Gros fan de hip-hop hardcore de la côte Est (Necro, La Coka Nostra), le toulousain Al'Tarba débute la musique au sein de la scène punk en tant que guitariste puis, plus tard, décide de troquer sa six cordes contre des machines et l'ordinateur. Le bonhomme compose mais interprète également en posant ses textes dans Droogz Brigade. La scène new-yorkaise et les films gores sont des sujets qu'il connait si bien qu'il en à forger son style en s'y inspirant. Il n'est donc point étonnant de constater qu'Al'Tarba compte des collaborations assez classes dont Raekwon du Wu-Tang Clan, Ill Bill, membre de La Coka Nostra et demi-frère de Necro ou Onyx. Le désormais parisien sort discrètement deux albums puis monte en 2011 une compilation d'une vingtaine de morceaux orientés abstract hip-hop intitulé Lullabies for insomniacs. 50 000 téléchargements plus tard, Al'Tarba sort son quatrième skeud en novembre 2013, un EP nommé Ladies & Ladies en l'honneur de la gente féminine avec des invités tels que Jessica Fitoussi ou Camille Safiya.
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Liens pour Al'Tarba
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Al'Tarba discographie sélective
lp :
Rogue Monsters II
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lp :
La fin des contes
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lp :
Ningyo remixes
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ep :
Bad acids & malicious hippies
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lp :
La nuit se lève
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lp :
Let the ghosts sing
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ep :
The sleeping camp
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ep :
Ladies & Ladies
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Al'Tarba dans le magazine
Numéro :
Mag #59
Il est beau, il est vert fluo, voici le Mag #59 avec Shaârghot en tête d'affiche, ils font partie des groupes interviewés avec Karras, Neighboring Sounds, It It Anita, BBCC et aussi un membre de La Fabsonic. Tu trouveras également dans ce nouveau magazine un gros dossier Nantes Metal Fest avec live report, photos et interview d'un des organisateurs ! Au menu encore des compte-rendu des concerts de LLNN, Forever Pavot, Mass Hysteria ou Girls In Hawaii et comme d'habitude, des dizaines de photos de concerts, des chroniques et un partage de tuyaux made in HuGuiGui !
Liens Internet
- Lords of Rock : webzine pop rock suisse
- Glaz'Art : site officiel
- MusikMania : tabs, paroles, traductions...
Indus > Al'Tarba
Biographie > Ah le bâtard !
Al'Tarba / Chronique LP > Rogue Monsters II
Godzilla vs Superman. Quand deux énormes beatmakers français se retrouvent une nouvelle fois pour un projet commun, ça envoie toujours de l'épais, du lourd, du surabondant. Senbeï et Al'Tarba ressortent les machines pour Rogue monsters II, 4 ans après Rogue monsters, livré en 2019. En bons créateurs sonores, riches de leurs univers respectifs, japonisant pour Senbeï, atmosphères cinématographiques pour Al'Tarba, les deux gugusses t'emmènent dans un long voyage musical à travers 13 tracks. Un voyage, une épopée, tellement foisonnant et surprenant, qu'à côté Frodon et son anneau, il a fait un tour dans son jardin, ou que Luffy a fait un tour de pédalo. Ouvre tes oreilles et fais de la place, car ils vont te les farcir avec du premier choix.
Ça débute avec "King's head", comme un générique qui t'annonce le film. Bruits de sabres, de batailles, instrumentations lourdes et épiques, mélodie enfantine, atmosphère sombre, musique à cliffhanger. Le combo se présente, ça va partir. Morceau "Dum dum" purement abstract hip-hop, avec quelques vagues sombres sur lesquelles un sample léger et mélodique vient se poser. S'ensuit "Monsters" featuring Bekay, rappeur new-yorkais. Eminem a son "Godzilla", Al'Tarba et Senbeï ont leur "Monsters". On enchaine avec "Wanna be bad", à la double ambiance gros drum'n'bass vs comptine k-pop. On va ensuite "Tourner la page", avec un hymne solaire, kawaï au refrain chantant, accompagné de sons joyeux... qui bascule soudain quand la page se tourne et le titre passe du clair à l'obscur, le vernis s'est écaillé, le soleil s'est éteint. Pour le morceau suivant, baptisé "Interlude part 2", on va le décrire en mots-clefs : batteur lutin (un ballutin ?), envie pressante, montée sur scène, forêt magique, qui finira en track punk-rock. Un rapport dans tout ça ? Eh bien oui, à écouter pour se marrer et pour se rappeler l'aussi bon "Interlude" du premier Rogue monsters. Et quitte à faire parler les guitares, s'ensuit ''Back again", pur hardcore NY oldschool, Sick Of It All est passé dans le studio ? On relâche la pression avec la collaboration des Jamaïcains Bella Blair et Blackout Ja, pour un morceau évidemment reggae dub ; entre la voix douce de Bella Blair et le flow ragga et accrocheur de Blackout Ja. Rogue monsters II fait toujours dans la rencontre, qu'elle soit opposition ou duo, à l'image des gaziers aux manettes. Je pourrai continuer à décrire brièvement les cinq derniers titres, tant chacun mérite une attention particulière, mais il ne plait qu'à toi de continuer le voyage. Et puis, si je continue de tout décrire, ça ne va plus être une chronique, ça va être une saga. Je rajouterai quand même que pour la fin du LP, le rappeur français Swift Guad est aussi du voyage, il y aura des gros beats, des samples toujours surprenants, des sons venus de nulle part ou de l'autre côté du globe.
Une orgie de musique avec Al'Tarba et Senbeï et ce Rogue monsters II. Oui, ils sont monstrueux, monstrueux de talent.
Publié dans le Mag #59
Al'Tarba / Chronique LP > Ningyo & Ningyo remixes
Ouh comme il est loin, le temps où la bande son du hip-hop naissait sur des boucles de funk et de disco, et que quelques illuminés posaient leur flow sur cette étrange rythmique. Moins lointain encore, l'époque où les DJ's et autres turntablists s'effaçaient derrière les MC's qui squattaient la lumière et les regards. Maintenant que le hip-hop a épuisé plusieurs générations d'artistes et qu'il est considéré comme un courant musical à part entière destiné à survivre et prospérer, une nouvelle forme musicale se développe. Les beatmakers qui œuvraient en background dans la mise en scène des rappeurs, se disent qu'ils peuvent aussi se la jouer solo. Après tout, la musique electro s'exhibe depuis longtemps en considérant le chant comme accessoire, pourquoi ces rois du sample, du beat et du scratch ne pourraient-ils pas exister uniquement pour leur musique ? Senbeï fait partie de ceux-là. Moitié du duo Smokey Joe & The Kid, ce touche à tout parisien développe tout son talent dans le LP Ningyo.
Au regard de la pochette, du pseudo et du nom de l'album, tu t'imagines bien que la signature musicale de Senbeï n'est pas d'inspiration cubaine, indienne ou scandinave. C'est bien entendu au pays du soleil levant que l'on va se promener au gré des 15 tracks qui combinent gros beats qui claquent, basses généreuses, scratchs brefs mais incisifs et samples très travaillés de sonorités japonaises. On y retrouve les déconstructions (ou des enregistrements studio) des instruments traditionnels comme le biwa, le shamisen (respectivement, luths à manche court et long) ou le shakuhachi (flûte) ; des extraits de dialogues, de chants patriotiques ; et des instruments plus occidentaux. Une soupe miso truffée de saveurs orientales et de sensations occidentales. Car même si l'univers asiatique imbibe l'album, Ningyo reste un vrai gros disque de hip-hop. On est très loin d'un Gotan project qui plaquait juste un simple rythme electro sur une petite boucle de Tango en l'étirant pendant 5 minutes. Senbeï offre une série d'aires de jeux pour des MC au micro titilleur. Ce sont d'ailleurs une kyrielle d'invités qui se passent le mic, pour des lyrics en anglais et français.
Alors laissons-nous entraîner par cette Ningyo, sirène de la mythologie nippone qui semble nous appeler dès le morceau introductif "Sakura", avec un chant aérien posé sur un rythme zen, où quelques frémissements viennent vibrionner l'espace et l'océan. La voici,qui apparaît ensuite dans "Ningyo", le chant se fait plus présent, plus intelligible, les orchestrations sont plus poussées, dans un mélange trip-hop electro trans. Puis vient "Ryori", oubliée la sirène envoûtante, avec l'entrée en scène de ASM et Youthstar sur un pur hip-hop qui envoie du lourd, gros sample qui s'imprime dans la tête et rap US implacable. S'ensuit "The life of Puyi", une vie bien rythmée pour le dernier empereur de Chine avec un travail sur une rythmique renforcée par des mix onomatopesques. Suit un autre monarque d'Orient, un peu plus contemporain et pixelisé, bruitages de Super Mario en mode dub step dans "Space dutty invaders", très ludique. S'ensuivent deux tubes hip-hop en opposition : un track hip-hop avec Miscalleneaous en featuring entouré d'instruments trad puis "Edge of the universe" avec le rappeur japonais, au son plus occidental. Et après tout ça, on n'est même pas au milieu de la galette ! Et la suite est toute aussi sympathique : on rend hommage à DJ Nunjabes "Nunjabes tribute" et à la sorcière du voyage de Chihiro "Yubaba bridge" dans des titres plus étirés. Avec les artistes N.O.N Genetic puis Yoshi, Sad Vicious, Cheeko, ASM, et Youthstar, Senbeï imbrique tout ça façon Tetris en assemblant samples de chants patriotiques et phrasés rappés dans "Ticklish" et "Photo de classe", unique morceau en français. Et un retour au calme dans le parfait univers de Senbeï, avec 2 derniers coups de katanas.
Mais voilà, après plus d'une heure d'une bande son très personnelle et bien chargée en chatouillis pour les oreilles et autres organes sensitifs, tu en veux encore ? Toujours pas rassasié ? Le Ronin Senbeï enchaîne avec le LP Ningyo remixes et pour se faire, rameute les autres samouraïs découpeurs de sons et maîtres en bruitages, notamment The Architect, Tha Trickaz, Clozee ou Al' Tarba (ce dernier avec qui il a depuis sorti Rogue monsters). Et quand il s'agit de rejouer la scène, ses acolytes sortent tous les outils. Pour faire simple, changement d'ambiance, de rythme, de sons, de rappeurs, c'est un challenge à la déconstruction de chaque track et l'art de faire un origami de la partition initiale : c'était un godzilla, il se transforme en kodama ; d'abord en Totoro, il finit en Kaneda. Cette assiette de mix, c'est encore 45 minutes d'une cuisine épicée qui sait relier tous les continents. Avec tout ça, tu as l'entrée, le plat de résistance et le dessert. A table !
Publié dans le Mag #37
Al'Tarba / Chronique LP > La nuit se lève
On connait tous l'amour que porte Al'Tarba pour le 7ème art, à travers son sampling, son imagerie, et ses divers hommages publiés dans les divers canaux médiatiques. Son dernier album en date (son sixième au compteur), intitulé La nuit se lève, en est un témoignage supplémentaire. Construit autour d'interludes représentant des bouts de scènes d'un film sur la vie nocturne d'un gars pas content du tout qui n'hésite pas à flinguer quand bon lui semble ou à négocier sa montre contre une pipe, cet album est hanté par un univers bien glauque et violent, une trajectoire souvent prise par le beatmaker. Sur des rythmiques electro-hip-hop autant martiales ("Now more fighting") que groovy ("Starships loopers") avec quelques considérations pour des ambiances plutôt pondérées (notamment sur la très élégante "She's endorphins" avec le duo de trip-hop Bonnie Li en featuring), Al'Tarba sème avec brio ses dangereuses et mystérieuses ambiances sonores crépusculaires élaborées d'échantillons (dont la référence hip-hop Cypress Hill) et de mélodies à la fois angoissantes et enchanteresses. Il n'a pas été facile pour cet artiste de se réinventer par le passé, c'est désormais à travers ce genre de concept qu'il semble reprendre du poil de la bête.
Publié dans le Mag #31
Al'Tarba / Chronique LP > Let the ghosts sing
Al'Tarba est au cœur de l'actualité avec un nouvel album sorti en octobre, le premier chez les Lyonnais de Jarring Effects suite à l'EP The sleeping camp, qui avait pour mission, via sa sortie sur JFX Lab, de lui donner un avant-goût. Visiblement satisfait des retombées de ce dernier, le label en tant que tête chercheuse de nouveaux talents en musiques électroniques hybrides (encore plus depuis la création de son pendant digital) s'est laissée emballer par l'"abstract hip-hop" de Let the ghosts sing. Il y a de quoi tant le contenu de ce disque (50 minutes tout de même) a tout pour plaire au plus grand nombre. N'est pas "coup de cœur" du "Before" de Canal + qui veut.
Idolâtre des concepts albums, Al'Tarba a voulu cette fois-ci que son oeuvre soit fantomatique. L'artwork de Let the ghosts sing réalisé de fort belle manière par Shalik (déjà l'auteur de celle d' Acid & vicious) nous met déjà sur la piste : un orchestre dirigé par le beatmaker composé de fantômes sous l'œil attentif de Baphomet présent au fond derrière le rideau grecque rouge, une référence direct au cinéma de Lynch. L'idée de son auteur étant que chacun des 14 morceaux de cet album à la fois sombre et onirique soit traversé par un ectoplasme représenté par des voix sorties de son for intérieur. On y voit là aussi des références au septième art cher au toulousain d'origine qui cite volontiers "La cité des enfants perdus", Tim Burton, l'expressionnisme allemand et Kubrik comme influences.
Let the ghosts sing nous plonge assez rapidement dans le monde tourmenté d'Al'Tarba où le hip-hop et l'électronique servent de supports à des samples et coloris de sons variés (cuivres, piano, sitar indien, flute, guitare, scratchs, voix...). Si "Siberian vengeance" et "Let the ghosts scream" enivrent par leurs atmosphères pesantes et nébuleuses, "Gangsters & rude girls" vous réclamera plutôt une petite danse. Ainsi le compositeur n'hésite pas à passer du coq à l'âne au sujet des ambiances qui hantent son disque et rassure par ses présences humaines (Lateb, Paloma Pradal de Bonni Li, Jessica Fitoussi, Danitsa), en opposition au nombre (trop) important de morceaux instrumentaux bourrés de samples qui lui confère une certaine lourdeur. Car si Al'Tarba est un orfèvre du son et un beatmaker affirmé au même titre que les incontournables Wax Tailor ou Chinese Man, il faut reconnaître que ses compositions restent pour la plupart mainstream et sans véritable surprise. Nous l'avions évoqué sur Ladies & Ladies, confirmé sur The sleeping camp, nous aurions préféré que Let the ghosts sing prenne un virage différent et qu'Al'Tarba se démarque un peu plus de cette flopée d'artistes français qui se rangent les uns après les autres dans cette case standardisée que la presse musicale nomme abstract hip-hop.
Al'Tarba / Chronique EP > The sleeping camp
On avait laissé Al'Tarba sur un Ladies & Ladies, EP encourageant pour la suite même si notre préférence allait clairement sur Lullabies for insomniacs, une compilation aux couleurs sonores plus variées. Le Toulousain d'origine s'apprête à sortir le 13 octobre son nouvel album, Let the ghosts sing, et en a profité pour livrer un EP intitulé The sleeping camp, une sorte d'avant-goût de ce qui nous attend prochainement. Ce 4 titres renvoie à l'univers des gitans (le vidéo clip de la chanson éponyme se passe d'ailleurs dans un camp de gens du voyages) et marque encore plus l'univers du beatmaker, sensible aux ambiances ombrageuses ("The sleeping camp") et instables (la montée progressive de "Dusty signal" se terminant en breakbeat jungle en est l'exemple). Deux invités viennent prêter main forte à l'artiste sur la suite et fin plus rythmée de l'EP: DJ Nix'On, acolyte d'Al'Tarba depuis pas mal de temps déjà, revient scratcher avec classe sur "Hé garçon", titre abstract hip-hop costaud gorgé de samples dont ceux tirés du film "La guerre des boutons" et le flow du duo de Baltimore Dirt Platoon se posant sur "Heat holders", un morceau compact très typé US (on pense à Jedi Mind Tricks mais pas que) qui prend le contre pied sur le reste de l'EP.
Au final, Al'Tarba ne surprend pas vraiment avec cette mise en bouche et semble se diriger vers un album de cet acabit. Réponse au prochain épisode.
Al'Tarba / Chronique EP > Ladies & Ladies
Dans le monde des beatmakers underground français, un nom ressort régulièrement du lot depuis quelques années, celui d'Al'Tarba. Il faut dire que ce Toulousain exilé à Paris avait fait plutôt bonne figure avec son Lullabies for insomniacs, une compilation d'abstract hip-hop délivrée en 2011 avec laquelle nous l'avions découvert. Son nouvel EP, Ladies & Ladies, laisse place à la gente féminine où quelques featurings aux prestations diverses viennent se greffer sur des morceaux de bonne facture. La voix typée soul pleine de chaleur et de sensualité de Jessica Fitoussi émerveille un "The vengeance sisters" très proche des travaux de Wax Tailor, tandis que Latasha Alcindor aka L.A. nous délecte d'un rap sémillant sur "Global awakening", quand, à l'inverse, Camille Safiya vient adoucir les propos d'une voix enrouée et liquoreuse.
Les quatre titres restants sont des instrumentaux au sein desquels on retrouve cette couture sonore propre à Al'Tarba où samples divers, beats pesants et nappes ombrageuses se côtoient pour donner un cocktail pétulant. Notons toutefois qu'avec cet EP, ce fan de Necro s'éloigne doucement de ses racines et de ses influences hardcore, pour toucher un nouveau public ?