ce qui concerne la musique, ou plutôt l'expérience sonore, Binaire mélange la "Poutre" hardcore et les saturations éléctro-noise industrielle, passe tout ça au "Shaker" punkisant et atomise les platines. L'enfer bruitiste s'ouvre sous nos pieds... En clair en bon gros boxon sonore signé d'un duo désireux de dynamiter les genres, exploser les conventions et distiller un son inimitable. Le style Binaire, c'est également une rage incontrôlable et (surtout) incontrôlée, des ambiances oppressantes, une déferlante de samples agressifs et des rythmiques martiales hypnotisantes. Une démonstration brutale et sans concession.
Piégé au coeur d'un univers froid et hostile, on assiste en auditeur incrédule au choc tectonique des genres, à la naissance d'une fusion hors norme d'un magma sonore étrange et innovant. Evidemment, la découverte de ce premier essai signé Binaire nécessite plusieurs écoutes, tant Filth abhors filth ne manquera pas de repousser au premier abord avant de lentement tisser sa toile et de convaincre l'auditeur le plus réfractaire, à condition qu'il soit suffisamment "open minded" pour accepter que l'on bouscule ses certitudes musicales. A la fois corrosif et sous pression permanente, le son de ce duo hors norme agresse, enonce les cloisons, destructure les codes du punk hardcore. Il ne joue pas sur la suggestion mais sur le choc frontal et direct. L'effet est radical.
Au terme de l'écoute de cet EP pour le moins "ovniesque" [copyright W-Fenec, sic], il ne restera qu'une chose : une impression sourde et latente que l'implacable révolution "binaire" est en marche. On va être clair : Binaire, c'est le côté obscur de la force industrielle, le punk contre la machine. Et qui n'est pas fasciné par ça ?