Al'Tarba - Let the ghosts sing Al'Tarba est au cœur de l'actualité avec un nouvel album sorti en octobre, le premier chez les Lyonnais de Jarring Effects suite à l'EP The sleeping camp, qui avait pour mission, via sa sortie sur JFX Lab, de lui donner un avant-goût. Visiblement satisfait des retombées de ce dernier, le label en tant que tête chercheuse de nouveaux talents en musiques électroniques hybrides (encore plus depuis la création de son pendant digital) s'est laissée emballer par l'"abstract hip-hop" de Let the ghosts sing. Il y a de quoi tant le contenu de ce disque (50 minutes tout de même) a tout pour plaire au plus grand nombre. N'est pas "coup de cœur" du "Before" de Canal + qui veut.

Idolâtre des concepts albums, Al'Tarba a voulu cette fois-ci que son oeuvre soit fantomatique. L'artwork de Let the ghosts sing réalisé de fort belle manière par Shalik (déjà l'auteur de celle d' Acid & vicious) nous met déjà sur la piste : un orchestre dirigé par le beatmaker composé de fantômes sous l'œil attentif de Baphomet présent au fond derrière le rideau grecque rouge, une référence direct au cinéma de Lynch. L'idée de son auteur étant que chacun des 14 morceaux de cet album à la fois sombre et onirique soit traversé par un ectoplasme représenté par des voix sorties de son for intérieur. On y voit là aussi des références au septième art cher au toulousain d'origine qui cite volontiers "La cité des enfants perdus", Tim Burton, l'expressionnisme allemand et Kubrik comme influences.

Let the ghosts sing nous plonge assez rapidement dans le monde tourmenté d'Al'Tarba où le hip-hop et l'électronique servent de supports à des samples et coloris de sons variés (cuivres, piano, sitar indien, flute, guitare, scratchs, voix...). Si "Siberian vengeance" et "Let the ghosts scream" enivrent par leurs atmosphères pesantes et nébuleuses, "Gangsters & rude girls" vous réclamera plutôt une petite danse. Ainsi le compositeur n'hésite pas à passer du coq à l'âne au sujet des ambiances qui hantent son disque et rassure par ses présences humaines (Lateb, Paloma Pradal de Bonni Li, Jessica Fitoussi, Danitsa), en opposition au nombre (trop) important de morceaux instrumentaux bourrés de samples qui lui confère une certaine lourdeur. Car si Al'Tarba est un orfèvre du son et un beatmaker affirmé au même titre que les incontournables Wax Tailor ou Chinese Man, il faut reconnaître que ses compositions restent pour la plupart mainstream et sans véritable surprise. Nous l'avions évoqué sur Ladies & ladies, confirmé sur The sleeping camp, nous aurions préféré que Let the ghosts sing prenne un virage différent et qu'Al'Tarba se démarque un peu plus de cette flopée d'artistes français qui se rangent les uns après les autres dans cette case standardisée que la presse musicale nomme abstract hip-hop.