Atari Teenage Riot - Reset Cinquième album d'Atari Teenage Riot ou deuxième du Atari Teenage Riot du vingt-et-unième siècle, c'est selon si on veut jouer aux vieux baroudeurs ou pas... En tout cas, Alec Empire, Nic Endo et et Rowdy Superstar continuent de bosser dans la lignée d'Is this hyperreal? paru en 2011.

Et y'a pas à dire, Alec Empire a sa signature et son style, reconnaissable entre mille, permet d'adhérer très rapidement à ces nouveaux brûlots. Parce que ça bastonne sévère à peu près tout le temps ("Street grime", "Death machine", "Transducer"...) et il ne faut pas compter sur la voix féminine pour calmer le jeu, au contraire, on sent la rage transpirer à travers les enceintes... La hargne d'Alec qui fracasse ses guitares et ses machines est contagieuse et on se prend rapidement à hurler quelques brides de paroles scandées par le DJ-rappeur Rowdy (par exemple We live in a decade where violence breeds more violence de l'éponyme "Reset"), il faudrait tout remettre à zéro, relancer la machine plutôt que de la voir bugger de plus en plus jusqu'à un inévitable "Cra$h". Ce nouvel opus apporte bien peu d'espoir et ce ne sont pas les quelques passages plus posés où les samples apparaissent plus lumineux et la voix d'Endo moins trafiquée et très douce qui font changer la donne. Même le quasi instrumental "Erase your face" semble tapi dans l'obscurité prêt à nous sauter à la gorge (ce qu'il ne fera pas), lugubre et inquiétant, ce bricolage de voix samplées et de sons bidouillés auraient pu clore en ténébreuse beauté l'album mais le trio a préféré en remettre une couche derrière avec un titre plus dansant. C'est "We are from the internet" (qui comme d'autres genre "New Blood"), un morceau qui pousse à la gesticulation sauvage et que j'imagine bien propulsée dans les baffles d'une boîte futurist servant de décor à une histoire post-apocalyptique. Parce que pour l'heure, la jeunesse qui danse n'est pas encore prête à prendre de telles déflagrations sur un dance-floor...