Pour une première édition, on peut dire que l'Extrem Fest a visé juste ! Comeback Kid, Suicidal Tendencies, The Toy Dolls et bien d'autres ont répondu présents à l'appel de l'asso Pollux d'Albi pour agrémenter une affiche éclectique et électrique. C'est Vanessa (la "p'tite", cf notre compte rendu du Hellfest 2013) qui a passé les deux jours en compagnie de cette joyeuse troupe. Et voilà comment ça s'est passé...
Arrivée vers 15h20 sur les lieux, le temps d'écouter les explications au sujet du camping distillées à l'entrée du parking (pose de bracelet et distribution du plan), de se garer et hop ! Nous voilà partis pour le festival. Un entrain rapidement entaché par les 25 minutes de marche en plein soleil, mais vite retrouvé à la vue du site. En réalité, le pass ne sert pas à l'entrée principale mais permet l'accès à une seconde enceinte que nous découvrirons plus tard. Ici se côtoient festivaliers et vacanciers venus profiter du lac, la fête tenant place à Cap Découverte, parc de loisirs autrefois mine de charbon à ciel ouvert. Un endroit idéal pour accueillir le festival sur plusieurs plans, sans prendre en compte sa lourde histoire et le côté symbolique tiré par les cheveux que cela engendrerait. Il dispose d'une maison de la musique et propose diverses activités liées aux sports extrêmes auxquels le logo fait fortement penser, tels le skate, le BMX ou le roller. Afin de rejoindre la mini-scène sur laquelle joueront les plus petits groupes en guise d'introduction durant ces deux journées, nous devons d'ailleurs traverser le skate park, ce qui donne un petit côté vivant aux larves suintantes que nous sommes sous ce soleil de plomb.
Il est 16h ! Les toutes premières notes de musique débutant les festivités sonnent. Gasmoney est sur la Skate park stage. Un groupe du coin, d'Albi plus précisément, formé en 2010. Les influences américaines se ressentent un peu trop. On passe de titres aux sonorités blues au rock alternatif, au stoner. Nirvana, Audioslave, Clutch viennent en tête... de bonnes références, certes ! Elles ne sont cependant pas assez digérées à mon goût ; il manque un truc, quelque chose de personnel à ces compos qui néanmoins fonctionnent. Dommage, j'ai vraiment envie d'apprécier ces bonnes gueules. Il faut quand même dire qu'être programmé à cette heure alors que peu de monde est arrivé (préférant très certainement le frais ou la baignade) ne les aide pas à mettre en place une atmosphère propre à ce son. Ils assurent le live face à une vingtaine de personnes proches de la scène en train de se liquéfier. La motivation du groupe ne suffit pas à stimuler le public, leur courage étant à saluer. L'évolution du groupe reste à suivre. Je pars à l'ombre pour le quart d'heure de pause puisque le prochain tour aura lieu sur la même scène.
17h, c'est l'heure de Necrocult. La formation qui évolue dans un mélange de black et de death a pris vie en 1994 dans le Tarn. On reste dans le local avec des musiciens bien ancrés dans leur style. Je dois bien avouer avoir peur de l'ennui au démarrage qui me semble un peu longuet. Sensiblement plus de monde se présente par rapport au concert de Gasmoney, un accroissement qui se montre progressif au fur et à mesure du concert, tout comme mon "entrée" dans le set. Les deux chants ont beau être stéréotypés, ils se complètent parfaitement, créant une harmonie lors des parties les plus intéressantes : celles chantées en choeur. Les musiciens tiennent la scène à trois et ont l'air heureux d'être là. Avec les parties qu'ils ont à jouer, aucun jeu de scène ne peut attirer notre attention et malheureusement, les conditions n'aidant pas, je sors facilement de la prestation. L'ambiance manque cruellement et la chaleur occupe trop mon esprit. Lors des multiples passages du pulvérisateur humain, nous rafraîchissant avec sa bruine, je perds le fil, n'ayant d'yeux que pour son bidon. J'espère les revoir dans d'autres circonstances dans le but de les apprécier. Ils ont du mérite, cela ne fait aucun doute !
L'ouverture des vraies portes est prévue à 18h pour Nolentia et son live à 18h15. Forcément, ma précipitation et mon impatience m'ont fait attendre devant la scène, comme beaucoup. Première constatation en entrant : il y a de quoi manger !!! Petite précision aidant à la compréhension de mon enthousiasme : en plus d'être un ventre sur pattes, je suis végétarienne... Ayant survolé les informations concernant l'organisation sur le site internet, je n'avais pas trouvé de réponses à ce sujet ; il était simplement précisé qu'il valait mieux prévoir un pique-nique pour le dimanche midi et que le petit déjeuner serait assuré au niveau de l'espace campement. Je me suis donc posé des questions à la vue de ce message « sortie définitive » inscrit sur mon bracelet... me voilà bien rassurée et parée pour le véritable commencement ! Juste le temps de passer faire un petit coucou à Mister Cu au stand Kicking Records et je m'y jette. Reprenons là où j'en étais avant de me perdre dans cet aparté dînatoire... Nolentia va chauffer l'Outdoor stage, à base de grindcore. Né en 2007 à Toulouse et avec deux albums à son actif, on attend de Nolentia une sacrée patate, et ça ne loupe pas. L'humour est aussi bel et bien présent. La démonstration d'une belle complicité scénique est faite. Le bassiste et le guitariste sont "Xtrêmement" souriants, le batteur se déplaçant même pour parler durant les remerciements. On a droit à une petite blague du guitariste demandant à éteindre le spot qui le gêne, pointant du doigt le soleil. Ils savent apporter attrait et dynamisme à une musique qui pourrait lasser plus d'un novice par des coupures pleines de sympathie, malgré quelques problèmes techniques. Plus de son de basse ! Ce n'est pas grave. Raf saisit son micro, se concentre sur son chant et un jeu de scène improvisé... hey ! Voilà l'esprit grindcore ! On se retrouve en chant/guitare/batterie. Bon, il ne faudrait pas que cela arrive trop souvent non plus. Toujours est-il qu'ils ont bénéficié d'un bon accueil du public qui a vécu un agréable moment. Et moi aussi !
Maintenant, nous n'avons plus droit à la pause syndicale (?!) étant donné que les concerts se jouent en alternance sur deux scènes bien distinctes. Après 30 minutes de réjouissance, me voilà partie à la découverte de la Main stage pour Légitime Défonce. Seule scène à l'intérieur, il ne va pas y faire frais bien longtemps. J'ai quitté Nolentia à sa toute fin si bien que Légitime Défonce a déjà entamé son set. Mon côté rabat-joie va prendre le pas sur deux lignes : 5 minutes de battement suite à chaque concert seraient les bienvenues. Je n'aime pas rater le début (en l'occurrence un demi-titre... je pinaille !) ou passer à la trappe la fin d'un set pour être à l'heure, surtout qu'eux le sont. Je retrouve ainsi les punks toulousains, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a de l'ambiance dans la salle. La bande, fondée au milieu des années 80 pour une première vie d'une quinzaine d'années, est en pleine reformation. Ils ont la pêche, ça fait plaisir. Je ne connais pas toute la discographie du groupe et pars avec un handicap. Sur le rendu live, j'ai un penchant pour les titres les plus anciens du genre "Indésirable", annoncé comme datant de 1988. Question d'état d'esprit ! Du punk à bière qui passe plutôt bien dans la fosse, le public sautille et pogote gentiment. Un jet de bière fuse sur le groupe, un acte pris avec le sourire. Plus tard, trois jets de nature(s) inconnue(s) (Alcool ? Eau ?) entraîneront une réaction moins souple de la part du chanteur : un blanc suivi d'un petit « c'est quoi ça ?! » lâché délicatement avant de reprendre de plus belle. « Finir sur NRJ » amplifie le pogo. Une énergie qui, du reste, ne faiblira pas jusqu'à la fin. Des festivaliers peuvent monter sur scène, et un mec en profite pour se prendre en photo avec le chanteur qui, imperturbable, prend la pose en jouant. Décidément, nous nageons dans une humeur des plus enjouées. Quelle belle mise en bouche !
Allez, si on ressortait pour Trepalium ?! Force est de constater que là dehors, c'est beaucoup moins fun. Du death metal groovy qui a 13 ans d'âge. Il paraît que le son devrait me donner envie de danser... apparemment, l'inefficacité sur ma propre personne est aussi palpable dans la fosse et sur scène. Une ambiance plus posée, des spectateurs ne bougeant que sur demande de se déplacer vers l'avant-scène. Un son propre et lourd, il n'y a pas à dire. Cependant, face à un chanteur statique et une joie non communiquée, j'ai une fâcheuse tendance à m'embêter. Les musiciens bougent un peu sans être franchement expansifs, et la communication fait défaut de manière physique et orale. Sur la première moitié du live, le groupe ne s'adresse pas suffisamment au public. Une petite vanne à propos du manque de bière sur la route tombe à plat. Je ne comprends pas trop ce qu'il se passe et voudrait vraiment apprécier... en gros, ça tombe à l'eau. Et en regardant bien, je ne pense pas être la seule à passer à côté : les personnes en train de se mouvoir ne comptent que les quatre premiers rangs. Cette heure m'a paru bien longue.
A 20h30, Dying Fetus joue sur la Main stage et attention, on passe aux choses sérieuses. Il marque la cassure avec le reste de la programmation puisqu'il est le premier groupe américain de la journée à se produire. Il va savoir s'imposer au sein de ce festival comme le groupe qui va mettre une grande claque à de nombreux punks assistant à la branlée du jour. Eux-mêmes l'avoueront. Un mélange de death, de grind et de hardcore qui, d'emblée, va mettre en mouvement les trois-quarts de la salle. Et ça fait du bien par où ça passe, les festivaliers se réveillent alors que la chaleur retombe. Les titres s'enchaînent, on peut clairement dire que ça envoie du lourd. Certes, barrière de la langue oblige, il n'y a que très peu de communication pour aller droit à l'essentiel. Ils ne sont que trois... et le son est massif ! De sacrés musiciens qui n'ont pas besoin de faire un show monumental pour en mettre plein la vue. Actifs depuis le début des années 90, ils ont éclusé le stock de remplaçants toutes ces années, le jeu en vaut la chandelle.
En soirée, tous les concerts durent 1h... il est 21h30 quand, en direction de Belvedere, je me sens moins en confiance, étant en terrain inconnu. Classé dans les genres skate punk ou hardcore mélodique, je sens mon inculture m'envahir lorsqu'on me dit qu'ils ont posé des codes et influencé de nombreux groupes. Je tombe des nues... il est vrai que Green Day, Blink 182 ou Sum 41 sont des noms que j'ai en tête dès les premiers morceaux. Je ne suis pas attirée par cette forme de punk, cela ne me touche pas et j'ai beaucoup de mal avec la voix, avec les choeurs... ce n'est pas pour moi ! Musicalement, les Canadiens sont très intéressants, très propres. Ils sont dynamiques et le public a l'air heureux de la prestation. Ça sautille à tout va, un mini-pogo est en gestation à l'avant et restera à ce stade car le style ne se prête pas à une évolution des plus violentes. Reposant après Dying Fetus... et surtout avant Hatebreed ! Je quitte l'espace de l'Outdoor stage un peu avant la fin du live, privilégiant Hatebreed. Je sais, ce n'est pas bien... il fallait faire un choix et considérant Hatebreed comme une priorité personnelle, je ne voulais pas en manquer une miette. Question d'affinité !
Hatebreed (Dour 2013)
22H30. Hatebreed. Main stage. Je ne suis pas pro-américaine mais franchement... encore un groupe made in USA qui va nous secouer, et ce n'est pas peu dire. Le premier vrai circle pit se forme, d'une envergure de plus de la moitié de la salle. La machine Hatebreed emporte tout sur son passage. Leurs compos hardcore sont faites pour ça. Le seul gang qui fait chanter les gens le poing levé sur le refrain de nombreux titres phares tels "Destroy everything" ou "I will be heard". Une machine à tubes que je vous dis ! Je peux signaler un échec : une tentative de ola ratée ou un jeu de chant gauche/droite sur "Never let it die" pas très concluant. Peut-être le chanteur en demande-t-il trop à un public qui ne veut pas tant réfléchir mais simplement passer un excellent moment et se dépenser... on s'en fout ! Un vrai show à l'américaine qui met le feu, un Jamey Jasta au chant parfois un brin essoufflé mais que l'on arrête pas. Un instant festif tout en puissance permettant de se défouler, et un moment véritablement intense. Pour résumer l'ambiance au sein de la fosse : un joyeux bordel. Hatebreed existe depuis 1993 et j'espère qu'ils continueront dans cette voie et avec cette forme pour un bout de temps !
Oui, je me suis un chouillas emportée sur ce dernier report, je le confesse. J'ai voulu voir Hatebreed pendant X années ! Ce fut une belle occasion et je n'ai pas été déçue Et redescendre sur Terre pour voir Dagoba est très difficile. Du power métal... français (et marseillais pour être plus précise). On revient sur le territoire mais pas dans le terroir. L'envie d'écouter le groupe n'est pas là en ce qui me concerne, et en observant le manque de vigueur au sein de la fosse, je me sens moins seule. Ils ont fondé leur lignée fin des années 90 et j'ai l'impression qu'ils sont restés coincés dans cette décennie, musicalement parlant. Il y a une bonne communication, le chanteur ne parle pas trop, juste ce qu'il faut. Cela ne suffit pas à stimuler mon intérêt et je ne peux pas « aimer » un groupe juste pour son batteur. Un gros coup de mou pour moi, en somme, sûrement partagé par les autres festivaliers. Un pote me soulève à ce moment bien précis où j'hésitais à me poser avec ma bière. Je me retrouve sur les épaules d'un gars tout sec qui décide de traverser le public afin de m'amener tout devant, sans trop de difficulté. Je ne suis pas persuadée que cela aurait été possible sur Hatebreed. En attendant, j'ai bien fait marrer le bassiste et n'ai jamais descendu aussi vite une mousse.
0H30 marque la fin de Dagoba et donne l'alerte pour Comeback Kid. Des Canadiens pour du hardcore mélodique efficace. Ça bouge sur scène, ça bouge dans la fosse. Je vais vous agacer encore un tantinet mais on sent dans la salle que Hatebreed est passé par la Main stage. L'ambiance est toutefois à peine plus molle. Comeback Kid s'en rend compte puisque le frontman Andrew Neufeld va demander plus d'énergie, « comme pour Hatebreed » (dixit le nerveux chanteur). Pourtant, je trouve que le son est un poil meilleur, plus clair et limpide, se prêtant carrément à la musicalité du groupe. Là aussi, ça gigote bien sur scène, entre les allers-retours du chanteur et les bonds des musiciens aux allures pour ne pas dire postures très punk. Un set vivifiant sur lequel je m'apprête à vivre l'une des premières fois de ma vie [encore ?!!]. Un mec passe devant moi, s'arrête, me regarde, me fait un petit « viens » de la main. Sans réfléchir, je réponds ok d'un mouvement de tête et le suis bêtement. A hauteur de la barrière il se baisse pour me faire la courte échelle. Je monte. Je me sens propulsée d'un seul coup dans les airs, supportée, allongée... mon premier slam ! Aujourd'hui les sensations ressenties ne sont plus une énigme et je comprends l'envie de recommencer à peine à terre. Je m'extirpe du pogo juste pour l'avant-dernier titre, une reprise d'un titre de Nirvana, "Territorial pissings". Le punch dont ils font preuve donne un nouveau souffle à ce titre qu'il ne fallait pas oublier !
Il fait chaud ! Cette lourdeur ne s'évacue pas de la salle, mais nous oui. En direction d'Uncommonmenfrommars, j'en profite pour respirer un peu et me remettre de mes émotions, tout en me préparant au groupe punk rock qui fait la fierté française depuis 1998 alors que trois d'entre eux sont nés aux Etats-Unis. Ce qui fait taire les mauvaises langues dont je fais partie disant qu'ils ont tout piqué aux groupes américains et canadiens, n'ayant pas de touche française ! Eh ouais, je vous avais bien dit que je ne ressentais aucun attrait pour ce type de musique. Objectivement, j'ai suivi tout le concert avec attention et je dois dire que j'ai été bluffée, tout en restant hermétique. Je m'explique ! Voici LE groupe qui a mis le plus d'ambiance dans la fosse de l'Outdoor stage ce samedi. Entre les gens explosés et les fans manifestement présents, tout le monde s'en donne à cœur joie. C'est fun, c'est festif et les plus petits gabarits peuvent participer car ce n'est pas violent. En dépit de la fin annoncée de la formation, les martiens assurent. Ils ont un son nickel, une attitude très pro, sont carrés et ont un jeu de scène bien rôdé pour leur style. Je n'ai vraiment rien à redire sur la prestation. Étant les derniers à jouer ils ont bénéficié de la prime bonus : le rappel. Complètement détachée de leur évolution et de leur histoire, j'ai tout de même ressenti un petit pincement au cœur lors des allusions sur le split.
Il est l'heure d'aller se coucher ! ! ! Ou tout du moins de rentrer au campement... et plus précisément à la voiture, la tente n'étant pas installée. Pas question de se retaper les 25 minutes de marche, même s'il fait nuit. Nous optons pour un chemin de traverse, un escalier, et mettons aisément 10 minutes de moins qu'à l'aller. L'espace camping touche le parking, seulement nous décidons de manger un morceau avant de nous mettre au turbin, accompagné d'une bonne bière... ou deux, bien méritée(s). Ce qui finit par arriver, comme bien souvent : on paie des coups à boire aux passants, on discute et la tente n'est pas montée. Je me couche à 6h du mat', le plus tardif de notre petite bande se décidant à pioncer à 7h30. Évidemment, nous dormons tous dans la voiture, et après un premier réveil à 8h30 [suivi d'une petite promenade courageuse], le soleil me lève définitivement à 9h30. Que c'est dur ! Nous émergeons à tour de rôle et finissons par prendre la route vers 11h30 pour Albi : une bonne douche, une sacrée plâtrée de nouilles et c'est reparti !
Bien que le manque de sommeil rende les deux jours en totale symbiose à mon esprit, nous sommes évidemment dimanche et commençons les festivités une heure plus tôt que la veille pour trois concerts consécutifs sur la Skate park stage.
Me voici donc prête à écouter This Life, tout jeune groupe punk hardcore mélodique toulousain (rien que ça ?!) formé l'année dernière. Bon point pour eux : il y a plus de monde à 15h que la veille à 16h. Du hardcore basique qui envoie, suivant les codes pour un résultat extrêmement efficace. Les musiciens ont la frite sur scène, s'éclatent. Je pourrais nommer le bassiste Zébulon tant il génère un tonus communicatif. Ils sont sympathiques, avenants, expliquent que la vente de leurs t-shirts se passe à la buvette et proposent une discussion après la prestation. Ils sont au point.
La chaleur est à son comble. Je pensais qu'elle serait moindre en comparaison à samedi... il n'y a pas d'air. Dur dur de se lever pour Trashnasty, après avoir passé un petit quart d'heure assise à l'ombre, à comater. Je prends mon courage à deux mains pour finalement déchanter à l'écoute de ce death métal dont le son ne sera décidément pas épargné sur cette scène, à l'instar de celui de Necrocult presque 24h avant. Je ne prends pas le parti de dire que la fournaise ayant envahi la zone ramollisse les personnes assistant au live, ni même d'indiquer que le temps tue l'ambiance nécessaire au death métal... je jauge surtout la qualité du son et pense que l'espace n'est pas propice à ce genre musical, vu que les autres groupes ont un meilleur rendu. Trashnasty perdure depuis 1993, je compte bien avoir l'occasion de les revoir dans un futur proche. En attendant, je m'installe dans l'herbe, à l'ombre, cédant à une courte sieste non négligeable vu que la soirée s'annonce chargée.
A 16h50 le vaporisateur fou fait des siennes, nous réveillant alors que nous nous étions assoupis sous les arbres ! Un réveil en trombe car j'entends les instruments de No Guts No Glory et pense illico avoir tout loupé. En voyant l'heure, je me rends compte qu'il ne s'agit que des balances. Je me dirige vers le groupe sur ce coup de nerf avant de m'en retourner dans les bras de Morphée. J'attends péniblement qu'ils soient prêts, sous le soleil brûlant encore en fin d'après-midi. Le set débute à 17h, les petits gars de Valence sont à l'heure pour nous envoyer leur punk hardcore au visage. Je ne les connais pas et les prends pour des petits jeunes, en fait la formation date de 2005... le chant peut surprendre au premier abord, un timbre particulier qui crée un décalage avec le style. Un plus comme un moins, je m'y fais au bout de deux-trois titres malgré quelques faussetés et passages calés bizarrement sur certains morceaux. Oubliant le climat un instant, ils ont un réel désavantage qui me fera passer outre ces petits défauts : ils arrivent tout droit d'Italie, encaissant 27 heures de route pour cette dernière date ajoutée à leur tournée. Chapeau ! Ils ont l'air sympathique, jouent avec le sourire et font preuve d'humour quant à la chaleur étouffante, l'un des guitaristes se plaignant d'être le seul au soleil. S'il y avait du monde au début, les compos entraînantes ne retiennent pas les gens qui partent progressivement, et c'est bien regrettable. Je vous confie au passage mon coup de cœur pour le t-shirt rouge arboré par le chanteur... qui est à l'effigie de Minor Threat !
Si la mise en jambes se termine sur une bonne note à 17h40, l'aire principale ne nous accueillera pas avant 18h. Je file retrouver Sid, responsable média (entre autres) pour une rencontre cordiale et enrichissante, entretien accompagné d'une bière... qui me fait arriver tout juste pour Stride Against Lies, groupe de métal hardcore basé à Albi, actif depuis 2009. En dépit du monde présent, personne ne s'avance dans le pit, permettant à un photographe de s'amuser à courir appareil photo en main parmi les quelques acharnés du défoulement physique. Pourtant, avec Stride la communication se fait à base de blagounettes. Ça chambre (sur l'accordage de la guitare d'Arno), ça « danse » dans la fosse, ça discute, ça grimace. Tout cela amené par JeeJee, le chanteur. Le sérieux des autres membres du groupe contraste un peu trop avec cette animation enthousiaste. J'ai l'impression que l'entertainer mène la bataille seul. En dehors de ça, le son est lourd et franc, Jeejee tient vocalement la scène, et ça envoie. En moins de 30 minutes, le job est fait.
De retour vers la Main stage, un instant marquant se profile en compagnie de Drawers. Durant ces derniers mois, il y avait toujours quelqu'un pour « liker » Drawers sur Facebook. Je n'avais pas pris la peine d'écouter ce qu'ils font me disant qu'il y avait suffisamment de monde pour apprécier. Prenant cette mission de report à cœur, je m'y suis mise peu avant de quitter Paris et fut surprise d'écouter l'album "All is one" une seconde fois, d'affilée. Suis-je un mouton ? Eh bien non ! Un qualificatif injustifié lorsqu'on parle de qualité, un concert qui va me donner raison puisqu'ils nous livrent un véritable show ! Chacun a son jeu de scène et sait se mettre en place. Nous avons un guitariste-toupie plus solitaire sur la droite alors que le second guitariste et le bassiste sont plus analogues sur les déplacements, finissant même par monter de chaque côté du praticable de la batterie, l'encadrant sur le dernier titre. Le chanteur n'est pas en reste : un show-man qui présente même ses excuses à l'ingé-son suite à un larsen. Il sait encourager les applaudissements, voire les demander d'un simple geste, en tendant les bras. Le son est propre et la voix impressionnante de puissance. Les superbes lights mettent en valeur le style. Les métalleux représentent une masse captivée par ce qu'elle voit et entend. Personne ne bouge, hypnotisé par l'événement. Personne ne sort. J'en aurais bien repris pour un quart d'heure de plus, 45 minutes de set, c'est bien court ! C'est en 2006 que les toulousains débutèrent leurs évolutions dans le sludge avec Drawers, et je leur souhaite longue vie dans le milieu !
Sortie de la salle à 19h30, je décide de manger un morceau, manquant The Decline et échoue lamentablement dans le but que je m'étais fixée : essayer de tout voir. Un choix pris dans la conscience absolue de ce qui suivrait le soir-même. L'affiche étant plus importante, il me faut reprendre des forces. J'en profite pour écrire un tantinet sur le repas. Disons que samedi les vivres étaient insuffisantes, pas mal de personnes n'ont pu être rassasiées et comme nous étions coincés par la mention « sortie définitive », il fallait attendre 3h du matin ou quitter définitivement les lieux (enfin, jusqu'au dimanche 18h) pour manger. L'orga s'est avérée très efficace sur le coup, un stand de sandwiches américains/frites étant installé en renfort du camion vegan déjà présent la veille. A la vue de l'assiette végétalienne, j'éprouve une certaine appréhension : n'aurai-je pas un gros creux avant la fin de la nuit ?! Bien que le riz et son rougail soja m'aient tenu au ventre jusqu'au bout de la soirée (sans oublier les trois tronçons de pain pris dans le panier), j'ai quand même englouti une demi-pizza en rentrant. Petite précision pour ceux que cela intéresseraient, autrement dit les non-végétariens : ils vendaient des (mini) sandwiches le premier jour au camion. Enfin ! Je suis désolée de faire l'impasse sur les Rennais... il est assez ardu de passer après l'impressionnant Drawers.
Je débarque à 20h30 à la Main stage prête à accueillir Municipal Waste, qui pointe son nez avec 10 minutes de retard. S'en suivront les 50 minutes les plus violentes du festival dans le pit. Je qualifiais la performance de Hatebreed de show à l'américaine... là, c'est encore plus grand ! Aux premiers accords, tout le monde décolle !!! Le circle pit prenant vie de manière immédiate au centre de la pièce en vaut les deux-tiers. Inutile de dire que je me suis retrouvée éjectée. Il y en aura de nombreux durant le set, sans parler du wall of death qui s'étendra sur les trois-quarts de la salle. Chez Municipal Waste, tout passe par les lights et par la communication. Je pense que le laps d'attente a bien fait monter la foule en pression, ce qui a rendu le choc plus terrible dès les premières notes. En tout cas, tout le monde est très coopératif. Tony Foresta sait s'adresser aux gens. En présentant le titre "Terror shark", il mime un aileron de requin à l'aide de sa main : nous apercevons alors plein de requins frétillants au sein du pit sur tout le morceau. Il avait bien commencé en alignant ces quelques mots : "y a-t-il des gens qui boivent toute la journée ? Y a-t-il des gens qui boivent toute l'année ? Forcément, sans histoire de beuverie, pas de déchets, et pas de Municipal Waste !" L'alcool coule à flots sur scène, est renversé dans la fosse. On peut noter de multiples gadins résultant de glissades incontrôlées lors des démarrages en trombe des circle pits ou du wall of death. La vision d'un ballon de piscine et d'une bouée donne lieu à une ambiance fest' nimp'. Ils font allusion aux Toy Dolls, lancent l'appel S.T. pour Suicidal Tendencies, qui joueront sur la même scène plus tard. Ça ne doit pas être mal non plus du côté V.I.P. ! 12 ans d'activité pour ces américains thrash... l'alcool conserve m'a-t-on dit. Ils se retirent après un salut en avant-scène. La classe !
Comeback Kid (Dour 2013)
Suite à un live amputé de 10 minutes, Street Dogs est en place à 21h30 sur l'Outdoor stage, attaquant face à une fosse pleine. L'accalmie après Municipal Waste. En même temps, il s'agit de street punk donc ça sautille tout devant, sans plus. Le groupe manque de vivacité sur scène, ce qui n'est guère entraînant. La voix, le son et les compos sont séduisants mais me donnent plus envie de boire une bonne bière que de bouger, surtout sachant que les Toy Dolls sont programmés derrière, ne laissant pas de place dans ma petite cervelle à la moindre surprise concernant l'ambiance ! Je n'ai pas la tête dedans mais force est de constater que ça roule pour eux dans la fosse. Mike McColgan, ancien chanteur des Dropkick Murphys, a fondé Street Dogs en 2002, suit son petit bonhomme de chemin en ayant sorti 5 albums... là, j'admets que j'ai du mal à accrocher. Je dois dire que ma préférence va nettement aux Dropkick, même si la comparaison peut s'avérer hors sujet dans ces lignes.
Ah ! 22H30... tea time ? Non ! Les Anglais débarquent !!! The Toy Dolls. Je ne pensais pas pouvoir être surprise sur ce live, les ayant déjà vus en juin dernier au Hellfest, en pleine Warzone... et pourtant ! La même orchestration avec 7 minutes de « retard » précédant la montée sur scène d'un roadie pour déclarer en français que le bassiste c'était fait mal (blanc de rigueur) mais qu'il allait quand même assurer le concert. Bande de comiques tiens ! Pas mal de transformer un fait en blague sur toute la tournée pour commencer avec une belle réaction du public. Les trublions du punk nous sortent des trucs et astuces durant le spectacle : de la mousse est soufflée en hauteur sur les côtés de la scène, un magnum de champagne géant bouché par deux énormes pétards arrive pour nous envoyer des cotillons, lors d'un changement de tenue Olga exhibe la magnifique fausse toison qui recouvre son torse... oui, j'ai déjà tout vu au Hellfest et ne le redécouvre pas sans plaisir. Ce n'est pas sur la prestation que je suis étonnée. L'ambiance est largement meilleure qu'à Clisson, la queue-leu-leu au sein de la zone n'y changera rien. Les gens bougent, dansent, sautent et chantent beaucoup plus. Il y a un esprit bon enfant. Nous sommes serrés comme dans une boite à sardines, cela n'empêche personne de s'amuser. A l'annonce de titres tels "Nellie the elephant" ou "Idle gossip", un regain d'énergie me submerge et c'est contagieux ! Ils sortent de scène à 23H28, les lumières s'allument à nouveau. Doit-on sortir ? Pas mal d'hésitation. A ce moment-là, je suis stupide de penser qu'ils ne reviendront pas pour 2 minutes. Avec les Toy Dolls, qui dit intro... dit outro, et elle n'a pas sonné ! Bing, les revoilà ! Un morceau puis l'outro. The end ! Il faut évacuer la salle. Nous sommes trempés, usés. Ce moment fun ultra-festif est stimulant et donne de l'espoir quand on pense qu'il existe depuis 1979 et tourne encore de nos jours avec autant d'excitation et de vivacité.
De retour à l'extérieur, je respire et sèche sur Gorod. On repart sur du death métal (tiens, ça faisait longtemps !) bordelais formé à la fin des années 90. Une chose est frappante en les regardant : les membres du groupe jouissent d'une excellente complicité sur scène. Le bassiste se marre tout le temps, fait des grimaces. Ils ont de bonnes tronches. On voudrait bien y prendre part, seulement voilà, ils sont trop dans la performance. Des musiciens hallucinants. Tout a l'air tellement simple pour les guitaristes, leurs doigts glissent littéralement sur leurs manches enchaînant les accords en mode easy. Je reste de marbre et m'ennuie, différemment des métalleux qui m'entourent et apprécient pour des raisons qui me dépassent. Je n'entends que des commentaires sur les qualités techniques, la prouesse,.. Ils regardent si les parties sont passées avec facilité, les jalousant très certainement. Qui aura la plus grosse ?! Oups, je me lâche. Je recule un peu et m'aperçois qu'il y a beaucoup moins de monde derrière la table de mixage. La plupart sont partis s'installer, attendant Suicidal Tendencies. Les places assises sont chères dans les gradins. Il faut faire la queue et ne voir les concerts qu'à moitié... ah ça non ! Je préfère vivre le moment au plus gros et être complètement recouverte par l'atmosphère du moment. Quitte à être écrasée, éjectée, soulevée ou même frappée (parce que certains vivent la musique à 1000%). Le concert se termine. Je fonce pour le dernier live sur la Main stage.
Il est minuit, l'heure du crime ! Partons plus sur : 0h30, Suicidal Tendencies débarque... les papas du hardcore sont là ! ! ! Toujours actifs depuis 1982 bon sang ! Aussitôt sur scène, ils montrent qu'ils sont les patrons, faisant scander à tout le public S.T., à l'unisson s'il vous plaît. Il faut atteindre la fin du festival pour voir la première paire de seins, en l'air, la nénette traversant la fosse assise sur les épaules d'un mec, inspirant d'autres nanas à se dévêtir sans enlever leur soutien-gorge. Les fans sont venus à Cap Découverte, acclamant tout titre présenté, la moindre phrase, le plus petit geste. Une vraie folie. Et une fois de plus, les américains sont dans la place. Un solo de batterie à en effrayer plus d'un tellement Eric Moore l'exécute avec facilité et agilité, roulant les baguettes sous ses doigts, un vrai numéro de jonglerie. Le mec se pose là, une masse impressionnante que je n'aurais jamais cru aussi douée. A en faire pâlir plus d'un je vous dis ! Après quelques déboires dus à une sangle restée indomptée (maîtrisée par un roadie à l'aide de scotch), Tim Williams a le droit de pousser la chansonnette en solo sur l'intro de "I saw your mommy (...and your mommy's dead !!!)", parce qu'il aime ça. Il ne manque plus qu'une seule chose pour un show parfaitement réussi : une invasion scénique. Eh bien pour le final, elle a eu lieu. Les spectateurs sont montés de part et d'autre de la scène et l'ont totalement envahie. Ils ne restait plus aux mecs de la sécurité qu'à surveiller que personne ne se fasse mal et que tout le monde descende au bon endroit... j'observe donc sur scène des festivaliers, notre chère exhibitionniste qui prend toujours l'air, des membres de Municipal Waste et.. et... Nico Santora, guitariste, se fait porter tout en continuant de jouer. Un final de dingue, une énergie insensée, un moment inoubliable et d'excellents souvenirs pour les petits galopins qui ont réussi à grimper on stage. Un set plein de générosité, leur talent est mis au service de la musique, ce n'est pas une démonstration. Ils ont su donner, je suis conquise.
Voici le moment tant attendu, le concert surprise ! Ou peut-être pas... inscrit de manière humoristique « groupe cerise » sur le site web officiel, j'aurais pu imaginer une direction drôle, festive... dans ce cas de figure, les Toy Dolls se seraient montrés exceptionnels. Je ne partais pas vraiment dans l'objectif foire. L'Opium du Peuple est donc la cerise sur le gâteau. Ils disent eux-mêmes ne pas être un groupe à gros concerts, être là à la place de Pantera... la communication est axée sur le comique. Des blagues, des vannes "nous sommes un public de droite), des déguisements "le chanteur se change, notamment en Gros Corps Malade). Le public est mitigé : ceux qui restent trouvent l'intervention marrante ou boivent un coup VS ceux qui clairement « trouvent ça nul » (entendu mot pour mot) et décident de s'en aller. Personnellement, je trouve le personnage pas très agréable, un peu hésitant, je ne me bidonne pas. Il faut dire que je suis arrivée sur "l'Hymne à Carmaux" et ses mineurs... l'atterrissage est un peu dur après S.T.. Ma déception n'en est que plus grande. A mon avis, il fallait rester sur la fin explosive de Suicidal Tendencies, l'apogée mise en place par le boss étant réellement représentative de l'ensemble de la programmation. D'excellents musiciens, drôles, sympathiques, hardcore... le point culminant rassemblant tout ce qu'il y eut de plus positif durant ce week-end. Bon allez, je zappe ce passage pour garder en tête la véritable clôture du fest et repars sur Albi dévorer ma pizza !
Pour conclure, je tiens à tirer mon chapeau à l'organisation qui s'est mouillée et a effectué un sacré travail juste pour que nous passions un magnifique week-end (N'oublions pas les bénévoles !). Elle a fait preuve d'une grande réactivité dans différents domaines. Le manque de nourriture le premier jour n'a pas été récurrent et les lieux sont restés très propres sur la totalité des festivités, aussi bien dans la zone du festival que sur le parking et le campement. Elle a su mettre en place une happy hour (fallait y penser) et un tarif modéré sur les repas : assiette vegan à 4€, mini-sandwich à 2,5€ et il me semble que l'américain-frites était autour de 5-6€... arf désolée pour l'approximation !!! Le festival fut monté selon une vision familiale de l'événement, ce que l'on peut aisément remarquer en voyant l'affiche : des groupes locaux sont mêlés aux plus grands, Nolentia et Stride Against Lies ont l'opportunité de jouer sur l'une des deux grosses scènes. L'ambiance n'atteint cependant pas encore ce niveau d'esprit familial que l'on peut tout de même qualifier de convivial, ce qui est déjà beaucoup. L'évolution aura lieu avec le temps et les éditions qui se succéderont ! Je ressentais une petite appréhension quand à l'éclectisme de la programmation mais tout c'est bien passé. Nous avons tous découvert quelque chose et sommes partis nous coucher moins cons ! Sur ce, à la prochaine !
Merci au fameux Gui de Champi pour cette opportunité et sa confiance, à Sid pour sa gentillesse et sa disponibilité, N.V. et Marion pour leur générosité et leur accueil, Max pour son « soutien », Cédric le clown-prestidigitateur, Loïc « l'inconnu du slam » et Flo avec qui je suis en perpétuel désaccord.