Binaire - Idole Attention les yeux ça va piquer (littéralement ?), les furieux et tonitruants Binaire sont de retour avec un nouvel album, assez savoureusement intitulé Idole (quand on connaît le goût prononcé du groupe pour le dynamitage en règle des conventions, des modes et autres superficialités modernes, c'est encore plus drôle), disponible auprès de toute une flopée de labels aux patronymes tous aussi amusants (Les Disques de plomb, Rock&roll masturbation... et mention spéciale pour Et mon cul c'est du tofu ?...) en LP 12''+CD au visuel pour le moins... on va dire "coloré". Faut aussi dire qu'avec ce nouvel effort, les marseillais ont décidé de la jouer plus cool que d'ordinaire et envoient d'entrée un "Ketamine bonne mine" rock punky aux tentations électro assumées et au chant monocorde des plus cinglants.

Mais quoiqu'il en soit, ce groupe-là n'est toujours pas à mettre entre n'importe quels tympans. (Tonnerre ?) Binaire est en mode "light" pour l'instant et ne bétonne pas autant qu'on aurait pu l'imaginer avec son "BTP", où il semble offrir sa vision, iconoclaste certes et très personnelle, de la musique pop avant de s'en aller visiter des contrées noise-rock robotique sous acide avec "Ca fait plus de 20 ans que je suis dans le business". Lucide. Le duo, devenu parfois trio avec derrière les fûts (et pour trois titres), le cogneur/frappeur d'Overmars, se refuse à faire ce qu'il a déjà fait par le passé et, s'il ne change pas du tout au tout, propose donc avec Idole un disque (d)étonnant mixant toujours boîte à rythmes et machines, guitares et textes travaillés, scandés avec une énergie fleurant bon le hooliganisme punk-wave dans sa forme la plus réfléchie, vindicative mais jamais gratuite dans ses prises de position. Provocateur, le groupe se lâche sur un morceau qui va faire grincer des dentiers dans les chaumières de la vieille France : "J'ai des maghrebins parmi mes meilleurs amis" et des textes balancés à l'arrache dans un anglais assez approximatif en même temps que le fond sonore gagne en densité et en finesse (si si).

Ultime en son genre... comme la suite (ou presque), qui voit les Binaire jouer avec les décibels ("Oreillete blue tooth, part 1", "Marche !") avant de revenir dans les fondements d'un punk(hard-core) sur le très énervé "Oreillete blue tooth, part 2". Toujours sur la corde raide, bien aidé par la production de Nicolas Dick (Kill the Thrill), les furieux attendent les deux derniers titres pour balancer les, sans aucun doute, meilleurs titres de leur Idole : "Men in the middle attack" et "Palpitation de tendons", tout virulence exacerbée et arrangement plus affinés que par le passé. Une crise de maturité ? Plus sérieusement l'envie de varier les plaisir tout en maintenant la pression (syndicale) et toujours cette même envie DIY d'en découdre. Punk... as fuck.

PS : l'album est également en téléchargement libre au format .wav uniquement parce que pour les Binaire : "mp3 sounds like shit".