binaire_punk_vs_machine_artwork.jpg 5 titres pour un peu moins de 25 minutes de musique, jusque là rien d'extraordinaire, mais ça sera bien la seule chose qui ne surprendra pas à l'écoute de cet EP. Deux titres fleuves : "Poutre" et "Sybian", 6'49 pour le premier, près de 11 pour le dernier, trois autres qui à l'inverse se caractérise par leur brièveté et ne dépassant pas 2'30 chacun. Voilà pour les chiffres. En ce qui concerne la musique, ou plutôt l'expérience sonore, Binaire mélange la "Poutre" hardcore et les saturations éléctro-noise industrielle, passe tout ça au "Shaker" punkisant et atomise les platines. L'enfer bruitiste s'ouvre sous nos pieds... En clair en bon gros boxon sonore signé d'un duo désireux de dynamiter les genres, exploser les conventions et distiller un son inimitable. Le style Binaire, c'est également une rage incontrôlable et (surtout) incontrôlée, des ambiances oppressantes, une déferlante de samples agressifs et des rythmiques martiales hypnotisantes. Une démonstration brutale et sans concession.
Piégé au coeur d'un univers froid et hostile, on assiste en auditeur incrédule au choc tectonique des genres, à la naissance d'une fusion hors norme d'un magma sonore étrange et innovant. Evidemment, la découverte de ce premier essai signé Binaire nécessite plusieurs écoutes, tant Filth abhors filth ne manquera pas de repousser au premier abord avant de lentement tisser sa toile et de convaincre l'auditeur le plus réfractaire, à condition qu'il soit suffisamment "open minded" pour accepter que l'on bouscule ses certitudes musicales. A la fois corrosif et sous pression permanente, le son de ce duo hors norme agresse, enonce les cloisons, destructure les codes du punk hardcore. Il ne joue pas sur la suggestion mais sur le choc frontal et direct. L'effet est radical.
Au terme de l'écoute de cet EP pour le moins "ovniesque" [copyright W-Fenec, sic], il ne restera qu'une chose : une impression sourde et latente que l'implacable révolution "binaire" est en marche. On va être clair : Binaire, c'est le côté obscur de la force industrielle, le punk contre la machine. Et qui n'est pas fasciné par ça ?